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Les États-Unis ont accueilli un groupe inédit de réfugiés sud-africains blancs, une démarche qui marque un tournant dans la politique migratoire sous l’administration Trump. Alors que le président avait suspendu l’accueil des réfugiés dès son retour au pouvoir, il a rapidement introduit une exception ciblée.
Une politique migratoire inédite pour les réfugiés sud-africains
Dès son premier jour de mandat, Donald Trump a suspendu toutes les admissions de réfugiés aux États-Unis, bouleversant ainsi les plans de réinstallation pour des milliers de personnes fuyant persécutions et violences. Mais dix-huit jours plus tard, une exception a été annoncée pour les Sud-Africains blancs, considérés comme victimes de discrimination raciale injuste.
Ce lundi, un avion affrété a atterri aux États-Unis avec environ 50 Afrikaners, une communauté descendant principalement des colons néerlandais arrivés en Afrique du Sud au XVIIe siècle. Cette mesure exceptionnelle fait suite à une loi sud-africaine de 2024 visant à redistribuer les terres agricoles détenues majoritairement par des Blancs.
Les justifications et controverses autour de cette décision
Interrogé sur ce choix, Donald Trump a déclaré : « Les fermiers sont tués. Ils sont blancs, mais pour moi cela n’a pas d’importance. Des agriculteurs blancs sont brutalement assassinés et leurs terres sont confisquées en Afrique du Sud. »
Les autorités sud-africaines réfutent ces accusations, affirmant que les statistiques policières ne démontrent pas de crimes violents ciblant spécifiquement les agriculteurs ou une race particulière. Le ministère sud-africain des Relations internationales souligne également que les structures nationales suffisent à traiter toute discrimination et que ces situations ne répondent pas aux critères de persécution selon le droit international des réfugiés.
Un programme de réinstallation contesté et ses acteurs
Stephen Miller, adjoint du chef de cabinet à la Maison Blanche, a indiqué que ce premier vol s’inscrit dans « un effort de relocalisation à plus grande échelle » et que la situation des Afrikaners correspond à la définition même du programme de réfugiés américain.
Elon Musk, originaire d’Afrique du Sud et allié de Trump, a aussi appelé à une plus grande protection des Sud-Africains blancs, dénonçant sur son réseau X ce qu’il qualifie de « génocide blanc ».
Contrairement aux procédures habituelles, ces réfugiés n’ont pas été sélectionnés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), qui oriente généralement les personnes fuyant persécutions vers des pays sûrs comme les États-Unis.
Rejet et critiques au sein des institutions américaines
Le même jour, l’Église épiscopale a refusé la demande de l’administration Trump de participer à la réinstallation des Afrikaners. Depuis quarante ans, cette Église protestante collabore avec le gouvernement fédéral via Episcopal Migration Ministries pour aider les réfugiés à trouver emploi et logement aux États-Unis.
Le révérend Sean W. Rowe, évêque président de l’Église, a exprimé sa douleur face à ce traitement préférentiel accordé à un groupe de réfugiés sélectionné de manière exceptionnelle, au détriment d’autres personnes en attente dans des camps ou des zones dangereuses depuis des années. Il a aussi dénoncé la fermeture quasi totale du programme d’accueil des réfugiés par l’administration Trump, se disant attristé que certains réfugiés ayant servi aux côtés des forces américaines en Irak et en Afghanistan soient désormais menacés dans leur pays d’origine.
« Jésus nous enseigne à prendre soin des pauvres et des vulnérables comme s’il s’agissait de lui-même, et nous devons suivre ce commandement », a rappelé le révérend.
Un déclin marqué de l’accueil des réfugiés sous Trump
La politique migratoire américaine connaît un net recul en matière d’accueil des réfugiés. L’administration Biden avait admis 100 034 personnes dans le cadre de son programme de réfugiés durant l’année fiscale 2024, achevée en septembre, contre 60 014 en 2023 et 25 465 en 2022.
Sur l’exercice 2024, le plus grand contingent venait d’Afrique avec 34 017 réfugiés, suivi de 7 540 d’Asie, 3 180 d’Europe et Asie centrale, 5 106 d’Amérique latine et Caraïbes, et 10 003 du Proche-Orient et Asie du Sud, selon les données officielles du programme américain d’admission des réfugiés.
Les critiques de Human Rights Watch
Bill Frelick, directeur de la division des droits des réfugiés et migrants chez Human Rights Watch, estime que la décision de limiter l’accueil aux seuls Afrikaners blancs remet en cause des décennies d’efforts américains pour venir en aide aux plus vulnérables.
« Cela envoie un message clair : sauf si vous appartenez à un groupe privilégié favorisé par les États-Unis, la porte vous est fermée », dénonce-t-il.
Selon lui, le système de l’ONU permet d’identifier les réfugiés les plus à risque et nécessitant une réinstallation prioritaire. En ignorant ce processus, l’administration américaine donne un mauvais exemple à d’autres pays dans le monde.