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À la Biennale de Venise, le collectif d’architectes féminines Annexe propose une installation singulière qui questionne la domination masculine dans l’architecture. En juxtaposant le pavillon conçu par Lisbeth Sachs, figure pionnière de l’architecture, à celui de Bruno Giacometti, architecte suisse notable, elles créent un dialogue inédit entre deux époques, deux visions et deux voix, dans un contexte où le paysage architectural traditionnel reste largement masculin.
Une rencontre entre passé et présent à Venise
Depuis sa création en 1895, la Biennale de Venise s’est installée dans les célèbres jardins appelés les Giardini, aménagés sous Napoléon Bonaparte. Très vite, au début du XXe siècle, plusieurs pays ont érigé des pavillons permanents pour exposer leurs œuvres. La Suisse a participé à cette dynamique en construisant un bâtiment dans les années 1950, conçu par Bruno Giacometti, frère du célèbre sculpteur Alberto Giacometti. Ce pavillon, situé à droite juste après l’entrée des Giardini, est l’un des nombreux exemples d’architecture masculinisée qui ponctuent ces jardins.
Le collectif Annexe s’attaque à cette histoire en réinterprétant l’œuvre de Lisbeth Sachs, une des rares femmes ayant marqué l’architecture au XXe siècle. Leur installation met en lumière ce que le groupe nomme un « no woman’s land » – un territoire où les femmes architectes sont absentes ou invisibilisées.
Une installation qui crée un nouvel espace de dialogue
Le projet du groupe Annexe fusionne les deux pavillons, celui de Lisbeth Sachs et celui de Bruno Giacometti, pour créer un espace inédit où leurs architectures se rencontrent. Cette juxtaposition traduit l’héritage de Sachs dans un langage contemporain, tout en faisant dialoguer la voix des architectes avec celle du lieu même.
Plutôt que d’imposer une vision unique, leur approche mise sur l’échange et la discussion, remettant en question les méthodes traditionnelles de construction et de représentation dans le domaine architectural. Cette posture inclusive valorise l’ouverture et la diversité des points de vue, contribuant à une redéfinition du rôle des femmes dans l’architecture contemporaine.
Un constat sur la place des femmes dans les Giardini
La promenade à travers les jardins de la Biennale révèle une réalité peu connue : tous les pavillons permanents sont l’œuvre d’architectes masculins. Depuis que la Biennale d’architecture alterne avec celle d’art contemporain, ces espaces restent un reflet d’une histoire dominée par des figures masculines. Cette situation souligne l’importance de l’intervention du collectif Annexe, qui invite à repenser ces espaces et à intégrer davantage les voix des femmes dans la mémoire architecturale.