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Le gouvernement libanais a entamé, mardi après-midi au palais présidentiel de Baabda, une séance dédiée à la question du monopole de l’armement par l’État. Cette réunion survient dans un contexte de fortes pressions menées par Washington, qui exige un calendrier précis pour le désarmement du Hezbollah. Parallèlement, des drones israéliens ont survolé plusieurs régions du sud du Liban, intensifiant les tensions déjà palpables.
Une réunion gouvernementale sous haute tension
La présidence libanaise a indiqué que le président Michel Aoun présidait cette réunion cruciale, dont l’ordre du jour comprend :
- Le suivi de l’application du communiqué ministériel relatif à l’exclusivité de la souveraineté de l’État sur tout le territoire national par ses forces propres.
- L’examen des arrangements concernant le cessez-le-feu établi entre le Hezbollah et Israël depuis le 27 novembre 2024.
Les échanges politiques se sont intensifiés ces derniers jours afin de trouver un consensus sur la manière d’aborder la question sensible du contrôle exclusif des armes par la République libanaise. Avant la réunion, Michel Aoun a rencontré le Premier ministre Najib Mikati pour discuter de ces enjeux.
Le défi du désarmement du Hezbollah
Le désarmement du Hezbollah, seul groupe armé à avoir maintenu son arsenal depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), demeure un sujet épineux au Liban. Un informateur anonyme cité par l’Agence de presse libanaise a confié que les États-Unis exercent une forte pression sur le gouvernement libanais pour que le Hezbollah remette ses armes selon un calendrier bien défini.
Il y a environ deux semaines, l’émissaire américain Thomas Barrack a exhorté le cabinet à agir rapidement pour concrétiser la promesse que l’arme soit monopolisée uniquement par l’État.
Insistance sur le contrôle des armes
Cette réunion intervient quelques jours après la déclaration de Michel Aoun, réaffirmant son engagement à retirer les armes de toutes les forces armées, y compris celles du Hezbollah, et à les remettre à l’Armée libanaise. Il a souligné :
- Que cette phase est cruciale et ne doit souffrir aucune provocation.
- Que la société doit choisir entre l’effondrement et la stabilité.
- Le lien entre l’aide internationale et le désarmement du parti chiite.
Selon une source libanaise, le Hezbollah ne cédera pas ses armes sans contrepartie, un aspect bien connu des Américains, bien que les détails de cette éventuelle contrepartie restent inconnus.
Position du Hezbollah et exigences
Le média affilié au Hezbollah, Al-Manar, a rapporté que les demandes américaines traduisent, selon des sources proches du parti, un abandon complet du Liban face à Israël, sans aucune garantie de respect de l’accord de cessez-le-feu. Cela indique la volonté du Hezbollah de refuser de désarmer sans garanties ou compensations.
Le parti exige :
- Le retrait israélien de cinq positions occupées lors de la dernière guerre.
- L’arrêt des frappes israéliennes en dépit du cessez-le-feu.
- La restitution des prisonniers du Hezbollah détenus par Israël.
- Le lancement de la reconstruction des zones dévastées par le conflit avant d’aborder la question des armes.
Survol de drones israéliens
En parallèle à cette rencontre gouvernementale, des drones israéliens ont été repérés survolant à basse altitude plusieurs secteurs du sud du Liban. L’Agence Nationale d’Information a rapporté :
- La présence de drones hostiles au-dessus des zones de Qasmiya et Al-Jwar, dans le Sud.
- Un survol similaire dans l’espace aérien de la ville de Tyr et des villages environnants.
- Le largage de bombes sonores par un drone dans le quartier Kroum Al-Sharqi, près du village de Mais Al-Jabal, sans faire de victimes.
Ces incursions illustrent la fragilité persistante de la situation sécuritaire, exacerbée par la récente guerre d’éradication menée par Israël contre Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Contexte militaire et violations du cessez-le-feu
Depuis le 23 septembre 2023, Israël a étendu son offensive à plusieurs régions libanaises, y compris la capitale Beyrouth, par des raids aériens et des incursions terrestres au sud. L’accord de cessez-le-feu conclu le 27 novembre 2024 a été violé à plus de 3 000 reprises par Tel-Aviv, causant 266 morts et 563 blessés selon les sources officielles libanaises.
En dépit de ce pacte, l’armée israélienne a procédé à un retrait partiel du sud du Liban tout en maintenant le contrôle sur cinq collines stratégiques, prises durant le dernier conflit.