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Il y a des injustices qui réveillent. L’incarcération de Boualem Sansal en est une. Depuis novembre 2024, l’écrivain franco-algérien est détenu à Alger. Un procès expéditif (il était poursuivi officiellement pour « atteinte à l’unité nationale, outrage à corps constitué, pratiques de nature à nuire à l’économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays »), une défense muselée, cinq ans de condamnation pour avoir, toute sa vie, pratiqué un métier simple : celui d’écrire librement.
Un appel à la liberté
Face à cette atteinte brutale à la liberté d’expression, les éditions Gallimard et l’Institut du monde arabe ont réuni, lors d’une soirée de soutien fin février, une pléiade de personnalités du monde littéraire, de la culture et de la politique qui, toutes sans exception, ont lancé un même cri : « Libérez Boualem Sansal. » Elles dévoilent aujourd’hui un livret de 64 pages, publié chez Gallimard, où se confondent les prises de paroles d’écrivains notoires, comme Sylvain Tesson, Laure Adler, Amélie Nothomb, Kamel Daoud, ou encore Daniel Pennac. Soixante-quatre pages de colère froide, de lucidité, de fidélité à un homme, à un combat, à une idée simple : la liberté.
Un refus de se silencer
Dans ce texte choral, tous s’alignent sur un refus de se silencier. « Quand un écrivain dit que son pays est une dictature, et qu’on le jette en prison, ça prouve qu’il avait raison », assène Emmanuel Carrère, tandis que Sylvain Tesson tranche net : « Un pouvoir qui arrête un écrivain est un pouvoir faible. » Ce paradoxe tragique de toute censure révèle, par sa violence même, la justesse du propos qu’elle tente d’étouffer.
Un front commun pour la liberté d’expression
Ce livret représente un front commun de la France, des écrivains, mais aussi des éditeurs, des journalistes, des lecteurs, unis dans une cause qui dépasse les querelles de chapelle. Il ne s’agit pas simplement de soutenir un écrivain, mais de défendre la possibilité de dire, de douter et de contredire. Comme le formule Nathan Hill avec justesse : « Les écrivains sont essentiels car ils nous demandent de rester curieux, de comprendre l’autre, d’habiter temporairement le cerveau d’autrui. »
La littérature en soutien à Boualem Sansal
C’est là tout l’esprit de la France, celle des Lumières, qui n’est pour Boualem Sansal, dans la bouche de Kamel Daoud, « pas sa terre seulement, mais toute sa légende universelle ». Boualem Sansal n’est pas seul. La littérature veille, et elle ne se taira pas.