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Des affrontements violents ont éclaté lundi 12 mai au soir à Tripoli, en Libye, entre groupes armés rivaux, provoquant une alerte du ministère de l’Intérieur appelant la population à rester confinée. La mort d’Abdel Ghani Al-Kikli, chef de l’Appareil de soutien à la stabilité (SSA), un groupe armé influent basé dans le quartier populaire d’Abou Slim, dans le sud de la capitale libyenne, est au cœur de cette escalade.
Violences et tensions à Tripoli
Selon plusieurs médias, Abdel Ghani Al-Kikli a été tué dans des circonstances obscures, confirmées par la chaîne Libya Al-Ahrar et le site d’information Al-Wasat. Des images non authentifiées par l’AFP circulent montrant un homme au visage ensanglanté, semblant avoir été abattu à bout portant, ainsi que plusieurs personnes inanimées au sol.
À partir de 21 heures, des tirs intermittents d’armes lourdes, notamment des mitrailleuses, ainsi que des déflagrations ont été entendus dans plusieurs quartiers de Tripoli. Face à cette situation, le ministère de l’Intérieur du gouvernement d’unité nationale a publié un communiqué invitant « tous les citoyens à rester chez eux pour leur sécurité ».
Par mesure de précaution, des avions stationnés à l’aéroport de Tripoli ont été transférés à Misrata, grande ville portuaire située à 200 km à l’est, où plusieurs vols ont également été redirigés.
Origine des affrontements
Les combats opposent des groupes armés de Tripoli à des organisations rivales originaires de Misrata, une ville stratégique rattachée au camp de l’ouest libyen. Selon le neveu d’Abdel Ghani Al-Kikli cité par l’expert Jalel Harchaoui, le chef du groupe SSA aurait été victime d’une embuscade.
Jalel Harchaoui décrit Abdel Ghani Al-Kikli comme « l’un des chefs de groupes armés les plus performants de Tripoli ». Il avait su positionner ses fidèles à des postes clés dans les banques, les télécommunications, les administrations, ainsi que dans certaines hautes fonctions diplomatiques, renforçant ainsi son influence.
Réactions internationales et risques de crimes de guerre
La Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), qui avait déjà lancé un appel à la désescalade quelques heures auparavant, s’est déclarée « alarmée par l’évolution de la situation marquée par d’intenses combats à l’arme lourde dans des zones civiles densément peuplées ».
Elle a exigé l’arrêt immédiat des hostilités et rappelé aux parties en conflit leur devoir de protéger les civils en toutes circonstances. La Manul a également souligné que les attaques contre les populations civiles peuvent « constituer des crimes de guerre » et a exprimé son soutien aux efforts des notables et dirigeants communautaires pour apaiser les tensions.
Suite à ces violences, plusieurs municipalités de Tripoli et de ses banlieues, ainsi que l’université de la capitale, ont annoncé la fermeture des établissements scolaires jusqu’à nouvel ordre.
Un pays encore fragilisé par la guerre
La Libye peine à se reconstruire après les années de guerre et de chaos consécutives à la révolte de 2011 et la chute de Mouammar Kadhafi. Le pays reste divisé entre un gouvernement reconnu par l’ONU basé à Tripoli et une administration rivale à l’est, contrôlée par la famille Haftar.
Malgré un relatif apaisement observé ces dernières années, des affrontements sporadiques éclatent encore régulièrement entre les nombreux groupes armés qui luttent pour le contrôle de territoires et d’influences.
En août 2023, des combats similaires à Tripoli avaient déjà fait 55 morts, témoignant de la fragilité persistante de la sécurité dans la capitale libyenne.