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L’annonce de coupes budgétaires par les États-Unis pour Radio Free Europe (RFE) suscite des inquiétudes au sein de l’Union européenne. Kaja Kallas, cheffe de la politique étrangère de l’UE, a exprimé sa déception face à cette décision, soulignant que l’UE ne pourrait pas automatiquement combler le vide laissé par ces réductions.
Les coupes budgétaires américaines
La semaine dernière, l’Agence américaine pour les médias mondiaux a suspendu les subventions à Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), un média fondé durant la guerre froide et qui diffuse dans 23 pays, dont la Biélorussie, la Russie, l’Ukraine, l’Iran et l’Afghanistan. Elon Musk, milliardaire technologique, avait récemment appelé à la fermeture de ce groupe médiatique, le qualifiant de « simple groupe de personnes de gauche radicale se parlant entre elles ».
Réactions et implications
Kaja Kallas, ancienne Première ministre estonienne, a déclaré que Radio Free Europe « a été un phare de la démocratie » durant sa jeunesse. Lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles, elle a évoqué la possibilité de financement par l’UE, mais a précisé que cela ne serait pas automatique. « La question pour nous est : pouvons-nous intervenir avec notre financement pour combler le vide laissé par les États-Unis ? La réponse à cette question est… pas automatiquement », a-t-elle déclaré.
La position de la République tchèque
La République tchèque se positionne en tête pour soutenir le groupe médiatique basé à Prague. Avant la réunion, le ministre des Affaires étrangères tchèque, Jan Lipavský, a affirmé vouloir discuter avec ses homologues de la manière de « maintenir au moins partiellement sa diffusion ». Il a averti : « S’il ferme, il ne pourra pas être facilement reconstruit ».
Conséquences pour l’UE
L’UE examine déjà dans quelle mesure elle pourrait compenser les lacunes laissées par la suspension de plusieurs financements américains, qui vont bien au-delà du groupe médiatique. Un diplomate de haut rang a déclaré que l’UE ne pourrait pas couvrir le déficit et qu’elle serait probablement encline à soutenir des projets correspondant à ses propres intérêts à court terme.
Historique de Radio Free Europe
Fondée en 1950, RFE a d’abord diffusé vers la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne et la Roumanie. Son objectif était de fournir des nouvelles locales impartiales aux publics derrière le rideau de fer. En 1953, Radio Liberty a commencé à diffuser vers l’Union soviétique en russe et dans d’autres langues locales. Actuellement, RFE/RL touche 47 millions de personnes chaque semaine dans 27 langues, avec plus de 1 700 employés.
Voix critiques et implications globales
La décision américaine a suscité des critiques. L’experte en sécurité polonaise Katarzyna Pisarska a rappelé que ses parents avaient appris la catastrophe de Tchernobyl grâce à RFE, alors que le régime communiste polonais cachait la réalité. Elle a décrit cette décision comme « rien d’autre qu’un cadeau pour les dictateurs du monde entier », en particulier pour le président russe, Vladimir Poutine.
Depuis février dernier, RFE est classée comme « organisation indésirable » en Russie, ce qui interdit effectivement son activité dans le pays. Un porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a déclaré que ces médias « ne peuvent guère être classés comme populaires et demandés en Fédération de Russie », qualifiant la décision de coupes budgétaires d’une décision interne des États-Unis.