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Il a fallu déplacer des chaises et se serrer autour d’une table pour cette réunion. À l’occasion de la venue de Nicolas Prisse, président de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), le préfet du Var, Simon Babre, a réuni le 3 décembre une douzaine d’acteurs engagés contre le narcotrafic et l’addiction : procureurs de Toulon et Draguignan, forces de sécurité (police, gendarmerie, douanes), établissements de santé (ARS) et sociaux (CAF). Cette diversité illustre que la prévention et la répression, tant du côté de l’offre que de la demande, ne peuvent être efficaces qu’avec une approche globale.
Var : les premiers effets de la loi narcotrafic
La loi narcotrafic du 13 juin 2025, destinée à sortir la France du piège du narcotrafic, a accordé de nouveaux pouvoirs de police aux préfets pour lutter contre ce phénomène d’ampleur. En six mois, six expulsions par injonction à des bailleurs ont été notifiées, cinq arrêtés de fermeture visant des commerces vendant des produits stupéfiants ont été pris et deux interdictions de paraître visant à entraver le maintien ou l’installation de points de deal ont été prononcées. L’un des mis en cause n’a pas respecté l’interdiction, d’une durée d’un mois, et a fait l’objet d’une sanction pénale de six mois. Ces interdictions de paraître prennent une importance particulière dans le Var, où les trafiquants proviennent fréquemment de zones éloignées, comme l’Île-de-France ou le Rhône.
Pour faciliter la coordination, un état‑major de sécurité a été mis en place afin d’organiser l’ensemble des actions, et les mesures administratives s’exercent en liaison avec les maires et la police nationale. De leur côté, les autorités soulignent qu’ils manquaient d’outils adaptés, notamment pour les commerces.
Par ailleurs, près de 17 M€ d’avoirs criminels ont été saisis : 2 M€ mobilisés sur des biens immobiliers, 1,3 M€ sur des comptes bancaires et en numéraire, et 37 véhicules de luxe.
Narcotrafic : état des lieux dans le Var
Dans le Var, on observe une augmentation de la cocaïne et une « uberisation » des trafics, avec des livraisons à domicile ou des rendez‑vous hors des points de vente habituels, selon Jean‑Michel Hornus, directeur adjoint de la police nationale dans le Var. Aucun territoire n’est épargné, complètent le colonel Stéphane Bontemps, commandant en second de la gendarmerie du Var. En France comme dans le département, le phénomène touche les milieux urbains comme ruraux. En 2025, 158 trafics ont été démantelés, 143 individus écroués et 474 kg de cocaïne saisis.
La prévention, l’un des volets de la lutte
Côté prévention auprès des jeunes, Sandrine Polychronopoulos, directrice départementale de l’emploi, du travail et des solidarités du Var (DDETS), évoque l’expérimentation Actif’jeunes menée dans le territoire Provence Verdon : l’objectif est d’aller vers les jeunes de 16 à 30 ans afin de les réinsérer par le travail ou la formation. Lancé cette année, le dispositif sera reconduit en 2026.
Par ailleurs, le parquet de Toulon a signé avec la protection judiciaire de la jeunesse, l’association d’aide aux victimes (AAVIV) et la Ville de Toulon la création d’un dispositif expérimental pour renforcer la prise en charge des mineurs impliqués dans le narcotrafic. Durant six mois, le mineur est suivi par une équipe pluridisciplinaire coordonnée par un éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse sous l’autorité du parquet. Si les résultats sont positifs, la procédure peut être classée sans suite. Le procureur souligne que la question du narcotrafic est « colossale » : trois quarts des violences sont commises sous l’emprise de stupéfiants ou d’alcool, et l’enjeu est clair : pas d’usager, pas de trafic.