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<h2>Modi utilise le Pakistan pour sa campagne électorale en Inde</h2>
<p>**Islamabad, Pakistan** – Fawad Chaudhry, ancien ministre de l’information du Pakistan, affirme qu’il n’avait pas réalisé que son post de trois mots sur la plateforme de médias sociaux X, le 1er mai, allait plonger son pays dans une conversation animée qu’il avait jusque-là évitée : la bruyante campagne électorale indienne.</p>
<p>« Rahul en feu … » a-t-il écrit, repostant une vidéo de Rahul Gandhi, un leader du parti d’opposition indien du Congrès, dans laquelle on pouvait le voir critiquer le Premier ministre Narendra Modi et le parti au pouvoir Bharatiya Janata Party (BJP).</p>
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<h2>La réponse virale</h2>
<p>Le post de Chaudhry, publié en plein processus électoral massif en Inde, qui s’étend sur sept jours de vote différents, de début avril à fin juin, est immédiatement devenu viral, recueillant plus de 1,8 million de vues. Il a été retweeté 1 800 fois et a reçu plus de 1 500 réponses.</p>
<p>Parmi ceux qui ont réagi se trouvait Amit Malviya, responsable de la branche des technologies de l’information du BJP, qui supervise la vaste machinerie des médias sociaux du parti. Malviya a accusé Chaudhry de promouvoir le leader du Congrès, Gandhi.</p>
<p>« Le Congrès prévoit-il de se présenter aux élections au Pakistan ? Du manifeste, qui porte l’empreinte de la Ligue musulmane, à une approbation retentissante de l’autre côté de la frontière, la liaison du Congrès avec le Pakistan ne pourrait être plus évidente », a écrit Malviya.</p>
<p>La Ligue musulmane, l’une des principales forces politiques de l’Inde avant la partition, était à l’origine du mouvement qui a conduit à la création du Pakistan.</p>
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<h2>Réaction de Modi</h2>
<p>Un jour plus tard, Modi lui-même a fait référence au post de Chaudhry lors d’un rassemblement électoral dans son état d’origine, le Gujarat.</p>
<p>« Vous devez avoir entendu. Maintenant, les dirigeants pakistanais prient pour le Congrès, » a déclaré Modi. « Le Pakistan est trop impatient de faire du prince \[Gandhi\] le Premier ministre. Et nous savons déjà que le Congrès est le disciple du Pakistan. Le partenariat Pakistan-Congrès est désormais totalement exposé. »</p>
<p>Depuis lors, le Pakistan a régulièrement figuré dans les discours de Modi et des principaux dirigeants du BJP, comme le ministre de l’Intérieur Amit Shah, en tant qu’outil pour cibler l’opposition et démontrer la réponse musclée du gouvernement lors des tensions avec le voisin occidental de l’Inde.</p>
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<h2>Nationalisme et rhétorique</h2>
<p>Modi a accusé l’alliance de l’opposition menée par le Congrès, INDIA, de soutenir le Pakistan, donnant à ce dernier un « blanc-seing » alors qu’il est accusé de « terrorisme ».</p>
<p>Cette nouvelle insistance sur le Pakistan contraste fortement avec les mois précédents de campagne, lorsque les relations entre les voisins étaient pratiquement inexistantes comme thème électoral.</p>
<p>Chaudhry, dont le post semble avoir tout déclenché, a déclaré qu’il était stupéfait. « Je ne m’attendais pas à ce genre de réaction, particulièrement de la part de leur PM Modi », a déclaré le politicien à Al Jazeera.</p>
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<h2>Réaction pakistanaise</h2>
<p>Le gouvernement pakistanais a également riposté aux commentaires de Modi et Shah, les qualifiant de « obsession malsaine et enracinée avec le Pakistan ».</p>
<p>Le communiqué, publié par le ministère des Affaires étrangères le 14 mai, a déclaré que les commentaires des dirigeants indiens révélaient une « intention délibérée » d’exploiter l’hyper-nationalisme à des fins électorales.</p>
<p>« La bravoure et le chauvinisme exhibés par les dirigeants indiens exposent une mentalité irresponsable et extrémiste. Cette mentalité remet en question la capacité de l’Inde à être un gestionnaire responsable de sa capacité stratégique », ajoute le communiqué.</p>
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<h2>Un passé de tensions</h2>
<p>Les deux voisins entretiennent une relation tendue depuis qu’ils sont devenus des États souverains en août 1947, après la fin de la domination coloniale britannique sur le sous-continent. Les nations dotées de l’arme nucléaire ont mené trois grandes guerres et partagent une frontière litigieuse dans la région himalayenne du Cachemire, que les deux revendiquent en totalité mais ne contrôlent qu’en partie.</p>
<p>Modi et son BJP ont remporté un second mandat consécutif au pouvoir lors des élections de 2019, au cours desquelles la campagne du parti était fortement axée sur le Pakistan.</p>
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<h2>Conséquences potentielles</h2>
<p>Si Modi et le BJP remportent les élections une nouvelle fois, Chaudhry, l’ancien ministre pakistanais, affirme que les relations bilatérales, déjà à peine fonctionnelles, en souffriraient davantage.</p>
<p>« Si le BJP et Modi remportent les élections en raflant les suffrages, comme ils le prétendent, les relations avec le Pakistan ne s’amélioreront pas, mais se détérioreront encore davantage », a-t-il déclaré.</p>
<p>Cependant, certains analystes estiment que malgré la rhétorique de Modi, les problèmes économiques endémiques du Pakistan et le désir de l’Inde de se concentrer sur la menace de la Chine donnent à New Delhi et Islamabad une incitation à améliorer de manière significative leurs relations.</p>
<p>Pour Ladwig, si Modi remporte un troisième mandat, il serait peut-être tenté de penser à son héritage. « Une sorte de rapprochement durable avec le Pakistan » pourrait servir cet objectif, a-t-il ajouté.</p>
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