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Pardon et fonds pour les victimes de contraception forcée au Groenland

by charles
Danemark et Groenland

La Première ministre danoise Mette Frederiksen a présenté ses excuses, mercredi 24 septembre 2025, aux femmes du Groenland, devant plusieurs dizaines de victimes de contraception forcée sur l’île arctique. « Au nom du Danemark, pardon. » Elle a aussi annoncé la création d’un « fonds de réconciliation » destiné à indemniser les victimes et d’autres Groenlandais discriminés en raison de leur origine. Cette démarche intervient dans un contexte de tensions liées à l’intérêt croissant des États-Unis pour le Groenland et à la réévaluation de l’histoire des injustices passées.

Première ministre danoise et victimes de contraception forcée au Groenland
Mette Frederiksen lors des excuses publiques au Groenland.

Pardon et fonds de réconciliation au Groenland

La mise en cause s’inscrit dans une histoire longue: la campagne de contraception forcée, menée pendant plus de trois décennies, a touché des milliers de femmes groenlandaises et a laissé des traces durables. Fin 1970, au moins 4 070 femmes, soit une femme groenlandaise sur deux en âge de procréer, avaient reçu un stérilet, selon une enquête présentée début septembre.

Après l’annonce, l’avocat des victimes, Mads Pramming, a salué l’évolution: « C’est une très bonne nouvelle car mes clientes ne se satisfont pas d’une simple excuse », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse.

Intervenant peu après, le Premier ministre groenlandais a pris ses distances avec les mots de Mette Frederiksen, confirmant que ces excuses ne signifient pas un aveu généralisé: « Ces excuses ne signifient pas que nous acceptons ce qui s’est passé. Nous sommes ici aujourd’hui parce que nous n’acceptons pas ce qui s’est passé ». L’examen des injustices passées a été relayé par l’historienne Astrid Andersen, qui rappelle que « Par le passé, les Premiers ministres ont toujours été extrêmement réticents à reconnaître les injustices commises au Groenland ». L’annonce du fonds de réconciliation et d’autres mesures vise à indemniser les victimes et d’autres Groenlandais discriminés en raison de leur origine.

Cette étape est présentée comme un geste symbolique mais aussi comme une ouverture pratique, dans la mesure où le fonds promis est destiné à faciliter des réparations concrètes et à soutenir des procédures en cours contre l’État danois.

Tensions avec les États-Unis et réactions locales

La démarche survient dans un contexte où les États-Unis manifestent un intérêt croissant pour le Groenland et où la géostratégie de l’île influence les discussions entre Copenhague et les autorités locales. « C’est la pression de l’extérieur qui oblige le Danemark à accroître ses efforts, a estimé la députée Aaja Chemnitz, qui représente le Groenland au parlement danois. Cela fait dix ans que je suis députée et je n’avais jamais vu autant d’efforts avant. »

Avant la compétente déclaration de Mette Frederiksen, le Premier ministre groenlandais Jens-Frederik Nielsen avait pris ses distances avec les propos de son homologue danoise, indiquant que ces excuses ne sauraient suffire à régler les tensions. Le contexte demeure marqué par la volonté des autorités de clarifier les responsabilités historiques tout en poursuivant des discussions sur l’avenir politique et économique du Groenland.

Pour l’historienne Astrid Andersen, l’histoire récente montre que les autorités ont longtemps hésité à reconnaître les injustices commises, et que les excuses publiques s’inscrivent dans une dynamique plus large de réconciliation et de dialogue avec les communautés groenlandaises.

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