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L’ancien président péruvien Ollanta Humala, âgé de 62 ans, a été condamné à une peine de 15 ans de prison pour blanchiment d’argent, dans le cadre du scandale de corruption impliquant le géant brésilien du BTP Odebrecht. Cette décision judiciaire marque une étape majeure dans une affaire qui a secoué la classe politique latino-américaine.
Une condamnation historique dans l’affaire Odebrecht
Ollanta Humala est le deuxième des quatre anciens présidents péruviens impliqués dans cette vaste affaire de corruption à être condamné. Le procès, qui a débuté il y a plus de trois ans, a abouti à cette peine de réclusion effective, annoncée par la juge Nayko Coronado. Humala, qui comparaissait libre, a été immédiatement arrêté à l’issue de l’audience. Sortant du tribunal sous la surveillance policière, il n’était toutefois pas menotté.
La défense a rapidement annoncé son intention de faire appel de cette décision. La condamnation de Humala s’inscrit dans un contexte où des dizaines de responsables politiques et chefs d’entreprise en Amérique latine ont été poursuivis dans ce scandale.
Selon le ministère américain de la Justice, Odebrecht a versé près de 730 millions d’euros de pots-de-vin dans plusieurs pays d’Amérique latine, afin de s’assurer des marchés publics. Au Pérou, l’entreprise a reconnu avoir payé environ 27 millions d’euros entre 2005 et 2014.
Condamnation de Nadine Heredia et contexte judiciaire
L’épouse d’Ollanta Humala, Nadine Heredia, également impliquée dans l’affaire, a été condamnée à 15 ans de prison. Absente lors de l’audience, la juge a ordonné son arrestation. Tous deux avaient été emprisonnés pendant neuf mois jusqu’en avril 2018 dans le cadre de cette enquête.
Ils ont été reconnus coupables d’avoir accepté un financement illégal d’environ 2,7 millions d’euros de la part d’Odebrecht lors de la campagne présidentielle de 2011 qui a conduit Humala au pouvoir. Le parquet avait initialement requis 20 ans de prison pour l’ancien président et 26 ans pour son épouse.
Liens avec le gouvernement vénézuélien
Un autre volet du dossier révèle que le couple a détourné près de 180 000 euros envoyés par le président vénézuélien de l’époque, Hugo Chavez, lors de la campagne électorale de 2006. Ces fonds auraient transité par une société vénézuélienne.
L’ancien dirigeant brésilien d’Odebrecht au Pérou, Jorge Barata, a accusé Nadine Heredia d’avoir reçu personnellement ces fonds illégaux, confirmant le rôle du couple dans ce système de financement occulte.
Un scandale qui touche plusieurs présidents péruviens
Ollanta Humala est le deuxième président péruvien condamné dans cette affaire après Alejandro Toledo, qui a écopé en 2024 d’une peine de plus de 20 ans pour corruption et pots-de-vin. Alan Garcia, président de 2006 à 2011, s’était suicidé en 2019 avant une arrestation imminente liée à cette enquête. Quant à Pedro Pablo Kuczynski, président de 2016 à 2018, son procès n’a pas encore eu lieu.