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PKK annonce la fin de la lutte armée en Turquie : une nouvelle ère

by Sara
PKK annonce la fin de la lutte armée en Turquie : une nouvelle ère
Turquie

Après un demi-siècle de conflit, la fin de la lutte armée éclaire une nouvelle ère pour la Turquie et le Kurdistan. La PKK, ou Parti des travailleurs du Kurdistan, a annoncé ce lundi matin la fin de ses actions militaires, marquant un tournant historique dans une guerre qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de personnes et profondément marqué la région.

La PKK annonce la fin du combat armé et sa dissolution

Dans une déclaration publiée à l’issue de son congrès, la PKK a affirmé que la lutte armée était terminée. « Toutes les activités menées sous le nom de PKK sont désormais achevées », indique le communiqué, précisant que l’organisation se dissout.

Ce geste, bien que considérable, n’a pas surpris totalement. Abdullah Öcalan, fondateur de la PKK dans un village du sud-est de la Turquie et détenu depuis 1999 sur une île de la mer de Marmara, avait exhorté ses camarades en ce sens dès février. Une délégation kurde avait auparavant assuré la médiation entre le leader emprisonné et le gouvernement turc à Ankara.

Discours historique d'Abdullah Öcalan au nord de la Syrie

Un discours historique suivi au Kurdistan syrien

Au nord de la Syrie, dans la ville kurde de Qamishli, la population a suivi avec attention le discours d’Abdullah Öcalan, attendu comme un signal fort vers la paix. Ce moment marque un premier pas symbolique dans la potentielle réconciliation entre les Kurdes et l’État turc.

Ce processus de paix a été initié par Devlet Bahçeli, un ultranationaliste turc qui, malgré son passé négationniste envers l’existence d’une ethnie kurde et son appel à la peine capitale pour Öcalan, a tendu la main aux députés kurdes au parlement. Bahçeli est également le partenaire de coalition du président Recep Tayyip Erdoğan, qui évoque depuis longtemps une « Turquie sans terrorisme ».

Des attentes politiques fortes envers le gouvernement turc

De son côté, le gouvernement considère la PKK comme vaincue, ses combats confinés aux montagnes du nord de l’Irak. Erdoğan, qui ne s’est pas publiquement engagé sur des concessions, maintient que toute discussion politique ne pourra s’envisager qu’après le respect par la PKK de son engagement à déposer les armes et à se dissoudre.

Recep Tayyip Erdoğan en équilibre politique entre Kurdes et nationalistes

Dans leur déclaration, les membres de la PKK soulignent que leur lutte a permis de rendre possible une résolution démocratique de la question kurde, qui, selon eux, reste encore irrésolue. Ils appellent ainsi le gouvernement à offrir des droits à la minorité kurde, comme la reconnaissance de leur langue, ou la libération de prisonniers politiques kurdes, dont Selahattin Demirtaş, figure emblématique détenue depuis 2016.

La PKK insiste aussi pour que « le leader Apo », surnom d’Öcalan, dirige le processus de paix, ce qui implique soit sa libération, soit une prise de parole publique jusqu’ici impossible.

Les défis politiques et la montée des nationalismes

Pour Erdoğan, la situation représente un délicat équilibre politique. D’un côté, il cherche la paix avec les Kurdes, notamment pour obtenir leur soutien lors d’élections futures. De l’autre, il doit composer avec une société largement opposée au processus, notamment parmi les anciens conscrits et les familles des soldats tombés au combat, qui voient d’un mauvais œil toute forme d’amnistie, y compris pour Öcalan.

Cette opposition nourrit la montée d’un nationalisme déçu rassemblé autour de la « Parti de la Victoire » (Zafer Partisi), une formation d’extrême droite qui gagne en popularité et dont le leader est incarcéré. Les partisans de cette formation participent aux protestations en cours, exacerbées par l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu.

İmamoğlu, issu du CHP, parti nationaliste modéré, soutient ouvertement le processus de paix et a toujours bénéficié du vote kurde pour ses succès électoraux à Istanbul.

Une Turquie à la croisée des chemins

Le pays entre ainsi dans une phase de recomposition politique majeure, où l’avenir du président Erdoğan est étroitement lié au succès ou à l’échec de ce processus. L’annonce de la fin de la PKK survient en parallèle à des contestations croissantes contre le pouvoir en place.

Le week-end dernier, la direction du CHP a organisé un rassemblement dans la ville kurde de Van, dans l’est de la Turquie, une région jusque-là peu favorable à ce parti. Ce geste symbolique vise à démontrer que la communauté kurde soutient İmamoğlu, candidat désigné à la présidence par le CHP, et à affirmer que la paix véritable passe par un retour à la démocratie.

Dans la déclaration de la PKK, le mot « démocratie » apparaît à 29 reprises, soulignant l’importance centrale de ce concept pour une résolution durable du conflit.

Pkk | Turquie | Paix | Kurdistan | Erdoan | Conflit | Reconciliation
source:https://www.sueddeutsche.de/politik/tuerkei-pkk-aufloesung-kurden-erdogan-li.3251138

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