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Depuis plus d’une décennie, la droite française avance à reculons. Frappée par des défaites électorales en série, vidée de sa substance idéologique et divisée par des querelles internes, elle s’est peu à peu marginalisée. À moins de deux ans de l’élection présidentielle, Les Républicains (LR) font face à un choix crucial : l’union des droites ou la fidélité au socle républicain. Entre la tentation de la radicalisation et le retour d’une droite de gouvernement, capable de redevenir centrale, la situation est délicate.
Un paysage politique en mutation
Depuis la chute de Nicolas Sarkozy en 2012, la droite n’a cessé de se réduire. L’UMP, qui était autrefois une vaste coalition regroupant gaullistes, libéraux, souverainistes et centristes, s’est fragmentée sous l’effet de la mondialisation, de l’intégration européenne et de l’émergence de chapelles concurrentes telles que Reconquête d’Éric Zemmour et Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. Faute d’un travail doctrinal sérieux, elle a été dépouillée de ses idées par Emmanuel Macron, tandis que le Rassemblement National (RN) s’est installé dans les milieux populaires, devenant ainsi la nouvelle force dominante à droite.
Une crise de leadership persistante
Après trois défaites consécutives aux élections présidentielles, la droite s’est enfermée dans une crise de leadership. Son électorat historique, composé de retraités, d’artisans, de cadres supérieurs et de catholiques pratiquants, s’est dispersé. Bien que son implantation territoriale ait survécu, elle manque de dynamisme national. De plus, Nicolas Sarkozy, au lieu de jouer les rassembleurs, a souvent parasité le processus de reconstruction par des jeux d’influence et des ambiguïtés vis-à-vis du RN.
Vers un renouveau ?
Malgré tout, un frémissement commence à émerger. La nomination de Michel Barnier à Matignon, la popularité croissante de Bruno Retailleau, et sa victoire à la tête du parti ont redonné un certain cap. Cependant, LR n’est plus le pivot de la droite ; il est perçu comme un allié par défaut du macronisme plutôt que comme une réelle alternative.
Les défis contemporains à relever
Pour s’imposer, le chef de la droite devra élargir son approche au-delà de la sécurité, en affrontant des enjeux contemporains tels que l’écologie, l’économie numérique, la mobilité sociale et l’organisation du travail. Ce travail essentiel avait été partiellement engagé par François Fillon avec un corpus néolibéral et conservateur dont certaines idées ont été adoptées par Emmanuel Macron lui-même.
Une stratégie à définir
L’entrée au gouvernement de Bruno Retailleau comme opposant interne offre un espace politique à explorer. Toutefois, il reste à bâtir un projet distinct du macronisme, sans céder aux sirènes du RN. Si le dirigeant de LR veut emboîter le pas à Jacques Chirac en 1986 ou à François Fillon en 2017, il devra établir une ligne claire et moderne.
Une voie semée d’embûches
Pour accéder à l’Élysée, le leader de la droite devra naviguer habilement, profitant de l’inexpérience de Jordan Bardella, potentiel candidat du RN, ainsi que du possible discrédit d’anciens dirigeants ayant collaboré avec Emmanuel Macron. Il devra aussi capter les électeurs orphelins du président, qui pourrait, en visant 2032, préférer un candidat comme Bruno Retailleau à ses anciens chefs de gouvernement. Cette tâche délicate nécessite une détermination sans faille, à l’image d’Hannibal, le général carthaginois, qui disait : *« Nous trouverons un chemin, ou nous en créerons un. »*