LFI dépose une motion de censure contre le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu

Motion de censure contre Sébastien Lecornu

Manuel Bompard a confirmé en direct la décision de LFI de déposer une motion de censure contre Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre la veille par Emmanuel Macron. À gauche, plusieurs responsables politiques ont qualifié cette nomination de « provocation », estimant que le choix d’un proche du chef de l’État, présent dans les différents gouvernements depuis 2017, attise les tensions.

Le parti socialiste a estimé que, par ce choix, Emmanuel Macron avait pris « le risque de la colère sociale légitime et du blocage institutionnel du pays ». Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a demandé au nouveau Premier ministre de « renoncer au 49.3 » pour montrer un véritable changement de méthode :

« Ce serait là une démonstration que la méthode change »

Réactions politiques et premières positions

Les réactions ont été vives de tous bords. Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, a estimé que « le président tirait la dernière cartouche du macronisme », prédisant que son successeur « s’appellera Jordan Bardella ». Jean‑Luc Mélenchon a qualifié la nomination de « une triste comédie de mépris du Parlement », renouvelant sa demande de départ d’Emmanuel Macron.

Olivier Faure a ajouté :

« Si c’est pour nous dire que ‘tout change pour que rien ne change’, alors les mêmes causes produiront les mêmes effets et nous censurerons ce gouvernement »

Michel Barnier, ancien Premier ministre, a jugé la nomination « le choix d’un fidèle » d’Emmanuel Macron et a insisté sur la nécessité de consultations :

« Il faut qu’il consulte, qu’il voie qui veut quoi, qui souhaite quoi, qui est prêt à quoi, pour l’intérêt du pays, dans le respect »

Il a aussi appelé les partis de gouvernement à trouver « un contrat de gouvernement » pour permettre l’adoption d’un budget national.

Passation de pouvoir, calendrier et négociations

Sébastien Lecornu, ministre des Armées démissionnaire, doit prendre officiellement ses fonctions par une passation prévue à midi à Matignon. Il devient le septième Premier ministre d’Emmanuel Macron et le cinquième depuis le début du second quinquennat en 2022.

L’Élysée a indiqué que le président avait « chargé [Sébastien Lecornu] de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois ». Selon son entourage, le nouveau chef du gouvernement prône « un changement de méthode » et se veut « apte aux compromis ».

Le député d’Ensemble Sylvain Maillard a précisé sur franceinfo que Sébastien Lecornu allait « prendre le temps pour construire un gouvernement », visant à « construire un budget avec l’ensemble des partis de gouvernement ». Il a estimé qu’il faudrait « probablement quelques semaines pour avoir un gouvernement », qu’il espère « stable » jusqu’à la fin du quinquennat.

Bruno Retailleau, chef des Républicains et ministre de l’Intérieur sortant, s’est dit prêt à « trouver des accords » avec Sébastien Lecornu afin de bâtir une « majorité nationale », tandis que le Parti socialiste a refusé de participer à une coalition avec le président :

« Emmanuel Macron s’obstine (…) dans une voie à laquelle aucun socialiste ne participera. »

Contexte social : manifestations et blocages le 10 septembre

La passation intervient au cœur d’une journée de mobilisation appelée « Bloquons tout ». Des rassemblements et blocages ont lieu dans plusieurs villes — Paris, Rennes, Lyon, Caen — et la préfecture de police a indiqué que 75 personnes avaient été interpellées à Paris.

Au Parlement et dans la rue, les prochains jours s’annoncent tendus : d’une part des négociations politiques pour tenter de bâtir des accords et, d’autre part, des mobilisations sociales qui cherchent à mettre la pression sur l’exécutif et sur le nouveau gouvernement en formation.