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Les jeunes Nepali désireux de rejoindre l’armée indienne se retrouvent confrontés à des défis majeurs suite aux changements récemment apportés au système de recrutement militaire indien. Ces modifications ont eu un impact notable sur ceux qui s’entraînent pour servir différentes armées à travers le monde.
Un entraînement déterminé à Pokhara
À Pokhara, au Népal, le son rythmique d’environ 60 jeunes hommes effectuant des jumping jacks résonne dans l’air frais de fin novembre. Ces adolescents s’entraînent pour le prochain programme de recrutement des Gurkhas, visant à les intégrer dans l’armée britannique ou la police de Singapour.
Shishir Bhattari, un jeune homme de 19 ans originaire d’une ville du centre du Népal, exprime son rêve de servir dans n’importe quelle armée depuis son enfance, une ambition encouragée par sa mère. Il se souvient d’une rencontre avec un membre de l’armée britannique à son école, ce qui l’a poussé à envisager une carrière militaire.
“Avant de m’entraîner pour l’armée britannique, je voulais rejoindre l’armée indienne. Beaucoup de Gurkhas ont servi en Inde et je souhaite également honorer l’héritage de nos ancêtres,” déclare-t-il.
Les Gurkhas, des combattants redoutables
Les Gurkhas, reconnus comme parmi les combattants les plus féroces au monde, ont été intégrés de manière formelle dans l’armée indienne pendant des décennies. Ils ont participé à des batailles clés, y compris la guerre de Kargil en 1999 contre des groupes armés pakistanais.
Leur histoire en Inde remonte au début des années 1800, lorsqu’ils ont été recrutés par la Compagnie britannique des Indes orientales. Un accord tripartite signé après l’indépendance entre l’Inde, le Royaume-Uni et le Népal a permis à New Delhi de continuer à recruter des Gurkhas.
Cependant, cet accord a été suspendu en 2022 suite à des changements dans le schéma de recrutement des forces armées indiennes, notamment avec l’introduction du système “Agnipath”, recrutant les jeunes pour un mandat fixe de quatre ans.
Impact sur l’emploi des jeunes Nepali
Krishna Bahadur, un ancien capitaine honoraire de l’armée indienne, souligne que le système Agnipath a eu de graves répercussions sur les perspectives d’emploi des jeunes au Népal. “Sans l’option de rejoindre l’armée indienne, beaucoup finiront au chômage,” dit-il.
Le salaire dans l’armée népalaise étant très bas, de nombreux jeunes préfèrent servir dans les forces armées à l’étranger. Actuellement, le salaire de départ pour un soldat au Népal tourne autour de 27 000 à 30 000 roupies népalaises (environ 199 à 221 euros), alors que le service de police de Singapour offre plus de 3 000 euros par mois.
Vers des choix plus risqués
Face à l’absence d’opportunités, certains jeunes se tournent vers des alternatives risquées, telles que rejoindre l’armée russe. Bien que le Népal n’ait pas d’accord avec la Russie pour le recrutement de soldats, des rapports indiquent que jusqu’à 15 000 Nepali ont été recrutés pour combattre en Ukraine, avec des pertes significatives.
Ramesh Bishwakarma, un ancien combattant, raconte son parcours vers l’armée russe pour des raisons financières, après avoir souffert de problèmes économiques au Népal.
Pérennité des traditions et des aspirations
Malgré les défis, les jeunes Gurkhas continuent de s’entraîner avec détermination. Shishir et Ujwal, qui s’entraînent à Pokhara, affirment que peu importe les décisions gouvernementales, “toutes les armées sont égales” pour un combattant Gurkha. “Nous sommes des Gurkhas. Notre devise nous pousse à nous battre avec loyauté pour l’armée qui nous recrutera,” concluent-ils.