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Connaître son risque de développer la maladie d’Alzheimer ne semble pas engendrer une détresse émotionnelle importante. Cependant, cette information pourrait diminuer la motivation à adopter ou maintenir des habitudes de vie favorables à la santé cérébrale. C’est ce qu’indiquent les résultats d’une enquête menée auprès d’adultes cognitivement sains ayant subi une imagerie par PET scan du peptide amyloïde beta.
Impact émotionnel de la révélation du statut amyloïde
Les participants informés de l’absence d’élévation du peptide amyloïde beta ont présenté une baisse significative de l’anxiété, de la dépression ainsi que des plaintes mnésiques subjectives par rapport à leur état initial. Cette tendance traduit un sentiment de soulagement et une réduction des inquiétudes liées à la maladie d’Alzheimer.
À l’inverse, ceux ayant appris la présence de dépôts amyloïdes ont connu une légère diminution de l’anxiété, sans modification notable de la dépression ou des troubles de la mémoire. Toutefois, le groupe concerné restait limité (seulement 21 personnes), ce qui invite à la prudence dans l’interprétation de ces résultats.
Baisse de motivation pour les changements de mode de vie
Un constat préoccupant ressort de cette enquête : après la communication des résultats, la motivation à adopter des changements de comportements favorables à la santé cognitive a diminué significativement dans les deux groupes, même si cette baisse était moins marquée chez ceux avec un taux amyloïde élevé.
Pour les personnes sans accumulation amyloïde, cette démotivation pourrait s’expliquer par le sentiment de ne pas être à risque, entraînant potentiellement un relâchement dans les efforts préventifs. En revanche, les raisons de cette baisse chez les sujets avec un risque accru restent à éclaircir, malgré l’importance capitale d’un mode de vie sain dans la prévention de la maladie.
Contexte scientifique et implications futures
Le dépôt du peptide amyloïde beta constitue un des premiers signes biologiques de la maladie d’Alzheimer, détectable par imagerie PET bien avant l’apparition des symptômes cognitifs. Avec l’essor des biomarqueurs dans le diagnostic précoce et la sélection des patients pour des traitements spécifiques, comprendre la réaction émotionnelle des individus cognitivement normaux face à ces informations devient crucial.
Les chercheurs soulignent que, globalement, la divulgation du statut amyloïde comporte un faible risque de préjudice psychologique, que le peptide soit présent ou non. Toutefois, ils insistent sur la nécessité d’élaborer des stratégies personnalisées pour maintenir la motivation à adopter des comportements protecteurs au long terme.
Sapir Golan Shekhtman, doctorante au Joseph Sagol Neuroscience Center du Sheba Medical Center en Israël, explique : « Ces résultats montrent à quel point il est facile de perdre la motivation à changer son mode de vie pour préserver la santé cognitive. Il est essentiel de développer des méthodes pour soutenir ces comportements sains. »
Perspectives de recherche
Les auteurs appellent à approfondir la compréhension des mécanismes responsables de la baisse de motivation après la communication du risque Alzheimer. Ils recommandent également d’identifier les populations plus vulnérables psychologiquement afin de proposer une communication adaptée et un accompagnement ciblé.