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Royaume‑Uni : vaste réforme du système d’asile annoncée

by Sara
Royaume-Uni, Danemark

Le gouvernement britannique annonce une vaste réforme de l’asile visant à « restaurer la confiance » et à freiner ce qu’il qualifie d’immigration irrégulière. Cette réforme de l’asile au Royaume‑Uni introduit des statuts temporaires, des réexamens périodiques et un durcissement des conditions d’aide aux demandeurs.

Contexte et chiffres

Les autorités mettent en avant la pression croissante sur le système d’asile, qui a enregistré plus de 111 000 demandes jusqu’en juin dernier, un niveau inédit depuis l’ouverture des comptes il y a plus de vingt ans.

La ministre de l’Intérieur, Shabana Mahmood, décrit le système comme « défaillant » et incapable de gérer cet afflux, avec des répercussions visibles sur les services publics et les collectivités locales.

Principales mesures proposées

La réforme comprend plusieurs changements structurels destinés à réduire les incitations à l’arrivée irrégulière. Parmi les mesures annoncées :

  • Suppression de la protection permanente automatique pour les réfugiés : le statut de réfugié ne serait plus acquis de façon durable.
  • Introduction d’un statut temporaire avec réexamens obligatoires tous les 30 mois pour évaluer la nécessité de maintenir la protection.
  • Exigence de retour immédiat vers les pays d’origine considérés comme sûrs, mettant fin au « parcours automatique » vers la stabilité à long terme.
  • Création d’une voie de « stabilité » de 20 ans pour les personnes arrivant par des itinéraires irréguliers — la plus longue d’Europe — et de parcours de 10 ans pour les arrivées légales via de nouveaux programmes.
  • Possibilité de réduction de la durée pour les réfugiés qualifiés qui accèdent à des emplois ou à des formations précises.

Modèle inspiré du Danemark

Le gouvernement britannique affirme s’inspirer du modèle danois, présenté comme ayant contribué à faire chuter le nombre de demandes d’asile acceptées à son plus bas niveau en quarante ans.

Les responsables estiment qu’un cadre britannique similaire diminuerait les incitations à traverser la Manche de manière irrégulière. En comparaison, le Danemark prévoit un accès à la stabilité après huit ans, alors que le Royaume‑Uni proposerait ici un seuil beaucoup plus long.

Conséquences sur l’aide et le droit au travail

La réforme prévoit de transformer l’obligation légale de fournir une aide aux demandeurs d’asile en une mesure soumise à l’appréciation des autorités. Le droit au soutien deviendrait donc discrétionnaire.

Le projet permettrait de réduire ou supprimer l’aide pour certaines catégories, par exemple :

  • les personnes en âge de travailler qui refusent de travailler ;
  • les demandeurs disposant d’actifs ;
  • les personnes qui enfreignent les instructions de transfert ou d’expulsion.

Cependant, le gouvernement ne prévoit pas d’accorder le droit de travailler à la majorité des demandeurs, ce qui limite l’impact potentiel de la mesure sur la réduction des coûts.

Droits humains et cadre juridique

La ministre souhaite renforcer l’application de l’article 8 (vie familiale) dans les affaires d’éloignement et demander une réévaluation de l’interprétation de l’article 3, qui interdit le refoulement vers des lieux où une personne risquerait des traitements inhumains.

Officiellement, le Royaume‑Uni resterait au sein de la Convention européenne des droits de l’homme, comme le Danemark, malgré des voix au sein des conservateurs et du parti « Reform UK » réclamant un retrait complet.

Débat politique et réactions

La proposition divise fortement l’échiquier politique. Le gouvernement la présente comme nécessaire pour restaurer l’ordre et la confiance.

À gauche, certains élus, dont la députée travailliste Nadia Whittome, dénoncent une approche « raciste » et profondément injuste envers les personnes fuyant persécution et violence.

Du côté des ONG, Enver Solomon, directeur général du Refugee Council, critique la fermeté des mesures : « Ces réformes sont dures et inutiles, elles ne dissuaderont pas des personnes ayant subi persécution, torture ou la perte de proches dans des guerres sauvages. »

Enjeux pratiques

La mise en œuvre soulève plusieurs questions pratiques et juridiques :

  1. Comment organiser les réexamens tous les 30 mois sans engorger à nouveau l’administration ?
  2. Quels critères définir pour juger d’un pays « sûr » et ordonner le retour immédiat ?
  3. Quel impact sur l’intégration et la sécurité des personnes contraintes à des statuts temporaires de très longue durée ?

Ces interrogations alimentent le débat public et juridique sur l’efficacité et la compatibilité de la réforme avec les obligations internationales en matière de protection.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/11/17/%d9%85%d9%88%d9%82%d8%b9-%d8%a8%d8%b1%d9%8a%d8%b7%d8%a7%d9%86%d9%8a-%d9%83%d9%84-%d9%85%d8%a7-%d9%86%d8%b9%d8%b1%d9%81%d9%87-%d8%b9%d9%86-%d8%a5%d8%b5%d9%84%d8%a7%d8%ad%d8%a7%d8%aa

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