La France doit accélérer son électrification pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles, selon le gestionnaire du réseau RTE. Dans son bilan prévisionnel 2025, RTE présente deux trajectoires pour l’avenir énergétique du pays: une décarbonation lente, et une option dite rapide, qui vise à transformer rapidement les usages et les secteurs consommateurs d’électricité. Le rapport rappelle aussi l’avantage d’une production d’électricité déjà décarbonée à 95% et souligne le rôle crucial du nucléaire et des renouvelables pour atteindre l’indépendance énergétique et redresser les équilibres économiques tout en respectant les objectifs climatiques. Des décisions politiques et économiques vont découler de ce document, avec des annonces attendues autour d’une PPE et d’une stratégie d’électrification complémentaire.

Bilan 2025 de RTE: deux trajectoires et leurs chiffres
Le document expose deux scénarios pour la décarbonation: une trajectoire dite lente et une trajectoire rapide. Dans les deux cas, la consommation électrique à horizon 2035 est révisée à la baisse par rapport à 2023; dans le scénario rapide, la consommation est estimée autour de 505 TWh, tandis que dans le scénario lent elle est estimée autour de 580 TWh. « La pertinence d’une électrification rapide du pays pour réduire ses dépendances aux fossiles importés, améliorer sa balance commerciale et permettre sa décarbonation rapide », est attestée par le bilan prévisionnel 2025, selon les communiqués du gouvernement. La publication souligne aussi l”état actuel et les limites de la décarbonation lente, tout en rappelant l’« avantage quasi-unique en Europe d’une production d’électricité particulièrement abondante et déjà décarbonée à 95% », grâce notamment au nucléaire et aux renouvelables. Des chiffres traduisent aussi l’épisode de surcapacités électriques, prévu jusqu’en 2027-2028, pour lequel il faut, selon le document, ré-agencer les usages et les secteurs.

Implications économiques et défis politiques
Plusieurs éléments expliquent ces choix: d’une part, les objectifs de réduction de la part des hydrocarbures dans la consommation d’énergie de 60% aujourd’hui à 30-35% d’ici 2035; d’autre part, l’objectif de décarbonation qui s’étend au-delà des seuls CO2, en engageant la transition des transports, de l’industrie et du bâtiment vers l’électricité bas carbone. « Dans un second scénario présenté par RTE, dit de décarbonation rapide, la France se voit atteindre ses objectifs climatiques et de redressement économique et industriel », soulignent les rapports coexistant, et l’on voit une forte injonction politique pour que l’électrification s’accompagne d’un renforcement industriel et d’une réindustrialisation. Le président du directoire de RTE rappelle que « le système énergétique de demain devra marcher sur deux jambes, les renouvelables et le nucléaire », pour éviter tout compromis sur la résilience du réseau et sur les coûts. Des discussions entre le gouvernement et les responsables du PPE évoquent une « stratégie d’électrification complémentaire » qui dépendra des choix sur le nucléaire et les renouvelables, avec des décisions attendues « d’ici Noël » selon les sources observant le dossier. Des acteurs environnementaux et climatiques appellent à une transition rapide et maîtrisée, tandis que des élus et formations politiques discutent des effets budgétaires et sociaux d’un tel virage.
Des chiffres concrets accompagnent ces conclusions: en 2035, la consommation dans le cadre d’un scénario rapide serait d’environ 505 TWh contre 580 TWh dans le cadre d’un scénario lent. Cette différence n’est pas anodine: elle influence les investissements nécessaires, les coûts pour les consommateurs et la sécurité d’approvisionnement. Le ministère et les porte-parole gouvernementaux ont insisté sur le fait que ce rapport « apporte une nouvelle positive et encourageante : grâce à son mix énergétique, la France dispose d’une production d’électricité décarbonée, abondante et compétitive », ce qui justifie une approche équilibrée entre développement des renouvelables et maintien du nucléaire. Les responsables affirment aussi que la politique d’électrification s’inscrit dans un cadre de souveraineté énergétique, afin de réduire les dépendances aux importations fossiles et de stabiliser les échanges commerciaux.
Le débat public s’intensifie autour de la PPE et de son calendrier. Sébastien Lecornu, interrogé à l’Assemblée nationale, s’est engagé à s’appuyer sur ce document pour « voir comment on peut accélérer l’électrification décarbonée du pays » et a indiqué que des décisions concernant la PPE seraient prises « d’ici Noël ». Cette ouverture politique survient après des années de retard et de désaccords entre nucléaire et renouvelables; elle s’accompagne d’un risque d’inflation des coûts ou de ralentissement de certaines filières selon la manière dont les projets seront pilotés. Dans ce contexte, Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, met en garde: « l’épisode actuel ne doit pas conduire la France à donner trop de préférence au présent, au risque d’hypothéquer la résilience retrouvée du système électrique national fondée sur la complémentarité ». Il insiste sur le fait que « le mix le moins cher, le plus accessible techniquement et le plus dérisqué technologiquement pour la France » reste la combinaison du nucléaire et des renouvelables, et que l’activation rapide de l’électrification est trois fois plus efficace économiquement que le ralentissement des renouvelables.
Enfin, les organisations non gouvernementales et les associations climatiques surveillent le déploiement de ce plan: Greenpeace s’est inquiétée d’un usage politique possible du document pour freiner la transition, tandis que le Réseau action climat appelle à un sursaut rapide pour « l’élimination des énergies fossiles ». En pratique, les projets actuels du portefeuille RTE, autour de 30 GW, témoignent d’un dynamisme inédit dans l’industrie, l’hydrogène et les centres de données, qui nécessitent des capacités électriques importantes d’ici 2030 et pour lesquels une coordination publique-privée est jugée cruciale.