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Un nouveau cas de sabotage présumé sur la ligne ferroviaire en Italie suscite l’inquiétude tant au sein du groupe Ferrovie dello Stato (Fs) que dans le milieu politique. Avec la Digos, la police ferroviaire (Polfer) et la Procura di Roma en charge des enquêtes sur ces événements récents, le ministre des Transports, Matteo Salvini, a qualifié ces incidents de « épisodes sconcertants ». En raison de l’urgence de la situation, il prévoit de faire une déclaration au Parlement cette semaine ou la suivante. Face à cette crise, il aurait décidé de ne pas se rendre à Washington pour la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Pendant ce temps, les oppositions parlent de « théories du complot » et réclament la démission du ministre.
Le nouveau cas de sabotage
Le dernier incident est survenu samedi après-midi. Des individus ont tenté de forcer l’entrée du local qui abrite la centrale électrique des trains à la gare de Rome Aurelia, sans succès, en essayant de briser la porte blindée qui protège les machines. Plusieurs piquets de la clôture ont été arrachés et des éléments du système d’alarme ont été sabotés. Un visseuse a également été dérobée dans un fourgon stationné dans la zone clôturée. Le danger encouru est bien plus grave.
Cette centrale est cruciale pour la circulation ferroviaire sur toute la ligne, et son inactivité pourrait causer de graves perturbations du trafic entre Rome et d’autres régions. Les enquêtes de la Polfer sont en cours, et les images des caméras de sécurité sont examinées ; il est possible qu’il s’agisse d’un vol perpétré par une bande organisée. Cet événement a eu lieu quelques heures après qu’un technicien de RFI a découvert une chaîne de vélo accrochée aux câbles électriques aériens de la ligne ferroviaire dans la province de Padoue, en Vénétie. Si un train était passé à ce moment-là, cela aurait pu endommager le pantographe et, par extension, la ligne, provoquant de graves conséquences sur le trafic ferroviaire nord-est. La Digos de Rome enquête également sur ce cas, ayant acquis les images des caméras de sécurité après une plainte déposée par les Ferrovie dello Stato.
Les enquêtes en cours
Une information sera transmise à la Procura della Capitale. Les délits possibles incluent : dégradation, interruption de service public ou terrorisme (comme cela a été le cas par le passé dans certains procès contre des activistes No Tav). La Procura a ouvert une enquête sur de présumés sabotages après une plainte de Fs déposée mercredi dernier. On évoque des rails brisés, des clous plantés, des câbles coupés et des coupures de courant suspectes. Cinq cas « anormaux » ont été signalés entre le 11 et le 15 janvier durant les heures de pointe. Parmi eux, le chaos survenu le samedi 11 à partir de Milan en raison d’un dommage à la ligne aérienne et une panne le mardi 14 dans la cabine électrique de Porta Maggiore à Rome. On se souvient également du célèbre « clou » dans les câbles électriques à Rome, qui a paralysé une grande partie de l’Italie en octobre.
Dans la plainte, il est question de « dysfonctionnements techniques », mais aussi de possibles « activités internes et/ou externes visant à nuire aux actifs de l’entreprise pour semer le trouble ». De nombreux problèmes techniques peuvent survenir sur un réseau saturé à 85% (pour l’Autorité des transports, la fréquence devrait descendre à 70%), avec 1 200 chantiers ouverts dans le cadre du Pnrr, certains trains âgés de 15 ans, une électrification au Sud bloquée à 58% et peu de voies permettant aux trains à grande vitesse et aux trains régionaux de coexister. Après un 2024 difficile pour les navetteurs et les touristes, et face aux grèves fréquentes, les disfonctionnements se chiffrent déjà à 105 depuis le début de l’année, selon le Codacons, avec de « forts ralentissements ou des suspensions de circulations ».
Les hypothèses sur les causes
Les experts du secteur écartent l’idée d’une orchestration par des anarchistes ou des groupes No Tav et se concentrent sur le système de maintenance, où le personnel de RFI collabore avec les entreprises externes. Ces tentatives de déstabilisation surviennent à un moment où le directeur général de Fs, Stefano Antonio Donnarumma, redessine la structure de l’entreprise, s’apprête à nommer les dirigeants de ses filiales (Rfi et Trenitalia) et envisage de nouvelles procédures de contrôle pour les travaux sous-traités.
Parallèlement, un mécontentement grandissant se fait sentir parmi les employés de RFI, en raison de nouveaux horaires de maintenance étendus sur trois jours pendant huit heures, suite à un accord conclu un an auparavant avec les syndicats. « Nous craignons que – déclarent des représentants de la Lega – après l’échec de l’assaut judiciaire dans l’affaire Open Arms, certains cherchent à stopper Salvini en orchestrant une ‘révolte sociale’ ». Pendant ce temps, l’opposition et les syndicats continuent de protester. Le Mouvement 5 Étoiles évoque un « scénario de renvoi de responsabilité », tandis que le Parti démocrate parle de « maintenance défaillante et de trains régionaux en crise ». Angelo Bonelli d’Avs souligne quant à lui « l’annulation du fonds national pour le transport rapide de masse, pour concentrer les ressources sur le pont de Messine ». Enfin, la Cgil estime que « Salvini a la responsabilité de ne pas s’être suffisamment préoccupé des chemins de fer ».