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Saintes-Maries-de-la-Mer, généralement reconnue comme une station balnéaire méditerranéenne et capitale de la région humide de Camargue, se transforme pendant deux jours en mai en un lieu sacré. C’est alors un point de rassemblement pour les Roms venus de toute la France et d’Europe, qui viennent s’y baigner rituellement. Ce pèlerinage rend hommage aux Trois Marie, considérées comme les premières témoins de la résurrection du Christ, ainsi qu’à leur servante Sarah la Noire, sainte non officielle du peuple rom.
Un lieu chargé d’histoire et de légendes
À l’origine, un temple dédié à la déesse Artémis aurait occupé ce site, suivi de la création d’un couvent au VIe siècle. La légende raconte que Marie-Madeleine, Marie de Cléophas, Marie-Salomé et Sarah seraient arrivées ici par bateau pour évangéliser les habitants locaux. L’église actuelle, datant du IXe siècle, témoigne de cette époque troublée où la côte était souvent attaquée par les Vikings et les Arabes. Elle arbore un extérieur fortifié qui lui donne l’allure d’un château.
Au XIVe siècle, cette église est devenue une destination importante pour les pèlerinages religieux.
Les reliques des Trois Marie
En 1448, lors de fouilles sous le sol de l’église, deux corps furent découverts, dégageant une odeur douce, supposés être ceux de Marie de Cléophas et Marie Salomé. Depuis, il est de tradition de porter ces reliques en procession jusqu’à la mer deux fois par an. Elles reposent aujourd’hui dans une chapelle, anciennement une salle de garde, située au-dessus du chœur de l’église.
Le reliquaire peint, appelé chasse, illustre l’arrivée des Trois Marie sur les rivages. Parmi les découvertes figure également un bloc de marbre poli, nommé « l’oreiller des Saintes Maries », aujourd’hui conservé dans la crypte de l’église.
Le culte mystérieux de Sarah la Noire
Le culte dédié à Sarah la Noire, dont la statue est exposée dans la crypte, demeure plus énigmatique. Non reconnue officiellement comme sainte par l’Église catholique, Sarah était probablement vénérée avant la migration des Roms depuis l’Inde du Nord. Avec le temps, elle est devenue une figure identifiée aux Roms et adoptée comme une sainte populaire.
Certains chercheurs avancent que Sarah pourrait s’inspirer partiellement de la déesse hindoue Kali, en raison des similitudes entre leurs cérémonies respectives. Lors du pèlerinage, la statue de Sarah est également portée jusqu’à la mer, où elle est partiellement immergée dans l’eau en signe de purification.