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Le 4 mai marque le début de la saison des Kranzfeste dans le Schwingen, ce sport traditionnel suisse profondément enraciné dans la culture helvétique. L’année 2025 promet un grand rendez-vous avec l’Esaf (Eidgenössisches Schwing- und Älplerfest), qui se tiendra les 30 et 31 août à Mollis, un événement phare du calendrier. Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette discipline et sa saison à venir.
Origines et histoire du Schwingen
Les origines précises du Schwingen sont difficiles à dater, mais des illustrations datant de 1230 montrent des combats au corps à corps, évoquant des formes primitives de lutte. Il est cependant incertain si elles distinguaient déjà le Schwingen du simple combat de lutte. La discipline s’est réellement répandue au début du XIXe siècle, en partie grâce à la popularité du mouvement gymnastique à travers la Suisse.
Selon des sources écrites, ce sont des bergers alpins qui pratiquaient initialement ce sport, bien que celui-ci ait été interdit par les autorités, principalement pour des raisons religieuses.
Les particularités du Schwingen
Le vêtement traditionnel : la Zwilchhose
Les lutteurs portent une surpantalon en tissu robuste appelé Zwilchhose, disponible en versions claire et foncée. Celui qui porte la Zwilchhose claire est déterminé par l’ordre alphabétique de leur nom, ce qui permet au public, qu’il soit sur place ou à la télévision, de facilement différencier les compétiteurs.
Records et figures majeures du Schwingen
Les champions les plus titrés
Il est difficile de désigner le plus grand Schwinger de l’histoire. Hans Stucki, Rudolf Hunsperger et Jörg Abderhalden ont tous été trois fois couronnés Schwingerkönig (roi du Schwingen). Karl Meli, quant à lui, a été roi à deux reprises mais détient le record de victoires en Kranzfest avec 61 succès. Jörg Abderhalden et Christian Stucki sont les seuls à avoir remporté le « Grand Slam du Schwingen », comprenant l’Eidgenössische, l’Unspunnen et le Kilchberger Schwinget.
Les détenteurs du plus grand nombre de Kränze
Arnold « Nöldi » Forrer est le Schwinger le plus couronné, avec 151 feuilles de chêne (Kränze) à son actif. Thomas Sempach, originaire de Berne, est le meilleur Schwinger encore en activité avec 124 Kränze. Karl Meli détient le record des Kränze gagnés lors de l’Eidgenössisches avec neuf.
Le Kranz et la catégorisation des Schwinger
Au total, 33 lutteurs ont remporté 100 Kränze ou plus au cours de leur carrière. Après Forrer, Hans-Peter Pellet compte 136 Kränze, suivi de Stucki avec 134. En règle générale, seuls les 15 % meilleurs participants à un Kranzfest reçoivent un Kranz, mais ce pourcentage peut monter jusqu’à 18 % en cas d’égalité au classement.
Le terme « Eidgenosse » désigne les Schwinger qui gagnent un Kranz lors de l’Eidgenössisches Schwingfest, qui a lieu tous les trois ans. Les étoiles à côté du nom des lutteurs correspondent à leurs réussites passées : trois étoiles (***) pour les gagnants de Kränze fédéraux, deux étoiles (**) pour ceux remportant des Kränze régionaux, et une étoile (*) pour les victoires cantonales ou locales.
Déroulement d’un combat et terminologie
Les compétitions d’un jour, à l’exception de l’Eidgenössisches, comportent six rounds, tandis que ce dernier en compte huit. Un « Gestellter » correspond à un round nul, où aucun des deux lutteurs ne remporte la victoire.
Techniques et équipement
Les manuels de formation répertorient environ 120 techniques différentes, appelées « Schwünge ». Certains lutteurs portent un protège-oreille pour éviter les blessures type « oreille en chou-fleur », une déformation causée par des hématomes répétés.
Suivre le Schwingen en direct et rémunérations
La télévision suisse SRF couvre en direct les grands événements du Schwingen, diffusant toutes les passes du matin au soir. Les compétitions régionales ne sont pas retransmises en direct, mais peuvent être suivies via des services de live-ticker dans certaines régions comme Berne.
Il n’existe pas de primes officielles pour les victoires. Cependant, les compétiteurs reçoivent souvent des cadeaux, dont la valeur équivaut parfois à celle d’un taureau gagnant. Les lutteurs les plus performants peuvent également percevoir plusieurs centaines de milliers d’euros grâce à des contrats publicitaires.
Les figures actuelles du Schwingen
Fabian Staudenmann, âgé de 25 ans, a été le Schwinger le plus performant de la saison précédente. Il a remporté six Kranzfeste en plus de l’Eidgenössisches Jubiläumsschwingfest et a battu son principal rival Samuel Giger, vainqueur de l’Unspunnen. Avec un taux de victoire de 81,7 % (49 victoires sur 60 combats) en 2024, Staudenmann domine le classement annuel officiel de l’Association suisse de Schwingen.
Parmi les autres lutteurs de haut niveau figurent Samuel Giger, Werner Schlegel, Adrian Walther, Armon Orlik et le roi en titre Joel Wicki. Tous sont de sérieux prétendants pour le titre lors de l’édition 2025 à Mollis.
Caractéristiques physiques des Schwinger
Le plus lourd compétiteur est Tiago Vieira, originaire du Nord-Ouest de la Suisse, mesurant 1,90 m pour 150 kg. Le plus léger Schwinger ayant remporté un Kranz est Thiben Althaus du club de Schwingen d’Aigle, avec un poids de 73 kg en 2024.
Thomas Sempach est le doyen des lutteurs actifs à 40 ans, suivi de près par Hanspeter Luginbühl qui fêtera ses 41 ans en juin. Le plus petit Schwinger actif ayant obtenu un nouveau Kranz en 2024 est Grégoire Loup, du canton de Fribourg, mesurant 1,72 m.