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Des preuves de l’eau sur Mars grâce à un météorite marocain
Des preuves nouvelles trouvées par des scientifiques dans un météorite tombé il y a des années dans le désert marocain indiquent que l’eau liquide était présente sur Mars il y a 4,45 milliards d’années. Une étude récente publiée dans la revue Science Advances montre des preuves sans précédent de la présence d’eau sous forme de fluides hydrothermaux sur Mars, seulement 100 millions d’années après sa formation.
Les résultats proviennent d’une analyse microscopique réalisée par des chercheurs des universités de Lausanne en Suisse et de Curtin en Australie, portant sur le météorite connu sous le nom de « NWA 7034 » ou « le beau noir ». Cette découverte apporte des informations précieuses qui renforcent l’hypothèse selon laquelle Mars aurait pu abriter une forme de vie à un moment de son histoire.
Importance des systèmes hydrothermaux
Les chercheurs expliquent que les systèmes hydrothermaux, où des fluides chauds interagissent avec des roches, sont essentiels pour comprendre les environnements propices à l’apparition de la vie. Sur Terre, ces systèmes ont été liés aux premières formes de vie. Sur Mars, des études antérieures ont prouvé l’existence de rivières fossiles et de minéraux argileux datant de plus de 3,8 milliards d’années, ce qui pourrait indiquer la présence d’eau liquide à la surface.
La docteure Maysaa El Yzeidi, chercheuse à l’Institut national italien de physique astrophysique, qui n’a pas participé à l’étude, a déclaré dans une interview exclusive : « Nous n’avons jusqu’à présent trouvé aucune preuve définitive de la présence d’eau liquide à la surface de Mars ou dans ses profondeurs. Ce que les scientifiques ont trouvé, ce sont des indicateurs de la présence de traces d’écoulement de liquide à la surface, qui pourraient être de la lave, du gaz méthane ou de l’eau. »
Elle ajoute également que « des données radar collectées depuis 2018 suggèrent la possibilité d’eau salée dans certaines zones sous la surface, notamment au pôle sud de Mars ».
Exploration du météorite et implications
Cependant, cette nouvelle étude va plus loin en établissant une preuve directe de la présence de fluides aqueux enfouis profondément sous la surface de Mars à une époque très ancienne. Cette preuve a été trouvée dans le météorite connu sous le nom de « beau noir », considéré comme le deuxième plus ancien météorite martien découvert sur Terre, récupéré dans le sud-est du Maroc en 2011.
Les analyses des composants de ce météorite montrent qu’il est exceptionnellement riche en eau et en matériaux anciens, datant d’environ 4,45 milliards d’années, et contenait dix fois plus d’eau que tout autre météorite. Ces caractéristiques en font, selon l’étude, un témoin unique des conditions hydrothermales précoces sur Mars.
Le zircon et sa signification
L’étude s’est concentrée sur le minéral zircon trouvé dans des fragments du météorite, un minéral connu pour sa stabilité chimique et sa capacité à préserver des traces géologiques pendant des milliards d’années. Composé de silicium, d’oxygène et de zirconium, ce zircon extrait du météorite « beau noir » date de 4,45 milliards d’années, ce qui en fait l’un des plus anciens minéraux martiens jamais analysés.
Les chercheurs ont utilisé des techniques avancées, telles que la microscopie électronique à balayage et l’imagerie par tomographie à sonde atomique, pour étudier la composition chimique de ce zircon à l’échelle nanométrique. Ils ont découvert qu’il était riche en éléments étrangers par rapport au zircon fondu, tels que le fer, l’aluminium et le sodium. Ces caractéristiques, observées auparavant dans le zircon terrestre formé en présence de fluides aqueux, indiquent que ce zircon martien s’est cristallisé dans un environnement hydrothermal.
Ces résultats suggèrent que la croûte martienne était le foyer de fluides aqueux il y a 4,45 milliards d’années, et qu’ils étaient probablement liés à des systèmes hydrothermaux. Cela constitue, selon la chercheuse tunisienne, « un nouvel élément du puzzle que nous sommes en train de découvrir concernant la présence d’eau et peut-être d’une forme de vie sur Mars à un moment donné ».
Perspectives futures
Ces découvertes renforcent l’intérêt pour la collecte et l’étude d’échantillons martiens sur leur site d’origine. Si les missions de recherche actuelles, telles que la mission « Mars Sample Return », réussissent à ramener des échantillons similaires sur Terre, cela pourrait, selon les chercheurs, marquer le début d’une nouvelle ère dans la compréhension de l’histoire géologique et hydrologique de Mars.