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Étude : émissions des entreprises fossiles aggravent les vagues de chaleur

by Sara
Monde, États-Unis, Suisse, France, Allemagne

Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature établit un lien direct entre les émissions carbone des grandes entreprises de combustibles fossiles et des dizaines de vagues de chaleur meurtrières à travers le monde. Les auteurs constatent que les émissions de 180 « grandes entreprises du carbone » ont contribué de manière substantielle à l’aggravation de l’intensité des épisodes de chaleur.

Ce constat met en lumière la responsabilité des acteurs industriels dans l’amplification des extrêmes climatiques et alimente les débats juridiques et politiques sur la réparation des dommages climatiques.

Principaux résultats

La recherche donne des chiffres marquants et facilement lisibles :

  • Les émissions cumulées issues de 180 entreprises du carbone expliqueraient près de la moitié de l’augmentation observée de l’intensité des vagues de chaleur.
  • La destruction des forêts représente la majeure partie de la part restante des émissions responsables.
  • Sur 213 vagues de chaleur étudiées (période 2000-2023), la probabilité de ces événements a été multipliée en moyenne par 200 entre 2010 et 2019 en raison du réchauffement lié aux émissions de carbone.
  • Les émissions d’aucune des 14 plus grandes entreprises n’étaient négligeables : chacune d’elles suffisait, à elle seule, à rendre plus probables plus de 50 vagues de chaleur, un résultat quasi impossible sans ces émissions.

Exemples et amplitudes

Les auteurs donnent des exemples concrets pour illustrer l’ampleur du phénomène. Par exemple, la pollution carbonée attribuée à ExxonMobil a accru d’au moins 10 000 fois la probabilité de survenue de 51 vagues de chaleur comparé à un monde sans combustion massive de combustibles fossiles.

De manière générale, les chercheurs concluent que le réchauffement climatique a rendu chacune des 213 vagues de chaleur étudiées à la fois plus probable et plus intense, la situation s’étant détériorée avec le temps.

Méthodologie : l’analyse d’attribution

L’étude s’appuie sur une méthode dite d’attribution. Elle compare le monde actuel, plus chaud, à un monde antérieur à la combustion intensive de combustibles fossiles pour évaluer l’apport des émissions au renforcement des vagues de chaleur.

Les chercheurs ont utilisé :

  • des données d’observation météo et des modèles climatiques,
  • l’énorme base de données de catastrophes EM-DAT pour recenser 213 vagues de chaleur majeures entre 2000 et 2023,
  • des simulations séparant l’impact des émissions de chaque gaz et source afin de calculer leur contribution à l’augmentation de probabilité des événements extrêmes.

Les auteurs précisent que, bien que de nombreuses études aient déjà relié des événements isolés au réchauffement, leur travail est la première analyse systématique d’une série d’événements à cette échelle.

Cas étudié : la vague de chaleur du nord-ouest Pacifique (2021)

La vague de chaleur extrême ayant frappé le nord-ouest de l’océan Pacifique en 2021 a été intensifiée d’environ 3 °C en lien avec le réchauffement planétaire. Ce chiffre illustre la façon dont le changement climatique accroît l’extrême des températures locales.

L’événement fait partie des 213 épisodes analysés et sert d’exemple de l’effet cumulatif des émissions sur des phénomènes climatiques extrêmes.

Impact humain et limites des données

Le réchauffement mondial augmente la fréquence, la durée et l’intensité des vagues de chaleur à l’échelle globale. L’Organisation mondiale de la santé estime que les effets liés à la chaleur entraînent au minimum 500 000 décès chaque année.

Les auteurs notent toutefois des limites dans les données : l’Afrique et l’Amérique du Sud sont particulièrement sous-représentées en raison du manque de rapports et de données météo fiables, ce qui conduit probablement à sous-estimer l’ampleur réelle du problème.

Responsabilité des entreprises et répercussions juridiques

Les chercheurs insistent sur la valeur juridique potentielle de ces résultats. La capacité à relier des vagues de chaleur spécifiques aux émissions d’entreprises donne un élément factuel pour établir une responsabilité potentielle.

La professeure Sonia Seneviratne (Université fédérale de Zurich), coauteure principale, déclare que tracer la contribution de ces grandes sources de carbone et quantifier leur part peut s’avérer extrêmement utile pour déterminer les responsabilités.

Le Dr David Faranda, directeur de recherche au CNRS (non impliqué dans l’étude), ajoute : « Cette étude ajoute une étape cruciale : elle relie des catastrophes climatiques précises aux entreprises dont les émissions y ont contribué. Ce pont peut devenir la pierre angulaire d’actions juridiques et politiques visant à tenir les pollueurs responsables. »

Interprétations et réactions d’experts

Plusieurs spécialistes externes évoquent l’importance de l’étude pour les futures procédures climatiques. Le Dr Karsten Haustein (université de Leipzig), qui n’a pas participé à la recherche, souligne : « Cette étude représente une avancée décisive pour étayer juridiquement les recours climatiques. »

Les chercheurs rappellent également que les émissions commencent dès l’usage quotidien d’huile, de gaz ou de charbon pour le chauffage et les transports. Toutefois, les entreprises fossiles portent une responsabilité particulière en raison de campagnes de désinformation et de pressions exercées depuis les années 1980, alors même qu’elles connaissaient les risques du réchauffement lié à la combustion des hydrocarbures.

Conséquences politiques et appels à l’action

Des décisions judiciaires récentes renforcent l’idée de responsabilité. La Cour internationale de justice a jugé qu’une carence à prévenir des dommages climatiques pourrait entraîner des obligations de réparation.

Au niveau national, des tribunaux supérieurs, notamment en Allemagne, ont déjà imputé une part de responsabilité juridique à des sociétés de combustibles fossiles pour leurs contributions aux dommages climatiques.

Cassidy DeBeola, porte-parole de la campagne « Make Polluters Pay » (Faire payer les pollueurs), commente : « Voici les preuves que les tribunaux attendaient. La facture arrive, et il est temps que ces pollueurs paient pour les dommages qu’ils ont causés. »

Illustration

Émissions de gaz à effet de serre

Les émissions des entreprises fossiles ont contribué à l’augmentation des températures planétaires et à la survenue de vagues de chaleur extrêmes.

source:https://www.aljazeera.net/climate/2025/9/12/%d8%af%d8%b1%d8%a7%d8%b3%d8%a9-%d8%a7%d9%86%d8%a8%d8%b9%d8%a7%d8%ab%d8%a7%d8%aa-%d8%b4%d8%b1%d9%83%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d9%88%d9%82%d9%88%d8%af-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d8%ad%d9%81%d9%88%d8%b1%d9%8a

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