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Des scientifiques mettent en garde : l’exploitation minière des fonds marins pourrait détruire le plancton et les petites créatures marines, perturbant ainsi les réseaux trophiques et menaçant l’ensemble des écosystèmes océaniques.
Une étude alerte sur des conséquences en cascade
Une nouvelle étude publiée dans Nature (https://www.nature.com/articles/s41467-025-65411-w) montre que le forage à la recherche de minerais en eaux profondes risque d’avoir des répercussions graves sur les organismes microscopiques qui constituent le cœur de la chaîne alimentaire marine.
Les auteurs soulignent que l’impact sur ces petites espèces pourrait se répercuter sur des animaux plus grands, notamment des poissons, des oiseaux et des mammifères marins.
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Que sont les nodules polymétalliques ?
Les opérations d’extraction visent principalement les nodules polymétalliques : des graviers de la taille d’une pomme de terre formés sur des centaines de milliers, voire des millions d’années.
Ces nodules sont riches en manganèse, nickel, cobalt, cuivre et en éléments de terres rares (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/2/20/%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%B9%D8%A7%D8%AF%D9%86-%D9%88%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%88%D8%A7%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D9%86%D8%A7%D8%AF%D8%B1%D8%A9-%D9%85%D8%A7-%D9%87%D9%8A-%D9%88%D9%85%D8%A7).
Ils constituent des habitats essentiels pour de nombreuses espèces des profondeurs.
Zone étudiée et méthodologie
Des chercheurs de l’université d’Hawaï (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/1/12/%D9%87%D8%A7%D9%88%D8%A7%D9%8A-%D8%A3%D8%B1%D8%AE%D8%A8%D9%8A%D9%84-%D8%AE%D8%A7%D8%B1%D8%AC-%D8%A7%D9%84%D8%AC%D8%BA%D8%B1%D8%A7%D9%81%D9%8A%D8%A7) ont étudié une région du Pacifique appelée « zone du crépuscule », située entre 200 et 1 500 mètres de profondeur (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/5/25/%D8%A7%D9%84%D9%87%D8%A7%D8%AF%D9%8A-%D8%B9%D9%85%D9%84%D8%A7%D9%82-%D9%85%D8%AD%D9%8A%D8%B7%D8%A7%D8%AA-%D8%A7%D9%84%D8%A3%D8%B1%D8%B6).
Leurs résultats montrent que les déchets miniers peuvent affecter des organismes allant de petits crustacés de moins de 2 mm jusqu’à des poissons de 5 cm.
Comment les opérations polluent la colonne d’eau
Lors du forage profond, les entreprises remontent à la surface les nodules riches en métaux, puis rejettent de l’eau de mer excédentaire, des sédiments et des résidus du fond marin.
Ce rejet forme un nuage dense de particules contaminées qui servent de nourriture au plancton et aux organismes nageant à ces profondeurs.
- Si ces organismes ingèrent des particules polluées — qualifiées par le chercheur principal Brian Bopp de « nourriture malsaine » —, cela affecte directement près de 60 % des espèces qui se nourrissent de zooplancton.
- Selon Michael Dawood, auteur principal et spécialiste en océanographie, des poissons de surface peuvent plonger vers les couches profondes pour se nourrir, propageant ainsi les effets plus haut dans la chaîne alimentaire.
Un accent nouveau sur la colonne d’eau intermédiaire
Les études précédentes mettaient surtout l’accent sur les dégâts directs au niveau du fond marin. Cette recherche attire l’attention sur la couche d’eau intermédiaire, souvent négligée, mais cruciale pour les échanges alimentaires entre profondeurs et surface.
L’image ci-dessous illustre une mobilisation citoyenne contre l’exploitation minière en eaux profondes :

Alternatives et risques d’expansion
Brian Bopp indique que le forage des grands fonds n’est pas nécessairement incontournable. Il évoque des alternatives comme :
- le recyclage accru des batteries et des appareils électroniques,
- le tri et la gestion des déchets miniers pour réduire les rejets nocifs.
Si une seule entreprise exploite ponctuellement un site, l’impact reste limité. En revanche, des activités prolongées et multiples pourraient diffuser la pollution sur de vastes zones, alertent les chercheurs.
Pressions politiques et enjeux géopolitiques
En avril, le président américain Donald Trump a signé un décret demandant à l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère d’accélérer l’octroi de permis pour l’exploitation minière en eaux profondes (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/8/26/%D8%AF%D9%88%D9%86%D8%A7%D9%84%D8%AF-%D8%AA%D8%B1%D9%85%D8%A8).
En mai, l’administration américaine a annoncé qu’elle examinerait la vente de baux pour l’extraction de minerais au large de l’île de Samoa américaines dans le Pacifique.
En octobre, la NOAA a soumis un projet de loi à la Maison-Blanche pour simplifier les procédures d’exploitation (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/8/27/%D8%A7%D9%84%D8%A8%D9%8A%D8%AA-%D8%A7%D9%84%D8%A3%D8%A8%D9%8A%D8%B6-%D9%85%D8%B7%D8%A8%D8%AE-%D8%A7%D9%84%D9%82%D8%B1%D8%A7%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D8%A3%D9%85%D9%8A%D8%B1%D9%83%D9%8A).
Impacts invisibles mais durables
Les organisations de protection de l’environnement demandent l’interdiction de l’exploitation des grands fonds, en évoquant non seulement les dommages directs à la faune mais aussi la perturbation du carbone stocké dans les océans et leurs sédiments.
À ce jour, les humains ont exploré moins de 0,001 % des grands fonds — une surface équivalente à un dixième de la Belgique —, ce qui signifie que notre compréhension de ces systèmes reste très limitée.
Les scientifiques soulignent que certaines espèces profondes sont extrêmement anciennes : des poissons vivant des centaines d’années, des coraux millénaires, et des éponges pouvant atteindre 11 000 ans.
Farah Ubaidallah, militante et fondatrice de l’organisation « Nous et l’océan » en Espagne, rappelle que de nombreuses espèces restent sans découverte et que ces écosystèmes ne se régénèrent pas à l’échelle du temps humain — une fois détruits, ils peuvent l’être pour toujours.