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Le coût écologique et humain des produits agricoles importés

by Sara
Le coût écologique et humain des produits agricoles importés
France

Les impacts sociaux et environnementaux des produits agricoles tropicaux importés en France sont alarmants, selon une étude récente. Les efforts de régulation semblent également stagnants, ce qui soulève des inquiétudes quant à la durabilité de ces pratiques.

Le cas de la vanille et du cacao

Les amateurs de glace à la vanille pourraient être choqués d’apprendre que le travailleur malgache qui récolte cette gousse précieuse ne gagne que 40 % de ce qui serait nécessaire pour subvenir à ses besoins essentiels et ceux de sa famille, incluant alimentation, logement, soins et éducation. En parallèle, l’impact environnemental est tout aussi préoccupant : chaque tonne de vanille produite pollue plus d’un million de litres d’eau en raison des produits chimiques utilisés.

Envisager de privilégier la glace au chocolat pourrait sembler une meilleure option. En effet, la pollution de l’eau associée au cacao est cinq fois moindre et les revenus des producteurs en Côte d’Ivoire et au Ghana, principaux fournisseurs de la France, s’élèvent à 57 % du niveau de vie décent. Cependant, la déforestation causée par la culture du cacao est près de 800 fois plus élevée que celle de la vanille, et les émissions de gaz à effet de serre par tonne produite passent de 1,2 à 19,3 tonnes d’équivalent CO2.

Une étude révélatrice

Ces informations proviennent d’une étude réalisée par le Bureau d’analyse sociétale d’intérêt collectif (Basic), à la demande de Greenpeace France, de Max Havelaar France et de l’Institut Veblen. L’étude vise à déterminer les empreintes sociales et environnementales des produits alimentaires importés par la France et à analyser comment les politiques publiques sur le commerce peuvent influencer ces enjeux.

Pour ce faire, les chercheurs ont croisé des données scientifiques sur les impacts sociaux et environnementaux avec les importations en France des treize principales filières de production, tant en volume qu’en valeur. Par exemple, bien que produire un kilo de vanille et un kilo de soja ait un coût climatique similaire, la France importe annuellement plus de 3 millions de tonnes de soja contre seulement quelques centaines de tonnes de vanille.

Pressions sociales et environnementales

L’étude évalue également l’empreinte des filières d’importation sur l’eau (en termes de volumes prélevés et pollués) et sur les forêts. Dans le cas de la déforestation, le soja et l’huile de palme sont les filières les plus problématiques. Concernant les enjeux sociaux, l’étude met en lumière des cas de travail des enfants et de travail forcé, notamment dans les secteurs du sucre de canne, du cacao, du café, de l’huile de palme, de la vanille et du riz.

Aucune filière ne garantit de revenus permettant un niveau de vie décent pour les travailleurs. Le thé, qui atteint 86 % du niveau de vie décent, est l’exception, tandis que d’autres comme la noix de cajou, la banane ou le soja se situent entre 60 % et 75 %. En bas de l’échelle, la vanille se retrouve avec les pires résultats.

Vers une régulation nécessaire

Les consommateurs, à travers leurs choix alimentaires, ont un pouvoir limité pour changer la situation actuelle. Une régulation publique est donc essentielle. Dans le cadre du Pacte vert lancé en 2019, les États européens ont adopté en 2024 trois législations prometteuses. Bien qu’elles ne visent pas spécifiquement la durabilité sociale et environnementale des importations alimentaires, leur analyse par le Basic indique qu’elles répondent à de nombreux enjeux identifiés.

Ces législations comprennent la directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CS3D), le règlement sur le travail forcé et le règlement sur la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE).

Les défis des accords de libre-échange

Cependant, ces avancées législatives sont menacées par des contre-offensives des droites européennes et des milieux patronaux qui cherchent à en atténuer les exigences et à retarder leur mise en œuvre. La CS3D est particulièrement ciblée. De plus, des points de friction demeurent, comme le fait que le RDUE ne précise pas qui doit payer pour garantir que l’importation d’un produit ne génère pas de déforestation.

Les législations, bien que prometteuses, se heurtent également à la politique commerciale de l’Union européenne, comme le montre l’accord UE-Mercosur, dans lequel un pays du Mercosur pourrait contester les réglementations européennes s’il estime qu’elles nuisent à ses exportations. En outre, certains accords permettent à des pays comme le Brésil d’exporter vers l’UE des produits cultivés avec des pesticides interdits en Europe, ce qui met en lumière les contradictions dans les pratiques agricoles européennes.

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