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Le président Emmanuel Macron a récemment annoncé la mise en place d’une limitation de l’activité du chalut de fond dans certaines zones des aires marines protégées (AMP) françaises. Lors d’un entretien avec la presse régionale, notamment Ouest-France, Macron a indiqué qu’un travail précis, élaboré en collaboration avec des scientifiques et des pêcheurs, avait permis d’aboutir à une cartographie des zones concernées, qui sera présentée par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
Ce geste s’inscrit dans un contexte où la pratique du chalutage de fond est vivement critiquée par les ONG environnementales en raison de ses effets délétères sur les habitats marins. Technique peu sélective et gourmande en carburant, le chalutage racle le fond marin, détruit la biodiversité, relâche du CO2 et provoque la mort d’espèces non ciblées, ce qui en fait une activité vivement contestée dans la stratégie plus vaste de protection des océans.
Une étape limitée mais symbolique
Malgré l’annonce de Macron, certains observateurs considèrent qu’il s’agit d’un premier pas insuffisant. L’ONG Oceana, tout comme Greenpeace, soulignent que la mesure ne va pas assez loin, puisqu’elle concerne uniquement quelques zones des AMP et n’interdit pas formellement le chalutage dans la majorité des eaux protégées françaises. François Chartier de Greenpeace déplore un manque d’ambition, évoquant un « peu d’action » pour véritablement protéger la biodiversité marine.
Pour Oceana, cette limitation marque néanmoins une avancée, car jusqu’ici, la pratique du chalutage de fond dans ces zones restait une question taboue. Nicolas Fournier, porte-parole de l’ONG, insiste sur le fait qu’interdire cette technique dans une AMP comme Port-Cros aurait un impact minimal si toutes les activités extractives, y compris la pêche industrielle, ne sont pas globalement encadrées de manière stricte.
Une protection encore fragile et contestée
Lors du même entretien, Macron a révélé que la France s’engageait à renforcer la protection de ses AMP, notamment dans des sites comme Port-Cros, les Calanques, la Corse ou la façade Atlantique, avec l’objectif de couvrir 10 % du domaine maritime sous une protection forte dès le 1er janvier 2026, soit avec quatre ans d’avance sur l’objectif européen fixé à 2030.
Toutefois, cette avancée est contestée par plusieurs ONG qui dénoncent une politique de gestion « à la carte » et une protection qui reste souvent symbolique, car la majorité des AMP autorisent la pratique du chalut de fond ou d’autres activités extractives. La « protection forte » proposée par la France est perçue comme insuffisante et manque de cadres contraignants solides pour réellement préserver la biodiversité marine.
Critiques et implications politiques
Les associations environnementales telles que Bloom ou Oceana dénoncent une communication politicienne, soulignant que cette annonce paraît principalement destinée à l’image, en contraste avec la réalité — une protection personnelle et limitée. Nicolas Fournier, d’Oceana, qualifie cette démarche de « mesure attendue » mais regrette qu’elle ne marque pas un changement radical.
Par ailleurs, certains experts et juristes déplorent la mise en œuvre d’une « logique du cas par cas », qui permanentise une gestion ambivalente voire opaque des enjeux environnementaux, et fragilise la crédibilité des institutions publiques. Marine Calmet, juriste engagée pour la protection de l’environnement, met en garde contre une dégradation de la confiance dans la légitimité des règles et des acteurs de la protection maritime.
Ce positionnement, souvent perçu comme une volonté de concilier intérêts économiques et écologiques, soulève un vrai enjeu démocratique et pose la question d’une véritable volonté politique pour préserver durablement les écosystèmes marins français.