À Reims, des ballons stratosphériques développés par une équipe universitaire mesurent les émissions de gaz à effet de serre liées aux incendies et ont valu à leurs concepteurs une distinction de la NASA, récompensant huit ans de travaux sur les lâchers de ballons atmosphériques.
À Reims, des ballons stratosphériques pour mesurer les gaz à effet de serre lors des incendies
Depuis 2017, le chercheur Lilian Joly et son équipe du laboratoire Aerolab de l’université de Reims Champagne‑Ardenne organisent des lâchers de ballons atmosphériques au départ de l’agglomération rémoise. Ces porteurs ultra‑légers, de 3 à 6 kg, peuvent atteindre la stratosphère, jusqu’à 30 km d’altitude, et transporter des instruments destinés à quantifier les émissions de gaz à effet de serre.
« C’est le seul porteur capable d’aller si haut, et c’est beaucoup plus économique et flexible qu’un avion », souligne Lilian Joly. Les mesures obtenues servent notamment à surveiller les feux de forêts et les irruptions volcaniques, en évaluant leur impact sur la chimie de l’atmosphère et la qualité de l’air.
Depuis 2017, l’équipe a déjà lancé 200 ballons depuis la structure dédiée de l’université. En janvier 2025, cette infrastructure a été labellisée « service national d’observation » par le CNRS et bénéficie d’un accompagnement de la direction générale de l’aviation civile.
De nouveaux vols sont prévus de septembre à novembre depuis Reims pour observer les conséquences des super‑feux qui ont touché le Canada cet été : près de 6,5 millions d’hectares de forêt ont brûlé, la plus grande superficie jamais enregistrée. « Les prochains vols qu’on va effectuer vont permettre de mesurer l’impact du nombre de feux et des superficies brûlées sur l’air qu’on respire et la chimie atmosphérique. On cherche à savoir si ça va modifier le climat de demain », poursuit Lilian Joly.
Distinction de la NASA le 12 août 2025 et perspectives de collaboration
Le 12 août 2025, Lilian Joly et son équipe ont reçu à Hampton, en Virginie, un « prix de réussite collective » au centre de recherche Langley de la NASA. « C’était très émouvant, cette cérémonie à l’américaine avec 600 personnes. » Le professeur se souviendra de la directrice qui a pris la parole et de « tout le monde [ayant] la main sur le cœur durant l’hymne officiel ». Il ajoute : « Ce type de prix on ne le reçoit qu’une fois dans une vie. C’est une reconnaissance personnelle et c’est une fierté pour toute notre équipe. »
Lilian Joly évoque également l’impression laissée par le site de la NASA, où Neil Armstrong et Buzz Aldrin se sont entraînés avant l’alunissage de 1969. « On se sent tout de suite concerné quand on passe les portes du site de la Nasa. Les infrastructures sont énormes. C’est ici qu’on développe des fusées. C’est ici aussi que des missions incroyables se sont préparées », s’enthousiasme‑t‑il. Privé de son téléphone pour des raisons de sécurité, il a pu récupérer des photos institutionnelles après sa visite.
Le contact avec la NASA ne date pas de la remise du prix : le projet de Reims a attiré l’attention de l’agence spatiale dès 2022. « On collabore maintenant depuis 2 ans avec eux et ça nous a propulsé sur des projets à plus grande échelle. Notre site de Reims (Marne) est intégré dans leur réseau, et on a acquis une visibilité mondiale », se réjouit le chercheur.
Calendrier et participation :
- de septembre à novembre 2025 : séries de vols pour observer les retombées des incendies canadiens ;
- d’ici la mi‑septembre 2025 : venue de trois chercheurs de la NASA pour participer aux lâchers et effectuer des mesures spécifiques ;
- consortium créé en 2022 : collaboration entre des chercheurs de Reims, d’Orléans (Loiret) et l’agence spatiale américaine.
Ces étapes concrètes doivent permettre d’affiner les données sur la dispersion des polluants et l’impact des événements extrêmes sur la composition atmosphérique, grâce à une méthode alternative aux campagnes aériennes traditionnelles, moins coûteuse et plus flexible.