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Sommet de l’ONU à Nice : Sauver l’océan en péril ?

by Sara
Sommet de l'ONU à Nice : Sauver l'océan en péril ?
France

Nice accueille, du 9 au 13 juin, le troisième sommet onusien sur l’océan. Plusieurs annonces sont attendues pour mieux protéger des ressources océaniques de plus en plus menacées par les activités humaines.

Une vision nouvelle du Grand Bleu

Et si nous regardions l’océan autrement ? Imaginons que le Pacifique, l’Atlantique, la Tyrrhénienne ou la Baltique soient les filiales de la plus grande multinationale. En bon consortium, la mer a diversifié ses activités sur les trois quarts de la surface de la planète. Depuis sa création, il y a plus de 4 milliards d’années, elle capte le CO2 et la chaleur excédentaires de l’atmosphère, régulant ainsi le climat planétaire. Chaque année, elle produit 223 millions de tonnes de poissons, de fruits de mer et d’algues.

En plus, elle génère d’énormes quantités d’énergie. La propagation de ses ondes produit un térawatt par heure, et son potentiel est estimé à cent trente fois supérieur, soit cinq fois la consommation mondiale d’électricité. De plus, elle collabore avec des compagnies pétrolières qui extraient près d’un tiers de leurs hydrocarbures au large.

Vers la fin de l’âge d’or

La mer joue également un rôle clé dans la logistique. Plus de 80 % des marchandises transitent par ses caps et ses détroits. En 2023, ses eaux claires ont accueilli des centaines de millions de touristes, qui ont dépensé environ 1 500 milliards d’euros, selon le World Travel and Tourism Council. En 2020, le chiffre d’affaires de l’économie maritime a atteint 2 600 milliards d’euros, un chiffre qui représente le double de celui de 1995.

Les économistes de l’OCDE soulignent que l’économie de la mer s’est développée sans connaître de récessions majeures au cours des vingt-cinq dernières années, prouvant ainsi sa résilience et son potentiel économique. Cependant, la situation n’est pas sans défis. En 2006, 151 millions de personnes travaillaient dans ce secteur ; ce chiffre a chuté d’un tiers en raison de la pandémie de Covid-19.

Un secteur menacé

Les problèmes liés à l’exploitation et au transport de pétrole ne sont plus les principaux enjeux actuels. Depuis les années 1970, les accidents et les marées noires sont devenus rares. En revanche, la pollution tellurique est une menace majeure. Des centaines de millions de tonnes de déchets et d’eaux usées sont déversées dans les mers par les fleuves et les métropoles côtières, créant des zones mortes dépourvues de vie.

Les millions de tonnes de microplastiques présents dans l’eau menacent la faune marine. Ces particules pénètrent dans les organismes marins, perturbant leur digestion. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) alerte également sur les microfibres de textiles, qui, à chaque lavage, sont libérées par centaines de milliers, affectant les mollusques.

Impact des émissions de gaz à effet de serre

L’océan subit également les conséquences de nos émissions de gaz à effet de serre. Il absorbe un quart de nos rejets de carbone, ce qui entraîne une augmentation de l’acide carbonique et une diminution du pH. L’acidification a augmenté de 26 % depuis le début de la révolution industrielle, menaçant le phytoplancton et les espèces à squelettes calcaires comme les coraux.

En parallèle, l’océan se réchauffe rapidement, avec une augmentation de 0,6 °C depuis la fin du siècle dernier. Cela modifie la répartition des espèces marines, poussant des poissons tropicaux vers l’Atlantique Nord.

La Méditerranée en souffrance

La Méditerranée, qui accueille le sommet onusien sur l’océan, est particulièrement vulnérable. Son climat a gagné 1 °C depuis 1993, faisant d’elle la région du monde qui se réchauffe le plus rapidement après l’Arctique. Cette mer, qui fait vivre 530 millions de personnes et accueille un tiers des touristes mondiaux, est un hotspot de biodiversité, mais elle est également en proie à des inégalités. Plus de 100 millions de personnes au sud souffrent de pénurie d’eau et de conditions de vie dégradées.

Scénarios d’avenir

Les experts du Plan bleu prévoient des évolutions inquiétantes pour le bassin méditerranéen d’ici le milieu du siècle. Le climat devrait se réchauffer de 2,3 °C, entraînant une sévère raréfaction des ressources en eau dans le sud et l’est. Le niveau de la mer pourrait augmenter de 40 cm, impactant les milieux naturels et la pêche.

Attentes pour le sommet

Le sommet UNOC 3 pourrait-il modifier ces projections ? Les attentes sont élevées même si le directeur des relations européennes et internationales à l’Office français de la biodiversité, Cyrille Barnerias, précise que cette conférence n’a pas vocation à aboutir à des décisions concrètes. Cependant, des mesures telles que le plafonnement des émissions des navires en Méditerranée pourraient réduire d’environ 1 000 décès prématurés par an.

Des annonces concernant la création d’aires marines protégées sont anticipées, avec un objectif de 30 % d’aires protégées d’ici 2030. À Nice, le Centre national d’études spatiales (Cnes) présentera la Space4Ocean Alliance, qui fournira des outils de gestion aux petites îles menacées.

Coalitions pour la résilience côtière

Une autre initiative attendue est la coalition Ocean Rise and Coastal Resilience, coordonnée par la ville de Nice, qui vise à échanger des bonnes pratiques sur l’adaptation à la montée des eaux. La diplomatie française travaille également à la ratification d’un accord de l’OMC sur les subventions à la pêche, qui pourrait entrer en vigueur si 110 pays le ratifient.

Enfin, l’initiative des 100 %, qui encourage les États à gérer leurs eaux territoriales, sera également mise en avant, bien que certains la considèrent comme insuffisante par rapport aux enjeux actuels.

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