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Villes africaines et explosion démographique : vers un avenir incertain

by Sara
Villes africaines et explosion démographique : vers un avenir incertain
Afrique

D’ici à 2050, la population urbaine africaine devrait atteindre 1,4 milliard, soit le double des 700 millions actuels. Cette croissance rapide alerte sur la nécessité d’une planification urbaine rigoureuse afin d’éviter la prolifération de bidonvilles informels, majoritairement peuplés de jeunes défavorisés. Greg Munro, directeur de Cities Alliance, insiste ainsi lors de la présentation du rapport « Dynamiques de l’urbanisation africaine 2025 » : « Nous devons agir, nous devons planifier dès maintenant. »

Un défi majeur pour l’Afrique urbaine

Le rapport offre une analyse approfondie des transformations urbaines qui façonneront le continent. Cette transition, à la fois urgente et porteuse d’opportunités inédites, nécessite une planification stratégique, une gouvernance efficace et des financements innovants. Destiné aux décideurs, experts et partenaires au développement, ce document vise à formuler des recommandations pour des villes africaines efficientes, inclusives et durables.

Nombre de villes et quartiers urbains africains restent à construire dans les décennies à venir. Philipp Heinrigs, responsable de la division villes et urbanisation à l’OCDE, souligne l’urgence d’initier des plans dès aujourd’hui. Une planification anticipée favorisera un impact positif sur l’environnement, l’économie et le social, en améliorant l’accès à l’emploi, aux services publics, à la santé et aux transports.

Le manque de ressources humaines qualifiées et de financements est préoccupant. Au Nigeria, par exemple, le rapport révèle une carence de 20 000 planificateurs urbains. Avec l’émergence prévue de mégalopoles telles que Lagos et Onitsha, chacune dépassant 30 millions d’habitants, il devient vital d’adopter de nouvelles approches adaptées aux réalités locales. Philipp Heinrigs insiste également sur l’intégration systématique des enjeux environnementaux et climatiques, en particulier pour prévenir les implantations dans des zones à risques et concevoir des villes résilientes face à la hausse des températures.

La planification, levier essentiel pour l’avenir des villes africaines

Plus de la moitié des Africains dépendent du secteur informel pour leur emploi, leur logement et leurs besoins quotidiens. Cette réalité doit être prise en compte dans la planification urbaine afin d’orienter efficacement les investissements et le déploiement des services. Julian Baskin, urbaniste principal chez Cities Alliance, appelle à dépasser la stigmatisation de l’informalité pour collaborer avec les populations concernées et améliorer la qualité des services existants, bien que souvent précaires et coûteux.

Un exemple concret illustre cette démarche : sur les rives du lac Nokoué au Bénin, le quartier de Ladji, ancien village inondable intégré à l’agglomération de Cotonou, n’était pas reconnu sur les cartes numériques. En 2018, trois jeunes femmes ont cartographié leur quartier via un projet de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le faisant apparaître sur Google Maps. Cette reconnaissance géographique a suscité un appel local pour un accès équitable à l’eau et à l’électricité. Luc Gnacadja, président de GPS-Development, souligne à la fois l’importance de cette cartographie participative et les préjugés persistants, évoquant un cadre ministériel qui craignait que la visibilité ne donne trop d’espoir aux habitants d’y rester durablement. Cette expérience révèle le rôle clé des habitants des quartiers informels dans la transformation urbaine ainsi que les obstacles perceptuels freinant les investissements publics.

Réinventer la contribution du secteur informel

Le rapport insiste sur la nécessité d’une gouvernance urbaine inclusive et efficace, s’appuyant sur une forte implication locale. Il préconise de remplacer la centralisation et le cloisonnement actuels par une coordination active entre tous les niveaux de gouvernement et un transfert effective des responsabilités et des ressources.

Les défis financiers restent colossaux. François Paul Yatta, directeur de programmes à Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique, souligne que la décentralisation doit s’accompagner d’un transfert de compétences et de financements vers les collectivités territoriales. Rohey Malick Lowe, maire de Banjul, critique quant à elle la tendance des bailleurs internationaux à privilégier le pouvoir central, exhortant à concentrer les efforts sur les acteurs locaux pour maximiser l’impact.

source:https://www.lepoint.fr/afrique/villes-africaines-quel-avenir-face-a-l-explosion-demographique-09-05-2025-2589227_3826.php

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