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Michel Mayor, astrophysicien vaudois et lauréat du prix Nobel de physique en 2019, revient sur les trente ans de sa découverte révolutionnaire et livre ses critiques sur les effets d’annonces fréquents dans le domaine de la recherche spatiale, notamment concernant la vie extraterrestre.
Une découverte historique qui a transformé l’astronomie
En octobre 1995, Michel Mayor et son doctorant Didier Queloz ont identifié la toute première exoplanète confirmée, 51 Pegasi b, située à 51 années-lumière de la Terre dans la constellation du Pégase. Cet exploit a bouleversé notre vision de l’univers et lancé une quête effrénée de mondes lointains.
Depuis, la recherche s’est développée de manière spectaculaire, rassemblant aujourd’hui des dizaines de milliers de scientifiques à travers le monde. Le télescope spatial James Webb consacre près de 30 % de ses observations à l’étude des exoplanètes, alors que leur nombre confirmé dépasse désormais les 5700.
Les effets d’annonces, une source d’agacement pour Michel Mayor
Alors que plusieurs équipes annoncent régulièrement avoir détecté des signes prometteurs de vie sur des exoplanètes, Michel Mayor se montre sceptique face à ces déclarations souvent précipitées. Pour lui, la rigueur scientifique exige patience et vérifications rigoureuses.
« Quand nous avons découvert 51 Pegasi b, nous avons attendu un an pour confirmer nos données », explique-t-il, soulignant que la multiplication des annonces hâtives nuit à la crédibilité de la recherche. Selon lui, la véritable avancée se fera progressivement, notamment en analysant les atmosphères planétaires, un travail complexe même pour des instruments avancés comme le James Webb.
Un regard critique sur le mythe de la colonisation de Mars
Michel Mayor rejette également l’idée popularisée par certains entrepreneurs, comme Elon Musk, d’une colonisation massive et rapide de Mars. Il qualifie ces scénarios d’« complètement déments » et rappelle les énormes défis technologiques et biologiques restant à relever.
« Sur Mars, le sol est toxique, il est illusoire de penser qu’on pourra y cultiver des pommes de terre comme dans les films », insiste-t-il. Il rappelle que, malgré les progrès, aucun moyen fiable n’existe encore pour assurer le retour des astronautes de la planète rouge.
Les interactions avec le public et la curiosité toujours vive
Malgré les sollicitations parfois nombreuses et répétitives, Michel Mayor apprécie l’intérêt que suscite sa découverte. Il a réduit ses interventions publiques à une vingtaine par an, mais reste ouvert aux échanges, souvent riches et pertinents.
Il évoque toutefois quelques questions étonnantes auxquelles il a dû répondre, comme celle d’une visiteuse doutant de la forme sphérique de la Terre. Ces anecdotes illustrent à quel point la science doit parfois confronter des idées erronées ou mythes populaires.