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Conditions de détention difficiles des Syriens à la prison de Roumieh
Les détenus syriens à la prison de Roumieh, le plus grand établissement pénitentiaire du Liban situé au nord-est de Beyrouth, sont un élément central du dossier des « prisonniers islamistes » au Liban. Ce dossier comprend des centaines de détenus de nationalités diverses, notamment libanais, palestiniens et syriens, arrêtés au fil des ans pour diverses accusations, souvent liées aux conflits régionaux et à la sécurité au Liban.
Dans une déclaration, les prisonniers d’opinion syriens dans les prisons libanaises ont annoncé le 11 février leur décision d’entamer une grève de la faim, exigeant que leur dossier soit examiné.
Un quotidien de souffrance
Les détenus syriens décrivent leurs conditions de vie à Roumieh comme un « combat quotidien pour la survie ». Parmi eux, Mohammed Al-Imran (nom d’emprunt) parle des tortures qu’il a subies et de sa souffrance continue au sein de l’établissement.
Ancien combattant de l’Armée libre syrienne, il a été arrêté en 2014 par l’armée libanaise à Ersal, une ville libanaise, et a été placé sous enquête intensive pendant 15 jours, restant incarcéré depuis.
Un autre prisonnier, Faris Al-Ahmad, souligne que les détenus manquent des éléments les plus fondamentaux pour une vie décente : « L’endroit conçu pour deux personnes abrite cinq individus, rendant la respiration difficile, et la mauvaise ventilation aggrave la situation », dit-il.
Surpopulation et conditions précaires
La capacité d’accueil de la prison de Roumieh est de 1200 détenus, mais elle en abrite actuellement près de 4000, selon le barreau de Beyrouth. Cette surpopulation a entraîné une détérioration significative des conditions d’hygiène et des services.
Le directeur du Centre des droits des détenus à Tripoli, l’avocat Mohammed Sablouh, explique que l’État libanais peine à fournir la nourriture nécessaire aux prisonniers. L’absence de services de santé adéquats aggrave encore la souffrance des détenus, qui ne reçoivent souvent pas les traitements médicaux requis.
Cas tragiques de négligence médicale
Des cas de décès en raison de négligence médicale ont été documentés, dont celui de Farik Salah Haïdar, mort en août 2022 en prison, malgré des demandes répétées de soins. Un autre prisonnier, Khalil Taleb, est décédé dans des circonstances similaires, n’ayant pas reçu le traitement nécessaire pour son diabète.
Les autorités ont reconnu que les prisons font face à trois problèmes majeurs : la surpopulation, le manque de nourriture et la dégradation des services médicaux. Environ 79% des prisonniers n’ont pas encore été jugés, et 43% d’entre eux ne sont pas libanais.
Pressions et tortures
Un rapport d’Amnesty International révèle que des détenus ont été contraints à des aveux sous menace ou torture, ce qui soulève des questions sur la légalité de ces procédures judiciaires. Mohammed Al-Imran, accusé d’avoir tiré sur l’armée libanaise, déclare avoir été forcé de signer des aveux qu’il n’a pas commis.
Des rapports médicaux indiquent que certains prisonniers ont présenté des signes visibles de torture, dont des brûlures et des cicatrices. Le traitement inhumain infligé aux détenus est souvent systématique et documenté par plusieurs organisations de défense des droits humains.
Un avenir incertain
Les détenus syriens à Roumieh se divisent en deux catégories : ceux qui ont fui le conflit en Syrie et ceux impliqués dans des combats en 2014. Les premiers se retrouvent emprisonnés alors qu’ils cherchaient refuge, tandis que les autres sont accusés de crimes plus graves.
Avec les changements récents en Syrie, des questions se posent sur le sort de ces prisonniers accusés de terrorisme. Les détenus demandent justice et la fermeture de leurs dossiers, en espérant un retour imminent dans leur pays.
Appels à la réforme
Des avocats et des organisations de droits humains appellent à une réforme du système judiciaire libanais concernant le traitement des prisonniers, en insistant sur la nécessité de garantir des procès équitables. La situation des détenus syriens doit être résolue d’une manière qui respecte leurs droits humains fondamentaux.