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Coordination sécuritaire inédite Jordanie-Syrie contre le trafic de drogue

by Sara
Jordanie, Syrie

Les administrations de lutte contre la drogue en Jordanie et en Syrie ont annoncé, dimanche, un renforcement inédit de leur coopération opérationnelle et renseignementière pour contrer les réseaux de trafic le long de leur frontière commune. Ce partenariat, qualifié de « nouveau palier » par les autorités, vise à protéger les communautés des effets dévastateurs des stupéfiants et à préserver la sécurité nationale des deux pays. Les autorités ont indiqué que cette coordination a abouti, ces dernières semaines, à des résultats concrets sur le terrain.

Cadre de la coopération et résultats récents

Le communiqué conjoint publié simultanément à Amman et à Damas souligne que la coopération repose « sur l’engagement commun de protéger les sociétés contre le fléau des drogues et la menace directe qu’elles représentent pour la sécurité des individus et la stabilité des États ». Grâce à un échange d’informations et à un travail de terrain coordonné, les équipes spécialisées ont pu intervenir de façon préventive.

Parmi les résultats annoncés :

  • Neutralisation de 7 tentatives de contrebande via la frontière commune au cours des dernières semaines.
  • Saisie d’environ un million de comprimés destinés au trafic régional.
  • Démantèlement de réseaux criminels organisés impliqués dans la fabrication et le transit de stupéfiants.
  • Arrestation de plusieurs individus liés à ces filières et interruption de leurs tentatives de production et de distribution.

Les autorités ont présenté ces succès comme un modèle concret de « gestion conjointe » face aux défis transfrontaliers de sécurité.

Frontières en tension

La coopération intervient alors que les tentatives de trafic depuis le sud de la Syrie vers la Jordanie ont augmenté au cours des deux dernières années, selon plusieurs communiqués jordaniens. La zone frontalière entre les provinces de Deraa et de Soueïda (sud de la Syrie) et la province de Mafraq (nord de la Jordanie) est régulièrement citée comme un point névralgique des opérations de contrebande.

Les autorités jordaniennes ont à plusieurs reprises exprimé leur inquiétude face à l’essor des réseaux, qu’elles accusent d’avoir profité par le passé du soutien de groupes armés non étatiques sur le sol syrien. Cette situation a poussé Amman à intensifier la pression diplomatique et sécuritaire pour obtenir une coopération renforcée de Damas.

Tentatives de contrebande de drogues depuis la Syrie vers la JordanieTentatives de contrebande de drogues depuis la Syrie vers la Jordanie n’ont pas cessé et ont pris diverses formes (réseaux sociaux).

Baisse notable des tentatives à certains points de passage

Un responsable gouvernemental cité par les médias a indiqué que les tentatives de contrebande à l’intérieur des territoires syriens, souvent menées par des gangs ou des individus en lien avec des organisations locales, se poursuivent mais ont diminué à certains points sensibles. Il a précisé que le nombre d’incursions et les quantités saisies via le poste frontière de Jaber ont chuté grâce à une présence accrue de l’autre côté de la frontière.

L’expert en sécurité et stratégie Khaled al-Majali a déclaré que les forces armées jordaniennes jouent un rôle effectif sur la façade nordique et que, malgré les efforts, des tentatives isolées de trafic demeurent. Il a estimé que la « tutelle officielle » de certains trafics par des acteurs étatiques syriens appartient au passé, même si des bandes continuent d’opérer et que des acteurs côté jordanien pourraient parfois servir de récepteurs pour ces opérations illégales.

Le spécialiste en sécurité jordanien Khaled al-MajaliKhaled al-Majali a souligné la réduction de la tutelle officielle syrienne sur le trafic, tout en rappelant la persistance d’activités de gangs (réseaux sociaux).

Pressions, frappes et attention internationale

Le dossier de la lutte antidrogue reste un sujet sensible entre Amman et Damas, en particulier depuis que la Syrie est régulièrement accusée au niveau international de servir de plaque tournante pour le commerce illégal du captagon. Face à cette menace, la Jordanie a multiplié les démarches diplomatiques et sécuritaires pour relancer la coopération bilatérale.

En milieu d’année 2023, des frappes aériennes attribuées, selon des rapports non officiels, aux forces jordanniennes ont visé des positions dans la zone de Lajat, entre Deraa et Soueïda. Des sources non confirmées ont affirmé que ces sites abritaient des entrepôts et des ateliers de production liés aux réseaux du trafic de stupéfiants. Amman n’a pas officiellement revendiqué ces opérations, mais elles ont été interprétées comme un signal d’une approche plus ferme face à la menace.

Par ailleurs, des communications officielles jordaniennes ont fait état, à diverses occasions, de saisies massives — jusqu’à plusieurs millions de comprimés selon certains communiqués — illustrant l’ampleur et la complexité du phénomène dans la région.

Vers une coopération durable ?

Les autorités jordaniennes et syriennes présentent ce nouvel axe de coordination comme un pas décisif vers la maîtrise des flux illicites transfrontaliers. Les récents démantèlements et saisies sont mis en avant pour démontrer l’efficacité d’un travail conjoint basé sur le partage du renseignement et des actions coordonnées sur le terrain.

Toutefois, des observateurs soulignent que la persistance de réseaux locaux et régionaux oblige à maintenir et approfondir ces efforts pour que la coopération se traduise par des résultats durables. La situation reste dynamique, et la consolidation des mécanismes de coordination sera déterminante pour contenir le trafic à long terme.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/10/6/%d8%aa%d9%86%d8%b3%d9%8a%d9%82-%d8%a3%d8%b1%d8%af%d9%86%d9%8a-%d8%b3%d9%88%d8%b1%d9%8a-%d8%ba%d9%8a%d8%b1-%d9%85%d8%b3%d8%a8%d9%88%d9%82-%d9%84%d9%85%d9%88%d8%a7%d8%ac%d9%87%d8%a9

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