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Liban au bord du chaos : enjeux du désarmement du Hezbollah

by Sara
Liban, États-Unis, Israël, Iran

Le Liban se trouve à nouveau au bord du chaos alors que le débat sur le désarmement Hezbollah polarise la scène politique. La décision du gouvernement de restreindre la détention des armes à l’État a pris une tournure délicate avec le début de la remise d’armes par certaines factions palestiniennes dans le camp de réfugiés de Bourj al-Barajneh, à Beyrouth. Cette dynamique ravive les tensions internes et expose le pays à des risques d’escalade sécuritaire et communautaire.

Une initiative risquée

Le site américain Al-Monitor a observé les répercussions de la décision gouvernementale de confier exclusivement le monopole de la force à l’État, en y incluant le cas du Hezbollah. L’intention officielle est de fixer un calendrier pour le démantèlement de toutes les formations armées, le Hezbollah en tête. Mais plusieurs analystes considèrent cette approche davantage comme une « aventure » politique que comme une stratégie prudente, en raison des dangers évidents d’une dérive vers un conflit interne.

  • Pressions internationales pour le désarmement.
  • Risques de réaction violente des milieux pro-Hezbollah.
  • Crainte d’une fracture communautaire rappelant des épisodes passés.

Pressions américaines et réactions du Hezbollah

Selon l’article d’Al-Monitor cité, la manœuvre bénéficie d’un soutien américain direct, assorti de promesses d’aide, de reconstruction et de normalisation diplomatique. Washington aurait mandaté son envoyé spécial pour proposer une feuille de route en six points visant le désarmement avant la fin de l’année, contre la suspension des opérations militaires israéliennes au Sud et la mise à disposition d’une aide internationale.

De son côté, le Hezbollah a rejeté fermement l’initiative. Le vice-président du mouvement, Naïm Qassem, a déclaré qu’appeler aujourd’hui à la remise des armes revient à servir le projet israélien, affirmant que l’arsenal du parti est « non négociable » et constitue, selon lui, le bouclier garantissant la souveraineté du Liban face à Israël.

Israël et l’Iran sur la ligne de front

La pression n’émane pas seulement de Washington. L’ex-ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a averti qu’il n’y aurait ni calme à Beyrouth ni stabilité au Liban sans garantie pour la sécurité d’Israël, laissant entendre que Tel-Aviv poursuivrait ses opérations si le Hezbollah n’était pas démantelé.

En réaction, l’Iran a affiché un soutien explicite au Hezbollah. Le responsable iranien Ali Larijani s’est rendu à Beyrouth pour réaffirmer l’appui de Téhéran, estimant que l’arsenal du Hezbollah constitue la principale garantie de la souveraineté libanaise face à Israël.

Limites de l’initiative et capacités de l’armée libanaise

Les observateurs relèvent des failles structurelles dans l’initiative américaine : exiger le désarmement du Hezbollah alors que des positions israéliennes restent installées sur des zones stratégiques du territoire libanais revient à poser une condition incomplète. De plus, l’armée libanaise manque encore de moyens et d’équipement pour affronter une formation militaire bien entraînée et ancrée socialement comme le Hezbollah.

Le récent incident mortel durant une opération de démantèlement, qui a coûté la vie à six soldats, rappelle la complexité et la dangerosité d’une confrontation directe. Pour de nombreux analystes, le témoignage est clair : le recours à la force pourrait être contre-productif et exacerber l’instabilité.

Scénarios et défis politiques

Le président libanais Michel Aoun a appelé à un dialogue national afin d’éviter une confrontation ouverte. Pourtant, les pressions combinées de Washington et de Tel-Aviv placent Beyrouth devant un choix pénible : se plier aux conditions de désarmement demandées ou faire face au risque d’une dérive sécuritaire et confessionnelle rappelant les années sombres de la guerre civile de 1975.

  • Acceptation des conditions : promesses d’aide internationale mais renoncement partiel à un acteur majeur de la scène libanaise.
  • Refus : risque d’escalade militaire et d’isolement diplomatique.
  • Option médiane : négociations internes soutenues par une diplomatie régionale.

Voies possibles pour éviter l’embrasement

Les analystes s’accordent sur un point : tout plan de désarmement qui ometrait le retrait israélien des positions libanaises resterait lettre morte. Faute de pouvoir contraindre Israël à se retirer — ce qui paraît peu probable dans l’immédiat — l’effort de désarmement du Hezbollah semble voué à l’échec avant même d’avoir commencé.

Le choix entre une opération militaire risquée et une politique basée sur le dialogue interne et la diplomatie régionale est, selon le texte, déterminant. Une approche hâtive pour démanteler le Hezbollah par la force ne consoliderait pas l’État libanais : elle risquerait au contraire de le fragiliser jusqu’à la rupture.

Un carrefour à haut risque

Le Liban se tient aujourd’hui à un carrefour dangereux : reproduire la tragédie de la guerre civile ou chercher une pause, réévaluer la situation et engager une recherche de compromis politique. Dans un contexte régional fortement polarisé, seule une solution négociée, soutenue par des relais régionaux crédibles, offre une chance d’éviter une nouvelle catastrophe.

La route vers une sortie de crise reste étroite et semée d’obstacles. Le débat sur le désarmement Hezbollah illustre la fragilité des équilibres au Liban et l’interdépendance des enjeux locaux et régionaux.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/8/22/%d8%a7%d9%84%d9%85%d9%88%d9%86%d9%8a%d8%aa%d9%88%d8%b1-%d9%84%d8%a8%d9%86%d8%a7%d9%86-%d8%b9%d9%84%d9%89-%d8%ad%d8%a7%d9%81%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d9%87%d8%a7%d9%88%d9%8a%d8%a9

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