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Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a tenu une session spéciale vendredi pour examiner une demande d’envoi d’une mission d’enquête au Soudan, visant à établir les responsabilités des massacres signalés lors de la chute de la ville d’El-Fasher aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) il y a quelques semaines. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a qualifié la situation de “guerre par procuration” visant le contrôle des ressources naturelles et a alerté sur des atrocités qui, selon lui, constituent « les crimes les plus graves et évitables ». Le débat porte au cœur la nécessité d’une mission d’enquête Soudan capable d’identifier les auteurs et de garantir des mesures de protection pour les civils.
Les déclarations du Haut-Commissaire
Volker Türk a déclaré que la prise d’El-Fasher par les Forces de soutien rapide a été suivie d’exécutions ciblées sur des bases ethniques, de viols collectifs, d’enlèvements et d’arrestations arbitraires. Il a également dénoncé des attaques répétées contre des établissements médicaux et a qualifié ces faits de « faits choquants » qui auraient pu être évités.
Türk a reproché à la communauté internationale d’afficher une attention insuffisante face à l’ampleur des atrocités, estimant que les gestes restent limités par rapport aux besoins urgents.
Pour plus de contexte sur la ville et les événements récents, consulter la fiche sur El-Fasher : Al Jazeera – El-Fasher.
Avertissements et suivi sur le terrain
Le Haut-Commissaire a aussi tiré la sonnette d’alarme sur l’escalade de la violence dans la région du Kordofan, où plusieurs localités subissent bombardements et sièges. Des populations sont contraintes d’abandonner leurs domiciles dans un contexte humanitaire qui se détériore rapidement.
Le Kordofan, composé de trois États, joue un rôle de zone tampon entre les bastions des Forces de soutien rapide au Darfour à l’ouest et les zones sous contrôle de l’armée à l’est. Le bureau des droits de l’homme affirme suivre la situation de près et a lancé un message clair à toutes les parties : « nous vous observons ».
Accusations et réactions des représentants soudanais
Le représentant du Soudan auprès du Conseil des droits de l’homme a accusé certains rapports internationaux d’avoir, selon lui, mis sur le même plan une armée nationale « s’acquittant de ses devoirs » et la milice des Forces de soutien rapide. Il a estimé que cette équivalence aurait encouragé la RSF à mépriser le droit international.
Le représentant a allégué que la milice avait pris d’assaut un hôpital à El-Fasher et tué tous les patients et le personnel médical, au nombre de 460 personnes, qualifiant l’attaque de « massacre effroyable » visant des groupes ciblés dans ce qu’il a décrit comme une guerre d’extermination.
Le projet de résolution du Conseil
Le projet de résolution examiné par le Conseil condamne les atrocités signalées et demande une enquête approfondie et urgente. Il vise à établir les responsabilités pour les violations commises à El-Fasher et dans ses environs, imputables à toutes les parties au conflit.
Le texte mentionne explicitement plusieurs types d’infractions rapportées :
- meurtres à caractère ethnique ;
- tortures et exécutions sommaires ;
- arrestations arbitraires ;
- violences sexuelles collectives ;
- attaques contre les structures médicales.
Le projet condamne également toute ingérence extérieure qui attiserait le conflit et appelle au respect de l’unité et de l’intégrité territoriale du Soudan. Il demande la facilitation immédiate et sans entrave de l’acheminement de l’aide humanitaire et la protection des civils conformément au droit international, y compris la possibilité pour les personnes souhaitant quitter El-Fasher de le faire.
Le projet invite enfin une mission d’enquête indépendante à documenter les violations et à identifier les responsables présumés, dans le cadre d’une réponse internationale visant à rendre des comptes et à protéger les populations civiles.
Contexte du conflit
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit armé entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide. Les affrontements ont fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement d’environ 13 millions de personnes.
La crise humanitaire qui en découle est décrite comme l’une des plus graves au monde, nécessitant une mobilisation urgente pour l’aide et la protection des civils.