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Tensions croissantes entre Turquie et Israël en Syrie
La chute du régime de Bachar al-Assad a exacerbé les relations déjà tendues entre la Turquie et Israël. Selon l’agence Associated Press, les intérêts divergents des deux pays en Syrie conduisent à un parcours potentiellement conflictuel.
Les intérêts divergents en Syrie
La Turquie, qui a longtemps soutenu des groupes d’opposition à Assad, plaide pour une Syrie stable et unie, où un gouvernement central détient le pouvoir sur l’ensemble du pays. Elle a exprimé son approbation concernant un accord signé cette semaine entre le nouveau gouvernement syrien et les Forces démocratiques syriennes, dirigées par les Kurdes, pour intégrer celles-ci au sein du gouvernement syrien et de l’armée.
En revanche, Israël nourrit de profondes suspicions à l’égard du président syrien Ahmad al-Shara et s’inquiète de l’influence turque en Syrie, préférant un pays divisé après que la Syrie, sous le régime d’Assad, soit devenue une base pour l’Iran et ses mandataires.
Un conflit par procuration
Asli Aydintasbas, du Brookings Institute basé à Washington, déclare : « La Syrie est devenue le théâtre d’une guerre par procuration entre la Turquie et Israël, qui se voient comme des concurrents régionaux. Cette dynamique est extrêmement dangereuse, car il existe un conflit entre les positions turques et israéliennes sur toutes les questions liées à la transition politique en Syrie. »
Après la chute d’Assad, Israël a pris le contrôle de territoires dans le sud de la Syrie. Des responsables israéliens affirment que cela vise à éloigner « les groupes hostiles » de ses frontières. Israël a également mené des frappes aériennes ciblant des positions militaires laissées par les forces d’Assad et a exprimé son intention de maintenir une présence à long terme dans la région.
Le gouvernement syrien et les Nations Unies ont confirmé que les incursions israéliennes violent l’accord de cessez-le-feu de 1974 entre les deux pays et ont appelé Israël à se retirer.
Les craintes israéliennes
Les analystes soulignent qu’Israël est inquiet d’une éventuelle expansion de la présence militaire turque en Syrie. Depuis 2016, la Turquie a lancé des opérations dans le nord de la Syrie contre les militants liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et a maintenu une influence dans le nord du pays. Des responsables du ministère turc de la Défense ont déclaré qu’Ankara et Damas collaborent désormais pour renforcer la sécurité du pays.
Une Syrie fragmentée
Nimrod Goren, président de l’Institut Mitvim – un think tank sur la politique étrangère israélienne – indique qu’à la différence de la Turquie qui soutient une Syrie forte, centralisée et stable, Israël préfère actuellement une Syrie fragmentée, pensant que cela pourrait renforcer sa propre sécurité.
Il note qu’Israël « s’inquiète des liens d’al-Shara avec les islamistes et craint qu’une Syrie unie ne crée ce qu’Israël considère comme une menace jihadiste le long de ses frontières nord. »
Aishgul Aydintasbas, également du Brookings Institute, souligne que l’escalade des tensions suscite de sérieuses inquiétudes. Elle déclare : « Auparavant, Israël et la Turquie avaient parfois des désaccords, mais elles parvenaient à séparer les relations sécuritaires de tout le reste. Actuellement, elles cherchent activement à saper l’une l’autre. La question est : ces pays connaissent-ils leurs lignes rouges ? »
Un rapport de l’Institut des études de la sécurité nationale, dirigé par un ancien chef des renseignements militaires israéliens, suggère qu’Israël pourrait bénéficier d’un dialogue avec la Turquie, « la seule puissance régionale ayant une influence significative sur le leadership syrien, pour réduire le risque d’un conflit militaire entre Israël et la Syrie. »