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Les tensions syriennes montent d’un cran dans le nord‑est de la Syrie alors qu’Ankara brandit la possibilité d’une opération militaire contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) si leur intégration avec l’État syrien n’est pas finalisée avant décembre 2025. Ces avertissements interviennent dans un contexte régional complexe où se croisent intérêts turcs, syriens, kurdes et puissances internationales.
Des propos attribués au président syrien Ahmad Al‑Sharaa, relayés par le quotidien turc Milliyet, illustrent les délicats équilibres sécuritaires et politiques qui sous‑tendent cette crise. Ils confirment que la peur de la sécession et le refus de la fédéralisation alimentent les tensions locales et régionales.
Contexte et acteurs en présence
La Turquie considère les FDS comme liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et donc comme une menace directe à sa sécurité nationale. Cette perception s’est renforcée depuis l’échec de l’accord de mars dernier et le ralentissement des négociations politiques.
Points clés :
- La zone concernée : nord‑est de la Syrie (voir carte et informations générales : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/3/%D8%B3%D9%88%D8%B1%D9%8A%D8%A7).
- Acteur régional : Ankara (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/12/23/%D8%A3%D9%86%D9%82%D8%B1%D8%A9).
- Acteur local : Forces démocratiques syriennes (FDS) (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/1/12/%D8%B3%D9%88%D8%B1%D9%8A%D8%A7-%D8%A7%D9%84%D8%AF%D9%8A%D9%85%D9%82%D8%B1%D8%A7%D8%B7%D9%8A%D8%A9-%D9%85%D8%AD%D8%A7%D8%B1%D8%A8%D8%A9-%D8%AA%D9%86%D8%B8%D9%8A%D9%85).
Le débat sur la fédéralisation plutôt que sur la simple décentralisation ravive de fortes inquiétudes en Syrie, où la mémoire des divisions ethno‑territoriales reste vive (référence : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/11/30/%D8%A7%D9%84%D9%86%D8%B8%D8%A7%D9%85-%D8%A7%D9%84%D9%81%D9%8A%D8%AF%D8%B1%D8%A7%D9%84%D9%8A).
Menace militaire : discours et objectifs d’Ankara
Selon l’analyste turc Omar Ouzkeizilcik, qui a rencontré Ahmad Al‑Sharaa, Ankara privilégie d’abord une solution politique cherchant à pousser les FDS à s’intégrer à Damas. Mais si ces efforts échouent, la Turquie n’exclut pas une opération militaire limitée destinée à affaiblir la mainmise des FDS et à forcer des concessions.
Ouzkeizilcik souligne plusieurs éléments :
- La perception de la « fédéralisation » comme synonyme d’«essence séparatiste» dans la région.
- La crainte d’un contrôle kurde autoritaire sur des zones à majorité arabe, facteur d’instabilité.
- La possibilité d’une opération limitée plutôt que d’une invasion de grande ampleur, utilisée comme moyen de pression.
Cette logique s’inscrit dans la volonté d’Ankara de remodeler le paysage politique syrien, tout en évitant — autant que possible — une escalade incontrôlée.
Ouzkeizilcik (à gauche) lors de sa rencontre avec le président syrien Ahmad Al‑Sharaa (médias sociaux).
Opposition populaire à la fédéralisation
Le chercheur Mahmoud Alloush met en avant le rejet majoritaire de la fédéralisation par les Syriens. Selon lui, la décentralisation administrative constitue le maximum acceptable pour la plupart, tandis que la fédéralisation demeure profondément impopulaire.
Alloush avance plusieurs constats :
- Les territoires sous contrôle des FDS abriteraient une majorité arabe — estimée à plus de 70% — opposée au projet porté par des forces liées au PKK.
- La persistance d’accrochages entre FDS et tribus arabes alimente les tensions et fragilise une réconciliation locale.
- Le rôle de Washington est déterminant : sans pression américaine suffisante sur les FDS, la mise en œuvre d’un accord d’intégration reste incertaine.
Alloush note aussi l’impact des discussions diplomatiques internationales, citant les visites et rencontres entre dirigeants turcs et américains comme des facteurs susceptibles d’influencer le calendrier (voir Recep Tayyip Erdoğan : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/9/2/%D8%B1%D8%AC%D8%A8-%D8%B7%D9%8A%D8%A8-%D8%A3%D8%B1%D8%AF%D9%88%D8%BA%D8%A7%D9%86 et Donald Trump : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/8/26/%D8%AF%D9%88%D9%86%D8%A7%D9%84%D8%AF-%D8%AA%D8%B1%D9%85%D8%A8).
Motivations sécuritaires et diplomatiques
Pour l’expert en relations internationales Murtaza Kumakoglu, les menaces turques combinent préoccupations sécuritaires et calculs politiques. Ankara cherche à empêcher toute base opérationnelle du PKK près de ses frontières tout en influençant la recomposition politique post‑conflit en Syrie.
Les observateurs insistent sur la nécessité d’une médiation internationale, notamment russe et américaine, pour garantir l’intégration des FDS dans l’appareil d’État syrien et ainsi réduire les tensions régionales (Russie : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/2/17/%D8%B1%D9%88%D8%B3%D9%8A%D8%A7 ; États‑Unis : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/2/18/%D8%A7%D9%84%D9%88%D9%84%D8%A7%D9%8A%D8%A7%D8%AA-%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%AA%D8%AD%D8%AF%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A3%D9%85%D9%8A%D8%B1%D9%83%D9%8A%D8%A9).
Parallèlement, une source militaire au sein des FDS a indiqué à Al‑Jazeera qu’un accord préliminaire aurait été trouvé lors d’une réunion récente entre la direction des FDS et Damas, visant à intégrer progressivement les FDS dans l’armée syrienne avant la fin de 2025.
Selon cette source :
- La première phase d’intégration ciblerait la région de Deir ez‑Zor comme expérience (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/13/%D8%AF%D9%8A%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D8%B2%D9%88%D8%B1).
- Raqqa (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/5/22/%D8%A7%D9%84%D8%B1%D9%82%D8%A9) et Al‑Hasakah (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/5/22/%D8%A7%D9%84%D8%AD%D8%B3%D9%83%D8%A9) resteraient temporairement sous le contrôle des FDS durant la transition.
Cette feuille de route, si elle se confirme, pourrait apaiser certaines tensions, mais la menace d’une opération turque demeure une variable susceptible de bouleverser le calendrier.