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Un expert en crises internationales met en garde contre la transformation de la Turquie en une « nouvelle Iran » du Moyen-Orient, en raison de ses ambitions militaires, politiques et nucléaires affirmées par le président Recep Tayyip Erdoğan.
Une quête de domination régionale inédite depuis la chute de l’Empire ottoman
Selon Shay Gall, spécialiste en politique internationale et communication stratégique, la Turquie cherche ouvertement à étendre sa domination régionale pour la première fois depuis la disparition de l’Empire ottoman en 1922. Il souligne dans un article publié par le journal israélien Israel Hayom que cette nouvelle posture stratégique s’accompagne d’un soutien politique et logistique à des organisations qu’il qualifie de « terroristes », notamment le mouvement Hamas, à l’instar de l’Iran. Cette politique déstabilise davantage la sécurité régionale et constitue une menace pour Israël.
Ambitions militaires et nucléaires croissantes
Le spécialiste compare la stratégie turque à celle de l’Iran, qui vise depuis longtemps une influence régionale via l’intimidation militaire et une posture nucléaire dangereuse. Il rappelle les déclarations récentes d’Erdoğan concernant les progrès rapides du programme turc de missiles balistiques, illustrés par le succès du missile Taïphoon capable d’atteindre des cibles à 560 kilomètres.
- Erdoğan a averti que la Grèce pourrait devenir une cible si elle ne respecte pas le calme.
- La production en série du chasseur furtif turc « Kaan », développé localement, devrait débuter en 2029.
- Le président turc affirme que son pays ne peut être en retard par rapport à l’Iran et Israël.
Projet nucléaire à Akkuyu et enrichissement de l’uranium
Par ailleurs, la Turquie avance dans son projet nucléaire à Akkuyu, dans la province de Mersin sur la côte méditerranéenne, avec une mise en service prévue cette année. L’expert avertit que l’insistance d’Ankara à enrichir l’uranium de manière autonome pourrait rapidement lui permettre d’acquérir une capacité nucléaire militaire. Ce développement rappelle la trajectoire de l’Iran, qui bénéficie d’un réseau international d’échanges avec des pays comme le Pakistan, la Libye, le Niger et la Somalie, où la Turquie maintiendrait des bases militaires secrètes hors contrôle occidental.
Une tactique régionale inspirée de la Chine et de l’Iran
Gall accuse Erdoğan d’appliquer une tactique de « morcellement progressif » similaire à la stratégie chinoise en mer de Chine méridionale et aux pratiques iraniennes. Cette politique consiste à violer de petites zones de manière graduelle dans les eaux territoriales et l’espace aérien voisins.
Il soutient également que la Turquie profite de son statut au sein de l’OTAN pour saper l’alliance de l’intérieur, un privilège jamais accordé à l’Iran malgré des politiques contraires aux intérêts du pacte atlantique.
Appel à une révision du rôle turc au sein de l’OTAN
Shay Gall exhorte l’OTAN à reconsidérer ses relations avec la Turquie, dont il estime qu’elle abuse de l’article 5 du traité de l’alliance. Il propose de conditionner les garanties de défense d’Ankara à l’arrêt de ce qu’il qualifie de « menaces contre les membres de l’OTAN et leurs partenaires régionaux ».
Il dénonce aussi l’incohérence des politiques européennes vis-à-vis de la Turquie, laquelle persisterait dans un comportement dangereux dans la région. Selon lui, cette situation requiert une réponse stratégique israélienne indépendante, soulignant que la mobilisation militaire turque dans le nord de la Syrie offre à Ankara une base pour menacer Israël.
Forces turques opérant en territoire syrien dans le cadre d’une offensive contre le groupe État islamique (EI).