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Le bruit entre voisins peut rendre fou. Mais jusqu’à quel point ? C’est la question que pose _84 m²_, le film coréen qui cartonne actuellement sur Netflix. Sous ses airs de thriller tendu, il soulève des problématiques très concrètes : endettement, solitude, pression sociale, et surtout… conflits de voisinage. Mais ce récit, aussi crédible qu’angoissant, est-il né d’une simple fiction ou bien inspiré de faits réels ?
Une expérience personnelle derrière le scénario de Wall to Wall
Signée Kim Tae-joon et Sharon S. Park, la série — aussi connue sous le titre 84 m² — s’enracine dans des expériences vécues par le réalisateur lui-même. Lors d’une conférence de presse à Séoul, Kim Tae-joon a révélé que l’idée du film est née d’un incident banal : il était en train d’écrire lorsqu’un vacarme incessant l’a littéralement rendu fou. Plutôt que de céder à la colère, il a choisi de transformer cette frustration en œuvre dramatique. Il explique : « J’essayais de surmonter cette situation stressante en essayant de la voir de manière positive, comme si je pouvais au moins écrire quelque chose à partir de cette expérience. »
Ce point de départ intime a rapidement évolué vers des enjeux bien plus larges. En explorant la psychose engendrée par les conflits sonores et l’isolement social, le duo de réalisateurs a injecté des éléments très actuels dans son scénario : crise immobilière, hiérarchie sociale, violences invisibles et besoin de justice sociale.
Une réalité brutale : les violences liées au bruit en Corée du Sud
Si _84 m²_ n’est pas l’adaptation directe d’un fait divers, il s’inspire d’un phénomène bien réel : les violences liées aux plaintes pour nuisances sonores entre étages. À Séoul, ces tensions atteignent parfois des niveaux dramatiques. En janvier 2024, un homme dans la cinquantaine a tué sa voisine à Sacheon pour un simple claquement de porte répété. En avril 2025, un incendie volontaire dans un immeuble du quartier de Gwanak a causé plusieurs morts — le motif supposé : un différend autour du bruit.
Ces faits divers glaçants ne sont pas isolés. En Corée, plus de la moitié de la population vit en immeubles collectifs, où les murs minces et les planchers mal isolés créent un terrain propice aux tensions. Le phénomène est si répandu qu’il a un nom : cheung-gan so-eum, littéralement « bruit entre étages ».
Wall to Wall : fiction tendue, miroir social réaliste
En combinant drame psychologique et critique sociale, _Wall to Wall_ touche une corde sensible chez de nombreux spectateurs. On y retrouve :
- Un couple acculé par les dettes immobilières
- Des voisins rendus paranoïaques par un bruit invisible
- Une société cloisonnée où la tension monte, étage après étage
- Une quête de vérité face à l’oppression sociale
Le tout, emballé dans une esthétique tendue et minimaliste, donne une œuvre angoissante mais puissamment enracinée dans le réel. Une fiction, oui. Mais une fiction si réaliste qu’elle en devient presque documentaire.