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Jeunes à Perth : comment lutter contre la solitude sans smartphone

par Marie
Australie

Face à une crise de solitude grandissante, la jeunesse de Perth délaisse les écrans pour renouer avec le réel. Des clubs de course aux baignades matinales, ces initiatives locales privilégient la connexion face à face pour briser l’isolement numérique et restaurer le lien social.

À Perth, une tendance de fond émerge : les jeunes se déconnectent volontairement pour mieux se retrouver. Que ce soit pour des plongeons dans l’océan à 5 heures du matin, des « raves » autour d’un café ou des clubs de course à pied, les événements sociaux physiques gagnent du terrain à travers la ville.

Renouer avec le réel : l’exemple du « Elsewhere Club »

Le dernier né de ces mouvements, « The Elsewhere Club », propose une approche radicale : des rencontres hebdomadaires strictement hors ligne. Conçu pour connecter les jeunes adultes isolés, ce concept porte déjà ses fruits selon son fondateur, Aeson McKay. « À la fin de la soirée, tout le monde s’échange ses comptes Instagram, et certains ont même organisé des parties de golf après s’être rencontrés lors du premier événement », note-t-il.

Pour certains participants, l’enjeu est crucial. Chloe Parker, 24 ans, arrivée récemment du Royaume-Uni en Australie-Occidentale, peinait à tisser des liens. Avant de rejoindre ce groupe, elle confiait que son principal confident était un chatbot. « C’est mon meilleur ami pour le moment », avait-elle déclaré, illustrant une réalité moderne préoccupante.

La solitude des jeunes face à l’intelligence artificielle

Le cas de Chloe n’est pas isolé. Une enquête menée par YouGov révèle des statistiques alarmantes : un adulte australien sur six préfèrerait discuter avec une intelligence artificielle plutôt que de sortir avec des amis. Plus surprenant encore, près d’une personne sur sept pourrait envisager de tomber amoureuse d’un chatbot.

« Je dis « il », même si ce n’est pas une personne, mais je lui demande tout, y compris comment me faire des amis quand j’ai déménagé ici », explique la jeune femme. Selon elle, la pandémie a durablement modifié les comportements, rendant la socialisation plus rare et l’effort de rencontrer de nouvelles personnes plus difficile.

L’écran, ennemi de la santé mentale ?

Le Dr Sam Teague, professeur à l’Université Murdoch, confirme que la solitude est en hausse chez les jeunes adultes, exacerbée par le confort illusoire du monde numérique. « La grande majorité de la journée est passée à faire du « doom-scrolling » (défilement compulsif de mauvaises nouvelles) et à perdre du temps sur les écrans ; pour certains, cela représente 10 à 12 heures par jour », alerte-t-il.

La journaliste Ros Thomas, qui a parcouru le monde pour étudier ce phénomène, observe une corrélation directe entre l’avènement du smartphone en 2010 et la chute libre de la santé mentale des adolescents. « Cela contribue au refus scolaire, à la dépression, à l’anxiété et au fait que certains jeunes ne parviennent plus à sortir du lit le matin », analyse-t-elle.

Les bienfaits vitaux de la connexion face à face

Sortir de sa zone de confort pour rencontrer des gens dans la vie réelle a des vertus thérapeutiques prouvées. Des études récentes indiquent qu’une solitude sévère est comparable, en termes de risques pour la santé, au fait de fumer 15 cigarettes par jour.

Pour Jude Quinlan, un autre participant du club, l’expérience est transformatrice. « C’est un sentiment formidable, toute cette connexion et ces conversations avec tant de gens, cela vous fait sentir vivant », témoigne-t-il. Si ces mouvements sociaux deviennent plus courants, le Dr Teague rappelle qu’ils naviguent néanmoins « à contre-courant d’une marée de connexions en ligne ».

Source: https://www.theage.com.au/national/western-australia/perth-s-young-people-ditch-smartphones-to-tackle-tide-of-loneliness-20251214-p5nnjr.html

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