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Jeunes et démocratie : enjeux et protestations mondiales en 2023

by Sara
Madagascar, France

Les jeunes, protestations, démocratie, Madagascar, France sont au cœur d’un mouvement global : en 2023 des mobilisations menées par des jeunes ont éclaté dans plusieurs pays, exprimant une colère liée à la précarité économique, la corruption et le manque d’accès aux leviers du pouvoir.

Antananarivo : affrontements, bilan et dissolution du gouvernement

À Antananarivo, capitale de Madagascar, des centaines de manifestants vêtus de noir se sont rassemblés sur un terrain, ont brandi des drapeaux et entonné l’hymne national. Les forces de l’ordre les ont dispersés, d’abord au gaz lacrymogène, puis en faisant usage de balles en caoutchouc et d’autres moyens plus sévères. Selon des informations rapportées, 22 manifestants auraient été tués lors des heurts.

Ces manifestations, qualifiées de « Gen Z-protests », ont duré trois jours. Le lundi suivant, le président Andry Rajoelina a annoncé la dissolution du gouvernement et la convocation d’élections.

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Les mobilisations à Antananarivo ne sont pas isolées. Ces derniers mois, des mouvements importants ont eu lieu au Maroc, au Pérou, au Népal et, auparavant, au Kenya, en Serbie, au Sri Lanka et au Bangladesh. Dans ces pays, de larges cohortes de jeunes sont descendues dans la rue pour des motifs profonds : la hausse des prix alimentaires, le manque d’emplois correctement rémunérés, l’appauvrissement urbain et une frustration croissante face à l’incapacité des régimes à répondre aux attentes.

L’UNICEF a publié cette année un rapport intitulé Youth, Protests and the Polycrisis, qui affirme que le niveau des protestations de jeunes est au plus haut depuis des décennies. Les auteurs soulignent que les manifestants ont des revendications existentielles : il s’agit de réclamer leur place dans des pays où des élites corrompues verrouillent les portes du pouvoir et de l’administration.

Un autre sondage, l’Open Society Barometer Can Democracy Deliver, fondé sur trente pays, relève que seulement 57 % des 18–35 ans préfèrent la démocratie à d’autres régimes — contre 71 % chez les plus de 55 ans. Les auteurs mettent en avant que les systèmes démocratiques et semi-démocratiques ne répondent plus aux attentes en matière d’emploi, d’égalité, de participation citoyenne, de climat et même de respect du droit international, notamment dans le contexte d’Israël et de Gaza.

Profils des manifestants : générations et motivations

Les manifestations ne sont pas homogènes. Dans plusieurs pays, ce sont majoritairement des jeunes qui portent le mouvement, parce que leur avenir est en jeu. L’article souligne que l’histoire montre que les jeunes sont souvent à l’avant‑garde des transformations sociales.

En revanche, certaines mobilisations récentes — citées comme exemples dans le débat public — réunissent en réalité davantage de personnes âgées. Les rassemblements sur le Malieveld aux Pays‑Bas, ou les manifestations contre les centres d’accueil en Allemagne, en France ou en Angleterre, comptent une proportion importante de participants d’un âge moyen élevé. Une enquête sur les manifestations « Querdenker » en Allemagne et en Suisse a montré que moins de 10 % des participants avaient moins de 30 ans, et que l’âge moyen se situait autour de 50 ans.

Ces protestations dites conservatrices visent souvent à défendre des acquis — ce que le texte appelle le Besitzstandswahrung — plutôt qu’à réclamer des réformes ou davantage de participation. Elles peuvent se cristalliser sur des thèmes tels que l’immigration, des avantages fiscaux ou la protection des « valeurs et traditions »; dans certains cas, des organisateurs ont explicitement placé ces priorités au‑dessus d’autres considérations.

Héritage historique et choix politiques

L’auteur rappelle que les mouvements de jeunesse ont historiquement façonné les démocraties : les grandes mobilisations contre l’arme nucléaire (1981 et 1983), les actions de squatteurs en 1980 ou les émeutes du Nieuwmarkt en 1975 ont conduit à des changements concrets, notamment en matière de droits et de participation.

Le texte cite une image biblique pour souligner la permanence de l’engagement jeune : le Livre de Joël (Joël 3:1) évoquait déjà « des fils et des filles qui prophétisent, des jeunes qui voient des visions ». L’idée centrale est que, avant que des générations de jeunes ne se détournent de la démocratie, il convient de les entendre. Ignorer leurs revendications au profit d’un « comprendre » exprimé pour une minorité de manifestants plus âgés serait, selon l’analyse, aller à contre‑courant du changement social.

La question posée au terme de cette analyse est simple et politique : écoutera‑t‑on les voix conservatrices qui défendent des intérêts acquis, ou prêtera‑t‑on attention aux visions et aux revendications des jeunes qui réclament des transformations profondes ?

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source:https://www.nrc.nl/nieuws/2025/10/02/luister-niet-naar-oude-demonstranten-a4908079

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