Plus de 200 personnes se sont réunies samedi pour une marche blanche, Lina, hommage, liberté, justice, Saint-Blaise-la-Roche, célébrer la mémoire d’une adolescente retrouvée morte il y a deux ans et porter un message de solidarité et de défense des libertés individuelles.
Marche blanche à Saint-Blaise-la-Roche : hommages et recueillement
Devant « l’arbre de mémoire » sur la RD350, non loin du lieu de l’enlèvement, la mère de Lina, Fanny Groll, a rendu public le portrait d’une jeune fille que l’on décrit comme souriante et généreuse. « Lina voulait ‘vivre sa vie d’adolescente, partager, voir sa famille, ses amis, son amoureux. […] Elle était une vraie lumière de vie’. »
Les participants, vêtus de blanc, tenaient pour certains des roses blanches et arboraient des t-shirts à l’effigie de la victime. La marche, partie une demi-heure plus tôt des étangs du Breux, a rassemblé « plus de 200 » personnes venues d’horizons proches, y compris des retraités et des amis de la famille.
La cérémonie s’est déroulée dans un climat de grande émotion : silence, gestes recueillis et témoignages. En lisant une lettre de la direction de la Maison familiale et Rurale où Lina était scolarisée, Fanny Groll a évoqué la joie de vivre de sa fille : « Nous nous souviendrons de sa capacité à danser dans les couloirs, pendant les pauses, sans se soucier du regard des autres ; son éclat de rire quand on le lui faisait remarquer. »
Parmi la foule, des habitants venus de communes voisines ont exprimé leur surprise et leur peine. Alain, retraité venu de Molsheim, a confié qu’il « peine presque à imaginer que l’on puisse faire une mauvaise rencontre ‘dans un lieu si paisible’ ». D’autres, comme son amie obernoise Marie, ont dit être présents pour « apporter notre soutien à la maman de Lina » qui, outre le deuil, a dû « subir tous ces propos négatifs » sur les réseaux sociaux.
Au cours de l’hommage, une petite plaque a été posée près de l’arbre : « A la mémoire de Lina – 23 septembre 2023 ». La date inscrite rappelle que la marche blanche s’est tenue dans un décor chargé de souvenirs : le même été indien, les mêmes colchiques et marrons le long de la route que ce jour-là où la jeune fille se rendait à pied à la gare de Saint-Blaise-la-Roche et a été enlevée.
Revendiquer la liberté et demander une meilleure protection des victimes
Au-delà du recueillement, la marche blanche a servi de tribune pour rappeler que « toute femme ou jeune fille doit être libre ‘de marcher sur la route’, de ‘faire du jogging…’ ». Fanny Groll a insisté : « C’est un droit fondamental, une liberté ». Elle a ajouté, en soulignant l’inhumanité des actes qui ont privé sa fille de la vie : « Mais ce qu’on n’a pas le droit de faire, c’est faire acte de cruauté, d’inhumanité, d’ôter la vie ».
La question du harcèlement et des agressions en ligne figure au cœur des revendications portées par l’association créée par la famille, les Bonnes étoiles de Lina. Selon la mère, il est urgent « de revoir par exemple les lois sur la diffamation qui ne sont plus adaptées » aux réalités des réseaux sociaux et de renforcer l’arsenal juridique « pour protéger les victimes » de harcèlement.
« de revoir par exemple les lois sur la diffamation qui ne sont plus adaptées »
La fondatrice et les proches ont reçu de nombreuses marques de sympathie au cours du rassemblement. Ils ont rappelé attendre la clôture de l’instruction sur le meurtre de Lina, procédure dont l’achèvement est retardé pour « des raisons d’engorgement de la justice ». Le délai d’instruction reste ainsi une source de frustration pour la famille et les soutiens rassemblés.
Les participants ont conclu la marche en déposant des fleurs et en observant un moment de silence, réaffirmant collectivement le souhait que la mémoire de Lina serve aussi de signal d’alerte sur la nécessité de protéger davantage les personnes vulnérables, tant dans l’espace public que sur les plateformes numériques.