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    À Gyeongju, lors du sommet APEC en Corée du Sud, la trêve commerciale conclue entre Donald Trump et Xi Jinping a relancé le débat sur qui, des deux dirigeants, est sorti le plus renforcé de la rencontre.
    Mais sur le basculement du rapport de forces entre les États‑Unis et la Chine, peu d’observateurs contestent que Pékin ait gagné en influence.
    Le rapprochement ponctuel enregistré pendant la réunion n’a pas effacé des gains stratégiques tangibles pour la Chine.
  
Concessions et équilibre retrouvés
    Xi est arrivé à la rencontre dans une position de négociation beaucoup plus forte qu’en 2019, et il est reparti avec des concessions, notamment un recul partiel des contrôles à l’exportation de technologies.
    Les échanges entre les deux dirigeants, ponctués de poignées de main et de formules cordiales, ont néanmoins illustré la nouvelle dynamique bilatérale.
    Xi a insisté sur l’égalité des statuts en comparant leurs rôles à « deux capitaines à la barre d’un navire », appelant à maintenir le cap face aux vents et aux vagues.
  
    Pour le détail des annonces liées à la trêve commerciale, voir le compte rendu publié sur Al Jazeera :
    https://www.aljazeera.com/amp/economy/2025/10/30/trump-says-xi-agreed-to-one-year-trade-deal-after-amazing-talks
  
Le rôle déterminant des terres rares
    Pékin a renforcé sa capacité de riposte en affirmant son contrôle sur les minéraux critiques, notamment les terres rares, indispensables à la fabrication de smartphones, véhicules électriques et équipements militaires.
    Mi‑octobre, la Chine a durci ses règles en exigeant des autorisations pour l’exportation de produits contenant des traces de ses terres rares, signalant sa volonté d’exploiter ce levier.
    Cette stratégie a ravivé les craintes d’une rupture grave des chaînes d’approvisionnement mondiales.
  
    Les chiffres parlent d’eux‑mêmes : la Chine concentre environ 70 % de l’extraction des terres rares et 90 % de leur séparation et traitement, ce qui lui confère un avantage stratégique majeur.
    Pour plus de contexte sur ces mesures, reportez‑vous à l’analyse suivante :
    https://www.aljazeera.com/news/2025/10/10/china-tightens-export-controls-on-rare-earth-metals-why-this-matters
  
Impact économique : soja, droits de douane et chaînes d’approvisionnement
    Avant le sommet, la Chine avait réduit fortement ses achats de soja américain, se tournant vers le Brésil et l’Argentine, ce qui a divisé par plus de deux la part des États‑Unis dans ses importations.
    Cet embargo effectif a frappé durement les agriculteurs du Midwest américain et représentait un risque politique pour l’administration Trump.
  
    La trêve prévoit une reprise partielle des achats de soja par la Chine et le report de contrôles à l’exportation sur cinq terres rares — alors que des mesures annoncées en avril concernant sept autres restent en vigueur.
    Autre concession notable favorable à Pékin : la réduction du tarif lié au fentanyl, de 20 % à 10 %.
  
- Reprise partielle des achats de soja aux États‑Unis.
- Report des contrôles sur cinq terres rares ; sept autres contrôles maintenus.
- Baisse du tarif « fentanyl » de 20 % à 10 %.
Analyses d’experts : vers un nouvel équilibre
    Plusieurs spécialistes estiment que la dynamique stratégique a changé en faveur de la Chine. Dexter Roberts, chercheur non résident au Global China Hub de l’Atlantic Council, affirme que la Chine est « bien, bien plus proche d’un pair ».
    Selon lui, la stature de la Chine s’est élevée tandis que celle des États‑Unis a décliné dans le contexte des confrontations commerciales.
  
    Gabriel Wildau, vice‑président chez Teneo, souligne que la capacité de Pékin à mobiliser des contrôles sur les terres rares a été « décisive » pour modifier le rapport de forces dans les négociations.
    Il estime que ce levier dissuadera d’autres gouvernements de recourir à des tarifs ou contrôles coercitifs contre la Chine.
  
D’autres voix rappellent toutefois la cyclicité de la rivalité stratégique. Ja Ian Chong, professeur à la National University of Singapore, note que chaque camp adapte ses outils : la Chine a contourné les contrôles technologiques en s’appuyant sur les terres rares, et les États‑Unis trouveront sans doute de nouvelles réponses à l’avenir.
Perceptions chinoises : affirmation de puissance
    En Chine, certains analystes sont plus tranchés. Wang Wen, doyen de l’Institut Chongyang à l’université Renmin, estime que la guerre commerciale de la présidence Trump peut être « désormais déclarée un échec ».
    Pour lui, la montée en puissance de la Chine a contraint les États‑Unis à « apprendre le respect » et marque selon lui l’entrée dans « une ère d’égalité » entre les deux pays.
  
    Steve Tsang, directeur du SOAS China Institute à Londres, pense que Pékin considérera l’accord comme un « bon résultat » et cherchera à consolider ses gains, en s’appuyant notamment sur une visite de Trump prévue en Chine au mois d’avril.
    Cette prochaine visite sera surveillée comme un test de l’évolution durable du rapport de forces.
  
Ce que cela signifie pour le rapport de forces Trump‑Xi
    Le sommet a illustré un rééquilibrage dans la relation bilatérale : la Chine dispose aujourd’hui d’un éventail d’instruments économiques et industriels qui limitent la marge de manœuvre américaine.
    La dynamique reflète une stratégie chinoise de résilience économique et d’utilisation de leviers d’influence sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.
  
    Reste à voir comment Washington réagira à moyen terme et quelles mesures il développera pour retrouver un avantage compétitif ou diversifier ses approvisionnements.
    En attendant, le terme « Trump‑Xi rapport de forces » résume bien la réalité d’un duopole global où l’équilibre est devenu beaucoup moins unilatéral qu’auparavant.
  
 
			        