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Soudan : des réseaux de volontaires ont sauvé des milliers

by Sara
Soudan, France

Depuis le début du conflit au Soudan, des réseaux de « salles d’urgence » animés par des volontaires ont constitué une vaste toile d’entraide civile. Ces groupes, nés sur des plateformes de discussion en ligne et renforcés pendant la révolution, ont permis de sauver des milliers de vies malgré la poursuite des combats et le resserrement des contrôles militaires. Leurs actions vont de la distribution de repas à l’organisation de collectes de sang, en passant par la prise en charge des enfants privés d’école.

Genèse et expansion des « salles d’urgence »

Les initiatives ont commencé durant la révolution soudanaise et se sont élargies avec l’intensification de la guerre. Selon le reportage d’Augustin Passié sur place à Khartoum, ces réseaux sont passés d’une aide ponctuelle à des services structurés et permanents. Ils s’appuient sur des bénévoles locaux, souvent issus des comités de résistance, qui organisent leur travail malgré des ressources limitées.

Actions concrètes sur le terrain

Les volontaires Soudan interviennent dans de nombreux domaines pour répondre aux besoins urgents des populations affectées. Leurs activités principales incluent:

  • Distribution quotidienne de repas dans des cuisines communautaires gérées par des bénévoles.
  • Approvisionnement en médicaments et organisation de collectes de sang pour les blessés.
  • Mise en place de programmes d’accueil et d’éducation pour les enfants déscolarisés.
  • Soutien logistique aux hôpitaux encore opérationnels et formation accélérée de jeunes intervenants médicaux.

À Khartoum, par exemple, des « tikkaya » (cuisines communautaires) préparent des centaines de repas chaque jour: «Nous préparons 350 repas par jour et travaillons 20 jours par mois», explique un bénévole connu sous le nom de Bukhari al-Sayeq (nom modifié).

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Réfugiés soudanais en situation humanitaire critique
Une crise humanitaire au Soudan qui met en lumière la faiblesse des organisations de défense des droits humains.

Pressions, soupçons et répression

Malgré leur rôle vital, ces réseaux subissent la méfiance et la surveillance de l’armée soudanaise. De nombreux volontaires sont perçus comme proches des comités de résistance qui ont participé aux manifestations contre Omar el-Béchir et à la contestation de 2021.

La correspondante rapporte une hausse des arrestations de membres de ces réseaux, y compris à Port‑Soudan et à Khartoum. Parmi eux figure Brir al‑Toum, membre d’une salle d’urgence de Port‑Soudan, détenu depuis la fin du mois d’août.

Témoignages des volontaires

Les bénévoles décrivent un climat d’incertitude et de harcèlement. «J’ai été arrêté plus de 20 fois par les deux camps», confie, avec sarcasme, Momen Ahmed, tout en évitant d’irriter le représentant du centre médiatique militaire présent lors des entretiens.

Malgré ces risques, ils persistent dans leurs missions, souvent au prix de sacrifices personnels importants et d’une exposition constante à la violence.

Rôle des jeunes dans les hôpitaux et adaptation des actions

Dans des établissements encore en activité, comme l’hôpital Al‑Nu, de jeunes volontaires ont endossé des responsabilités médicales après des formations accélérées. Leur intervention comble partiellement le manque de personnel soignant causé par la guerre.

Parallèlement, certains groupes ont réorienté leur action vers l’éducation communautaire. À Omdurman, des militantes ont créé des centres alternatifs pour accueillir et encadrer des enfants privés d’école.

Reconnaissance internationale et symbolique

Malgré la répression et la raréfaction des financements, les salles d’urgence restent un symbole fort de l’organisation civile soudanaise. Leur travail a été salué internationalement: elles ont notamment été proposées à deux reprises pour le prix Nobel de la paix et ont reçu des prix internationaux en matière de droits humains.

Ces distinctions soulignent la portée humanitaire et politique de ces réseaux, qui continuent d’offrir des services vitaux là où l’État et les organisations traditionnelles peinent à répondre.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/11/19/%d9%84%d8%a7%d9%83%d8%b1%d9%88%d8%a7-%d8%b4%d8%a8%d9%83%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%aa%d8%b7%d9%88%d8%b9%d9%8a%d9%86-%d8%a3%d9%86%d9%82%d8%b0%d8%aa-%d8%a2%d9%84%d8%a7%d9%81

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