Table of Contents
La coalition armée soudanaise Tasis, formée en février, a récemment dévoilé un gouvernement parallèle de « paix transitionnelle » destiné à rivaliser avec le gouvernement en guerre basé à Port-Soudan.
Cette alliance repose sur un partenariat entre les Forces de soutien rapide (RSF) et le Mouvement de libération du peuple soudanais-Nord (SPLM-N), un groupe armé puissant qui contrôle de vastes territoires dans les États du Kordofan du Sud et du Nil Bleu, dans le sud du Soudan.
Un conflit enraciné et une guerre civile en cours
Le SPLM-N mène une rébellion contre le gouvernement central et les forces armées soudanaises (SAF) depuis quarante ans, un conflit lié à des accaparements agressifs de terres par les élites centrales.
Les RSF et les SAF étaient alliés, mais une lutte pour le pouvoir a déclenché une guerre civile totale en avril 2023. Depuis, les deux factions s’opposent farouchement sur le terrain et dans l’arène politique.
Des analystes expliquent que l’alliance Tasis cherche à contester la légitimité et la puissance des SAF après plus de deux ans de conflit intense.
Une tentative de légitimation politique
Le gouvernement Tasis a été annoncé seulement trois jours avant le début d’un nouveau cycle de pourparlers de paix prévu le 29 juillet aux États-Unis.
Cette nouvelle phase réunira des représentants du « Quartet soudanais » composé de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et des États-Unis. Ni les SAF ni les RSF ne participeront à cette session, selon les informations disponibles.
La formation d’un gouvernement propre vise à renforcer la reconnaissance internationale des RSF, souvent perçues comme un simple groupe armé, et à améliorer leur position dans les futures négociations.
Une parodie d’autorité étatique
Le gouvernement soutenu par les RSF, basé à Port-Soudan, est dirigé par un conseil composé d’élites militaires et de civils loyaux. Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo, chef des RSF, préside ce conseil présidentiel de 15 membres, tandis qu’Abdelaziz al-Hilu, leader du SPLM-N, en est le vice-président.
Près de 47 % des postes sont attribués à des commandants et fonctionnaires alignés sur les RSF, environ un tiers au SPLM-N, le reste étant distribué à des groupes armés plus petits et des partis politiques qui ont rejoint Tasis pour accroître leur influence.
Parmi les nouvelles figures gouvernementales, on compte Suleiman Sandal du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) nommé ministre de l’Intérieur, ainsi qu’Al-Tahir Hajar du Rassemblement des forces de libération du Soudan (SLFG).
Le Premier ministre du gouvernement Tasis est Mohamed Hassan al-Ta’aishi, un politicien originaire du Darfour et ancien membre du Conseil souverain de transition établi après la chute d’Omar al-Bashir en 2019.
Un gouvernement parallèle qui cristallise la division
Depuis que les SAF ont repris Khartoum aux RSF en mars, ils contrôlent l’est et le centre du pays, tandis que les RSF cherchent à consolider leur emprise sur les régions ouest et sud.
La création du gouvernement Tasis risque plus de renforcer cette division qu’offrir un avantage lors des négociations de paix. Selon des experts, cela pourrait même faciliter une partition de fait du pays, malgré l’absence d’intention stratégique affichée dans ce sens.
Cette dualité gouvernementale encourage les groupes armés à accumuler du pouvoir dans l’espoir d’obtenir des postes dans l’une ou l’autre des administrations, ce qui amplifie la fragmentation et ancre davantage les dynamiques de guerre.