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Succès de la médiation turque pour apaiser l’Éthiopie et la Somalie
Dans le cadre des efforts de médiation déployés par la Turquie, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a reçu lors d’une visite officielle le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan. Cette rencontre visait à renforcer les relations bilatérales et à travailler sur la réconciliation entre Addis-Abeba et Mogadiscio.
La Turquie a entamé des négociations de médiation entre la Somalie et l’Éthiopie concernant un accord sur le port de Berbera, situé sur la côte méridionale du golfe d’Aden. Cet accord a été signé par Addis-Abeba avec la région sécessionniste de Somaliland après la visite d’Abiy Ahmed à Ankara en mai, où il a rencontré le président Recep Tayyip Erdoğan et a demandé à Antalya d’intercéder entre les deux nations.
Début juillet, le ministre Fidan a organisé des discussions avec ses homologues éthiopien et somalien, qui ont abouti à la signature d’une déclaration conjointe après des négociations qualifiées de « franches et amicales » pour résoudre les différends.
Fidan a annoncé que la deuxième ronde de discussions devrait se tenir le 2 septembre prochain à Ankara, soulignant la continuité des efforts turcs pour jouer un rôle de médiateur en vue d’un accord diplomatique entre les deux parties.
Les intérêts turcs
Ankara cherche à tirer parti de ses bonnes relations avec Mogadiscio et Addis-Abeba pour jouer le rôle de médiateur, bénéficiant de la confiance des deux pays, selon le chercheur en affaires turques Mahmud Aloush.
Dans une interview, Aloush a précisé que la visite de Fidan visait à préparer un environnement propice pour le succès des discussions à venir entre la Somalie et l’Éthiopie à Ankara.
Il estime que ce rôle est bénéfique non seulement pour la Somalie et l’Éthiopie, mais contribue également à accroître l’influence de la Turquie dans la région de la Corne de l’Afrique. Bien que la Turquie entretienne une relation stratégique avec la Somalie, elle accorde une importance significative à l’entretien et au développement de ses liens avec l’Éthiopie dans divers domaines.
Il considère l’Éthiopie comme une puissance régionale montante, et établir un partenariat avec ce pays pourrait renforcer davantage la présence de la Turquie en Afrique. Ainsi, Ankara doit trouver un équilibre entre son engagement dans la Corne de l’Afrique et ses intérêts dans les deux pays.
Selon Aloush, la stratégie de la Turquie en Afrique repose sur l’établissement de partenariats diversifiés avec différents pays, notamment ceux qui jouent un rôle actif, tout en évitant de s’impliquer dans leurs conflits, en accord avec sa politique dans la Corne de l’Afrique.
Jusqu’à présent, Ankara a réussi à éviter de s’impliquer négativement dans les conflits africains afin de préserver sa stratégie de partenariats multiples. Néanmoins, la crise entre la Somalie et l’Éthiopie représente un défi majeur pour Ankara, mettant à l’épreuve sa capacité à maintenir l’équilibre de sa stratégie tout en atteignant ses objectifs dans la région.
La Turquie et la Corne de l’Afrique
Depuis la fin de la guerre froide, la Turquie a adopté une approche multidimensionnelle dans sa politique étrangère, visant à promouvoir la paix et la médiation en Afrique et en Amérique latine, tout en élargissant ses réseaux diplomatiques, économiques et humanitaires.
L’Afrique est devenue un territoire vital pour l’application de cette politique étrangère diversifiée. En 2005, Ankara a déclaré l’année « Année de l’Afrique », déclenchant une série d’initiatives rapides pour établir des partenariats commerciaux et mettre en œuvre des projets de paix dans les pays africains.
Dès 2008, la Turquie a obtenu le statut de partenaire stratégique de l’Union africaine, réussissant à équilibrer le renforcement de la sécurité, la construction d’institutions et le soutien à la paix grâce à son aide et à ses expansions commerciales, ainsi qu’à ses efforts de médiation.
Le rôle de la Turquie dans la Corne de l’Afrique s’est particulièrement accentué depuis 2011, avec un engagement actif en Somalie, où elle est l’un des principaux soutiens humanitaires. Depuis 2013, la Turquie a également engagé des efforts de médiation entre Mogadiscio et la région de Somaliland, démontrant ainsi sa capacité à influencer l stabilisation de l’une des zones les plus difficiles au monde.
Opportunités et défis
Le politique analyste, Ahmed Ouzgour, souligne que la Somalie ne perçoit pas négativement l’accès de l’Éthiopie à un port commercial, comme l’indiquent les déclarations du président somalien Hassan Sheikh Mahmoud lors d’un rassemblement des pays de la région, témoignant d’une bonne volonté et d’une ouverture à la coopération concernant l’accès d’Éthiopie à la mer.
Ouzgour a ajouté que cela reflète l’importance de la situation pour promouvoir la paix et l’intégration régionale, soulignant la nécessité d’apprécier les efforts diplomatiques des deux parties. Toutefois, le gouvernement fédéral somalien veille à ne pas autoriser l’établissement d’une base militaire pouvant être utilisée à des fins non commerciales sans son accord.
Il a précisé que la médiation turque constitue un premier pas vers la résolution des conflits entre l’Éthiopie et la Somalie, surtout que cette dernière a été réticente à toute intervention extérieure auparavant. La résolution de cette question pourrait prendre plus de temps à moins qu’une des parties ne commence à répondre aux exigences de l’autre.
Les actions à entreprendre dans ce sens doivent être soigneusement analysées par les États de la région, car il existe un réel risque que les vides de pouvoir résultant des récents événements dans la région soient comblés par des organisations terroristes liées à Daech et à Al-Qaïda.
Ouzgour a également mis l’accent sur le rôle central de la Turquie dans ce processus, bénéficiant de l’acceptation des deux États. Il a conclu que l’inefficacité de l’ONU dans le cadre de la crise actuelle du système mondial et des crises internationales renforce l’importance du rôle joué par la Turquie dans la résolution des crises régionales.