Les autorités talibanes d’Afghanistan et le gouvernement pakistanais se sont mutuellement accusés, vendredi 5 décembre, d’avoir ouvert le feu dans une zone frontalière, en violation de la trêve conclue en octobre entre les deux pays.
Selon le porte-parole taliban Zabihullah Mujahid, sur le réseau social X, la partie pakistanaise a commencé à attaquer l’Afghanistan à Kandahar, dans le district de Spin Boldak au sud, et les forces de l’émirat islamique ont été contraintes de riposter, sans autres détails.
De son côté, Mosharraf Zaidi, porte-parole du premier ministre pakistanais, a indiqué sur X que « nos forces armées ont immédiatement réagi de manière appropriée et intense », ajoutant qu’il y a peu de provocation de la part du régime taliban.
D’après des habitants de la région contactés par l’AFP côté afghan, les échanges de tirs ont démarré vers 22 h 30 (19 heures, heure de Paris) et ont duré environ deux heures.
Ali Mohammed Haqmal, chef du département de l’information de Kandahar, a accusé le voisin pakistanais d’avoir déclenché les hostilités avant d’indiquer qu’elles avaient pris fin. Il a fait état d’“artillerie légère et lourde” et de tirs de mortier qui ont touché des maisons de civils; selon lui, les combats ont cessé et les deux parties ont accepté d’y mettre fin, sans évoquer de victimes.
Les autorités pakistanaises n’ont pas réagi dans l’immédiat. Un correspondant de l’AFP à Chaman a entendu des tirs d’artillerie et des explosions.
Les tensions entre les deux pays, alimentées par des questions sécuritaires récurrentes, se sont fortement détériorées ces derniers mois et ont conduit, à la mi-octobre, à un affrontement d’une ampleur inédite qui a fait environ 70 morts.
Une trêve avait été entérinée le 19 octobre après une médiation du Qatar et de la Turquie, mais les tirs près de la frontière ont persévéré et la frontière est restée fermée depuis le 12 octobre. Des négociations entamées à Ankara début novembre en vue d’un cessez-le-feu durable ont échoué. Le 25 novembre, Kaboul avait accusé le Pakistan d’avoir frappé des régions frontalières, faisant dix morts, dont neuf enfants, accusation démentie par Islamabad.