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Tunisie : opposants en grève de la faim pour Jawhar Ben Mbarek

by Sara
Tunisie

Des personnalités de l’opposition tunisienne ont annoncé rejoindre une grève de la faim collective en solidarité avec Jawhar Ben Mbarek, dont la santé se serait fortement détériorée après neuf jours sans nourriture. Professeur de droit constitutionnel et cofondateur du Front du Salut National, Ben Mbarek a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention, qui dure depuis février 2023.

Solidarité familiale et mobilisation politique

La solidarité s’est d’abord manifestée au sein de sa famille. Ezzeddine Hazgui, militant de longue date et père de Jawhar Ben Mbarek, a déclaré lors d’une conférence de presse à Tunis que l’état de santé de son fils était « préoccupant » et qu’il se détériorait.

Hazgui a annoncé que sa famille entamerait elle aussi une grève de la faim en signe de soutien. Il a ajouté : « Nous ne pardonnerons pas à Kais Saied. »

Plusieurs dirigeants de l’opposition ont également annoncé leur participation ou leur soutien à la grève :

  • Issam Chebbi, dirigeant d’Al Joumhouri, lui-même incarcéré après avoir été condamné dans le même procès collectif.
  • Wissam Sghaier, autre responsable d’Al Joumhouri, dont certains membres du parti suivront la démarche.
  • Rached Ghannouchi, leader d’Ennahdha, âgé de 84 ans et lui aussi détenu, a déclaré rejoindre la protestation pour soutenir Ben Mbarek et défendre « l’indépendance de la justice et la liberté » dans le pays.

Condamnations, accusations et contexte juridique

Jawhar Ben Mbarek a été condamné en avril à 18 ans de prison pour « complot contre la sûreté de l’État » et « appartenance à un groupe terroriste », dans le cadre d’un procès de masse vivement critiqué par les ONG de défense des droits humains.

Rached Ghannouchi fait face, quant à lui, à plusieurs condamnations, dont des accusations de blanchiment d’argent, qui totalisent plus de vingt ans de prison selon les décisions rendues. Ghannouchi conteste ces verdicts.

Depuis l’élection de Kais Saied en 2019, les organisations de défense des libertés publiques observent un recul marqué des droits civils. La prise de pouvoir par décret en juillet 2021, la dissolution du parlement et l’adoption d’une nouvelle constitution via un référendum largement boycotté en 2022 ont renforcé le pouvoir exécutif.

Des lois répressives ont également été adoptées, notamment la législation dite contre les « fake news » de 2023, qui a servi à poursuivre des voix critiques. Voir le texte et analyses publiés sur Al Jazeera : https://www.aljazeera.com/news/2023/7/18/tunisia-anti-fake-news-law-criminalises-free-speech-legal-group

État de santé en détérioration et réactions des organisations de défense

Des groupes de défense des droits ont alerté sur la vulnérabilité croissante de Ben Mbarek et ont demandé une surveillance médicale stricte. La Ligue tunisienne pour les droits de l’Homme a indiqué avoir tenté à plusieurs reprises de le convaincre d’interrompre sa grève, sans succès.

Les autorités pénitentiaires ont nié que la santé de leurs détenus se soit dégradée en raison de grèves de la faim. Cette position a été remise en question par l’Organisation arabe pour les droits de l’homme au Royaume-Uni.

L’Organisation arabe pour les droits de l’homme a souligné plusieurs points :

  • La nécessité de respecter la loi tunisienne qui impose à l’État la protection de la vie des détenus, même lorsqu’ils choisissent la grève de la faim.
  • L’obligation pour l’administration pénitentiaire d’assurer des soins médicaux appropriés et un suivi régulier.
  • Que la protestation de Ben Mbarek reflète un climat politique et social tendu, lié aux conditions de détention et aux procédures judiciaires perçues comme politisées.

Le message publié par l’organisation sur Twitter décrivait l’état de santé fragilisé de Ben Mbarek et appelait à un suivi médical constant : https://twitter.com/AohrUk_ar/status/1986776954968682956?ref_src=twsrc%5Etfw

Portée politique et préoccupations internationales

Les observateurs estiment que l’affaire Ben Mbarek dépasse le cas individuel et met en lumière des enjeux plus larges de l’État de droit en Tunisie. La mobilisation des dirigeants de l’opposition traduit une polarisation politique profonde.

Par ailleurs, des condamnations récentes, comme celle de l’avocat et critique d’al-Saied Ahmed Souab, incarcéré sous la loi dite Décret-loi 54, renforcent les inquiétudes quant aux restrictions de l’espace public : https://www.aljazeera.com/news/2025/10/31/tunisia-sentences-lawyer-and-saied-critic-to-five-years-in-prison

Des questions persistent sur la capacité des institutions à garantir un procès équitable et à protéger les droits fondamentaux, alors que la société civile appelle à davantage de transparence et de surveillance médicale pour les détenus en grève de la faim.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/11/8/tunisian-opposition-figures-join-hunger-strike-to-support-jailed-politician

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