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La phrase choc « Je ne donnerai pas les marchés publics aux Russes ou aux Américains, mais aux Turcs » attribuée au Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, provoquant une onde de choc et d’indignation. Ce propos, largement partagé, a suscité l’étonnement et la colère, notamment parmi ceux qui suivent de près les questions arméniennes et les relations régionales.
Cependant, derrière cette déclaration controversée se cache une réalité bien différente, loin d’un simple « propos explosif ». Il s’agit plutôt d’un exemple classique de désinformation numérique, reposant sur la manipulation, l’extraction hors contexte et la déformation des paroles originales, dans le but d’attiser des tensions politiques et identitaires.
Diffusion et origine du propos attribué à Pashinyan
Le service de vérification d’Al Jazeera a enquêté sur la source de cette affirmation et analysé le clip original intégral pour vérifier l’exactitude de la déclaration. L’étude de la diffusion montre que le premier à avoir publié cette vidéo tronquée était un compte turc sur la plateforme X, nommé @m3vzu, connu pour son contenu à large portée interactive.
Le clip, d’à peine 9 secondes, prétend montrer Pashinyan au parlement criant : « Je ne donnerai pas les marchés aux Russes ou aux Américains, mais aux Turcs ». Cette publication a rapidement dépassé un million de vues sur ce seul compte, avant d’être relayée par de multiples autres profils nationaux et régionaux, souvent accompagnés de commentaires accusant le Premier ministre de « trahison envers les alliés » et de « favoritisme envers un ennemi historique ».
Ce qu’a réellement dit Nikol Pashinyan
En examinant la session parlementaire complète datée du 7 mai dernier, d’une durée de plus de trois heures, il s’avère qu’à la minute 02:39:00 — le moment d’où est extrait le clip viral — aucune mention n’est faite par Pashinyan concernant des marchés publics, ni la Russie, ni les États-Unis, ni la Turquie.
Le Premier ministre répondait avec fermeté à un journaliste en sortant de la salle, critiquant certains traitements médiatiques de questions locales, sans évoquer aucune puissance étrangère ou marché public. Les images provenant de différents angles témoignent que les propos attribués à tort à Pashinyan n’ont jamais été prononcés.
Un exemple typique de désinformation par extraction hors contexte
Cette manipulation illustre une pratique courante de désinformation ciblée : isoler un court instant de parole hors de son contexte, pour le remodeler selon une narration politique biaisée et polarisante. De telles méthodes sont couramment utilisées dans les campagnes médiatiques visant à influencer l’opinion publique, discréditer un acteur politique ou détourner l’attention de véritables enjeux.