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Les centres de données, y compris ceux qui font fonctionner l’intelligence artificielle générative, consomment de plus en plus d’électricité. Pourtant, ils ne devraient représenter qu’une part minime de la croissance globale de la demande en électricité d’ici 2030.
Le prix de la magie
En utilisant des outils tels que ChatGPT, Perplexity ou Claude, il est difficile de ne pas être impressionné par la rapidité de calcul de l’intelligence artificielle (IA) générative. Cette « magie » qui semble raisonner, parcourir Internet et créer du contenu de manière autonome nécessite des centres de données informatiques pour fonctionner, entraînant ainsi une consommation d’électricité significative.
Logique d’entreprise
Martin Deron, chargé de projet pour le défi numérique de Chemins de transition, un projet de recherche affilié à l’Université de Montréal, souligne qu’il y a quelques années, l’empreinte carbone du numérique provenait principalement de la fabrication d’appareils tels que les téléphones, les tablettes et les ordinateurs. « L’impact des centres informatiques où sont stockées nos données était moins significatif dans notre empreinte numérique totale », déclare-t-il. De plus, les entreprises propriétaires de ces centres cherchent à minimiser leurs coûts, notamment en matière d’énergie.
6 %
Cette dynamique a entraîné une amélioration significative des performances des centres informatiques. De 2010 à 2018, leur capacité a augmenté de plus de 550 % à l’échelle mondiale, tandis que la consommation d’énergie n’a crû que de 6 %, selon une étude publiée en 2020 dans la revue *Science*. « Ainsi, même si nos usages numériques augmentaient, l’empreinte carbone des centres informatiques n’a pas substantiellement augmenté grâce à l’innovation et aux améliorations techniques », explique Martin Deron. Cela dit, l’IA générative remet en question cette tendance.
Demande en hausse
Les besoins liés à l’entraînement des modèles d’IA et à la génération de nouvelles données nécessitent l’implantation de davantage de centres informatiques. « Les centres atteignent déjà leurs limites en termes d’énergie disponible. On entend que des entreprises comme Microsoft, Google ou Amazon prévoient de lancer ou relancer des centrales pour produire l’électricité nécessaire », souligne-t-il. Il semble donc que la demande en énergie de ce secteur va augmenter dans les années à venir.
D’ici 2030
Actuellement, les centres informatiques représentent environ 2 % de la demande mondiale en électricité. D’après les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cette demande devrait contribuer à hauteur de 3 % à la hausse de la demande mondiale d’électricité d’ici 2030, en partie due à l’IA. D’autres secteurs, tels que les besoins industriels, les bâtiments, les véhicules électriques ainsi que les besoins en climatisation et chauffage, devraient occuper une part beaucoup plus importante de la croissance de la demande en électricité.
Demande locale
Dans une analyse récente, Hannah Ritchie, scientifique spécialisée dans les données à l’Université d’Oxford, a noté que la demande en électricité des centres informatiques est très localisée et devrait influencer davantage certains lieux que la consommation d’électricité globale. « Par exemple, Microsoft a conclu un accord pour relancer la centrale nucléaire de Three Mile Island, mais cette centrale ne peut produire que 0,2 % de l’électricité produite chaque année aux États-Unis, et seulement 0,02 % au niveau mondial », a écrit Mme Ritchie. Il subsiste encore beaucoup d’incertitudes. La demande d’énergie liée à l’IA augmentera, mais peut-être moins que ce que l’on pourrait penser.