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Des puces aux satellites, les euro-champions sont de retour. Turbulences attendues.
Les entreprises européennes en ordre dispersé
La fusion de nombreuses petites entreprises européennes a permis dans le passé de rivaliser avec Boeing et a conduit à la création d’Airbus, qui a su s’imposer sur le marché de l’aéronautique. Aujourd’hui, la question se pose de savoir si cette stratégie pourrait être rééditée pour faire face à des géants comme Google, Nvidia ou SpaceX. Les responsables politiques à Bruxelles semblent persuadés que le moment est venu de créer un nouvel « Airbus multifonction ».
Cependant, il est important de noter que malgré une certaine théorie d’un rapprochement des économies de l’UE, la réalité montre que les grandes entreprises du continent demeurent largement fragmentées. Chaque pays européen a ses propres champions dans divers secteurs, tels que l’énergie et l’automobile. Cette fragmentation est souvent attribuée à l’absence d’un marché unique complet au sein de l’Union, rendant le commerce transfrontalier compliqué.
Vive le capitalisme d’État
Des alliances telles que celle entre Peugeot et Fiat, qui a donné naissance à Stellantis, montrent une tendance vers la coopération. Cependant, les dirigeants européens aspirent à plus que de simples fusions. Airbus illustre l’idée que les grandes entreprises peuvent être utilisées pour catalyser des projets politiques ambitieux. Les politiques européennes souhaitent désormais des gigafactories pour la production de micropuces et des entreprises dédiées aux technologies vertes pour accompagner la transition énergétique.
Pour beaucoup, la conception d’une politique industrielle interventionniste était autrefois inconcevable au sein de l’UE. Pourtant, avec l’essor de la concurrence internationale, certains responsables évoquent un retour à un capitalisme plus dirigé, à l’ombre de l’expérience de la Chine.
L’“Airbus de” à l’ère de ChatGPT
Les changements de paradigme sont déjà visibles. L’UE, autrefois réticente à soutenir directement des secteurs spécifiques, accorde désormais des subventions massives aux industries jugées stratégiques, comme les batteries et l’hydrogène. Toutefois, les défis demeurent. Guillaume Faury, le patron d’Airbus, affirme que la coopération est essentielle pour devenir un leader mondial, mais cette approche pourrait ne pas être applicable à des secteurs technologiques en constante évolution.
Des projets tels que Northvolt et Gaia-X, qui visaient à créer des alternatives européennes dans le domaine des batteries et du cloud computing, ont rencontré des difficultés majeures, soulignant les obstacles considérables qui persistent.
Le dirigisme à l’épreuve de la dette
Les États européens, pour la plupart, affrontent des dettes colossales, ce qui limite leur capacité à soutenir des politiques industrielles ambitieuses. Pour les partisans d’une approche dirigiste, la solution consiste à favoriser discrètement certaines industries, tandis que l’UE prend des mesures protectionnistes, comme l’imposition de droits de douane sur les véhicules électriques importés de Chine.
À la croisée des chemins, l’Europe devra décider si elle souhaite véritablement créer des champions industriels à l’échelle continentale, malgré les coûts potentiels pour les consommateurs à long terme.