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Ariane-6 a retrouvé sa place dans le paysage du lancement spatial européen : le lanceur a réussi son deuxième vol commercial le 12 août depuis Kourou, cinq mois après son décollage du 6 mars, marquant ainsi une série de succès pour l’Europe.
Ariane-6 : deuxième vol commercial le 12 août depuis Kourou
Le 12 août, Ariane-6 a effectué avec succès son deuxième vol commercial, le troisième succès consécutif si l’on compte l’envol inaugural de juillet 2024. Ce nouveau tir relance l’activité de l’Europe dans l’espace après une période de quasi-absence opérationnelle.
La fusée est fabriquée par ArianeGroup, une filiale détenue à parts égales par Airbus et Safran, et exploitée par Arianespace. Selon le calendrier initial du programme, trois autres tirs étaient prévus d’ici à la fin de l’année afin d’accélérer le rythme des lancements.
Objectif 2027 : viser 9 à 10 lancements annuels et 32 réservations
L’objectif affiché est d’atteindre une cadence de croisière de neuf à dix lancements annuels à l’horizon 2027, soit environ le double de la capacité maximale d’Ariane-5. Le précédent lanceur européen d’ancienne génération, Ariane-5, a été retiré du service en juillet 2023 après 27 années d’activité, 117 lancements et plus de 80 succès consécutifs.
Les commandes sont déjà substantielles : 32 vols ont été réservés auprès d’Arianespace par des opérateurs de satellites, preuve d’un marché prêt à recourir de nouveau aux capacités européennes.
Pourquoi ce succès est crucial pour l’Europe et son accès souverain à l’espace
Pour l’Europe, la renaissance d’Ariane constitue un soulagement après plusieurs années difficiles. Le programme Ariane a accumulé quatre années de retard, et l’échec fin 2022 du premier vol commercial de la fusée italienne Vega‑C, fabriquée par Avio, avait également réduit les capacités de lancement européennes.
Dans l’intervalle, l’accès souverain à l’espace a été remis en question : le lanceur russe Soyouz, opéré depuis le Centre spatial guyanais de Kourou et utilisé par de nombreux opérateurs, est devenu inopérable pour l’Europe après l’agression contre l’Ukraine en février 2022. Cette situation avait accru la dépendance des opérateurs européens vis‑à‑vis de SpaceX, devenue dominante sur le marché.
Le paysage mondial des lancements en 2024 et la position de l’Europe
Les chiffres de 2024 mettent en lumière le déséquilibre entre puissances spatiales : les États‑Unis ont réalisé 156 lancements, dont 132 avec la Falcon‑9 de SpaceX, soit en moyenne un décollage tous les deux jours. La Chine a comptabilisé 68 vols, la Russie 17 et le Japon 7.
L’Europe n’alignait que trois tirs en 2024 (deux pour Vega et un pour Ariane‑6), se classant alors septième, derrière l’Inde (5) et l’Iran (4). Ce classement traduit une perte de terrain après des décennies durant lesquelles le Vieux Continent était une référence, notamment grâce à Ariane‑5.
Conséquences pratiques et perspectives opérationnelles
Le retour opérationnel d’Ariane‑6 devrait permettre de réduire la dépendance aux acteurs non européens pour le déploiement de satellites civils et commerciaux. Les réservations déjà enregistrées montrent un intérêt commercial pour le lanceur européen.
Restent cependant des défis industriels et organisationnels hérités des retards précédents : maintenir une cadence de production, assurer la fiabilité des vols successifs et coordonner les tirs depuis Kourou afin d’atteindre la fréquence visée pour 2027.
Récapitulatif des événements récents liés aux lancements
- Juillet 2024 : envol inaugural d’Ariane‑6.
- 6 mars 2025 : premier vol commercial d’Ariane‑6 (mentionné comme précédent vol).
- 12 août 2025 : deuxième vol commercial réussi d’Ariane‑6 depuis Kourou.
- Juillet 2023 : retrait d’Ariane‑5 après 27 ans de service.
- Fin 2022 : échec du premier vol commercial de Vega‑C.
Ces dates soulignent la reprise progressive des capacités de lancement européennes et la volonté d’Arianespace et d’ArianeGroup de réaffirmer leur présence sur un marché dominé aujourd’hui par SpaceX.